hommage a Daniel Cohen

Hommage à DANIEL COHEN

Le Cercle Turgot et les anciens de l’Institut de Haute Finance rendent hommage à Daniel Cohen, décédé le 20 août 2023, dont les travaux ont contribué à éclairer l’économie contemporaine. Daniel Cohen (ancien élève et professeur à l’École Normale Supérieure, docteur d’État et agrégé es sciences économiques) est l’auteur de nombreux ouvrages, articles et communications, principalement sur l’économie de la dette souveraine et sur la société post-capitaliste. Son œuvre a été honorée par de nombreux prix dont le Prix spécial du Jury du Prix Turgot en 2009, pour son livre intitulé « La prospérité du vice » (chroniqué ci-dessous et présenté par Jean-Louis Chambon dans le cadre de son émission sur Canal académies consultable en ligne).

Le comité de présélection du Prix Turgot a contribué par ses chroniques dans la presse, à la diffusion de ses principaux ouvrages, qui témoignent de ses exceptionnelles qualités de chercheur et de pédagogue.

         Kathleen Wantz O’Rourke                                                       Jean-Louis Chambon

Présidente de l’AEIHFI et du prix Turgot                             Président-fondateur du Cercle Turgot

Chronique de jean-Louis chambon sur le livre de Daniel COHEN

La prospérité du vice. Une Introduction (inquiète) à l’économie, Albin Michel, 2009, 280 pages.

Daniel Cohen, Professeur à l’École Normale Supérieure de Paris, Vice-Président de l’École d’Économie de Paris, est un éditorialiste et un chroniqueur de talent. Il démontre une nouvelle fois sa culture exceptionnelle au carrefour de plusieurs sciences, l’histoire, l’économie, la philosophie… Son invitation à un voyage à travers l’histoire, démontre son sens aigu de la pédagogie et montre comment l’économie façonne la société.

La guerre et la violence cassent l’expansion démographique, et expriment les vices que Malthus en son temps, a dénoncés mais justifiés parce que les hommes se reproduisant plus vite que leur capacité à se nourrir. L’auteur reconnaît que cette loi invalide les catégories habituelles du bien et du mal et note avec cynisme « que tout ce qui contribue à accroître la mortalité peut se révéler une bonne chose en réduisant la compétition ».

Passant du vice à la vertu et s’éloignant du Marquis de Sade, il souligne que « les hommes, par leur nombre même, multiplient les découvertes, repoussent les frontières du savoir et continuent leur course », ainsi, peut-on penser, clin d’œil à l’histoire récente, que le prochain Mozart sera sans doute chinois puisque 60 millions d’entre eux travaillent intensément la musique.

Un voyage inquiet traversé de questions graves : quels poisons et vices cachés ont anéanti l’Europe ? Le monde qui s’occidentalise pourrait-il répéter les tragédies européennes, en Asie ou ailleurs ? La Chine m’inquiète », précise l’auteur. La planète pourrait-elle éviter un nouveau suicide collectif, écologique cette fois. Où va le capitalisme ? Où entraîne-t-il le monde ?

Le « Cybermonde » aussi meurtrier (rappelons nous le 11 Septembre !) saura-t-il in fine permettre à l’humanité de s’évader dans un effort collectif aussi immense que celui qui fût réalisé lors de la révolution néolithique ou de la révolution industrielle, c’est-à-dire parcourir un chemin inverse en passant de l’idée d’un monde infini à un univers clos.