Lettre du club de lecture du Prix Turgot
Les membres du « club »* ont lu 70 ouvrages économiques publiés entre décembre 2022 et
mars 2023. Ils ont constaté que la France avait été traversée par des mouvements sociaux,
mais également par des courants économiques qui ont principalement porté sur les nouveaux
enjeux géopolitiques, sur les transitions écologique et énergétique, ainsi que sur les nouveaux
modèles économiques et managériaux.
Le bouleversement de la géopolitique mondiale provoqué notamment par la guerre en
Ukraine, constitue le premier thème traité par les économistes et les politologues
francophones : Saint-Etienne analyse les places de l’Europe et de la France dans le nouvel
ordre mondial1 ; Artus et Pastré montrent comment on est passé d’une économie
d’abondance à une économie de rareté ; Baldesci, Cohen et Drut observent les turbulences
affrontées par l’économie mondiale ; Roubini identifie les dix « mégamenaces » pesant sur la
planète ; Miquet-Marty mesure les nouvelles fractures de l’humanité ; d’Agostino et Corpron
s’interrogent sur les délocalisations et les relocalisations industrielles.
Un autre thème très débattu est celui des transitions écologique et énergétique, avec
notamment les ouvrages de Daniel, qui redécouvre les physiocrates de Laurent qui
recherche une « transition juste » , de Piketty qui soutient que la transition écologique
implique une réduction des inégalités.
Le troisième grand thème traité par les économistes porte sur les modèles économiques et
managériaux qui sont de plus en plus jugés inaptes à expliquer les dérèglements des marchés
et de prévoir les crises. Boyer réinterroge l’épistémologie des sciences économiques ; Kartins-Marchay prône un libéralisme humaniste ; Martinet propose de remplacer l’homo oeconomicus par un homo strategicus ; Cour propose de restaurer la « démo-économie » Susskind prévoit un monde sans travail; Cayles entrevoit le déclin et la chute du libéralisme.
Jean-jacques Pluchart
Animateur du club de lecture Turgot
Le titre de cet opuscule évoque plutôt une thèse de doctorat ou une épreuve d’agrégation
qu’un essai critique sur les mutations en cours des sciences économiques. Il faut toute
l’expérience et l’autorité académique du fondateur de la théorie de la régulation pour évaluer
la portée et les limites des multiples courants actuels de la recherche en économie. Sa
réflexion, illustrée de nombreux schémas et restituée dans un style didactique, répond
opportunément aux interrogations partagées par les chercheurs, les enseignants, les experts,
les praticiens (notamment financiers) et les étudiants.
Robert Boyer rappelle que l’économie politique a connu une succession de courants de
recherche – physiocrate, mercantiliste, marxiste, classique, monétariste, évolutionniste,
friedmanien, keynésien, nouveaux classiques…), qui ont proposé des modèles analysant les
effets de différents facteurs sur la stabilité (effets Keynes, Pigou, Mundell, Fisher, Harrod,
Kaldor…). Ces modèles ont présenté des formes axiomatique (comme le modèle de la théorie
générale de Walras et Debreu ou le modèle IS-LM de Hicks), conditionnelle (le modèle
d’asymétrie d’information d’Akerlof) ou historique et empirique (la plupart des modèles
macro-économiques). La multiplication des hypothèses testées dans des contextes et sur des
territoires différents, a entraîné une balkanisation des sciences économiques, qui se sont
fragmentées en sciences expérimentale (Smith), comportementale (Thaler), à
expérimentations… contrôlées (Duflo), des données (Heckman), à agents hétérogènes (Nelson
et Winter), écologique ou institutionnelle (Nordhaus) … Cette fragmentation a été favorisée
par le développement de l’Intelligence Artificielle et des bases de données, dont la
sophistication a spécialisé les fonctions des économistes (chercheurs académiques, experts et
consultants des institutions publiques et des groupes privés). Ils ont exercé des rôles de
conseil et de prescripteurs auprès des décideurs. Les progrès des mathématiques financières
(notamment après la diffusion de l’équation de Black et Scholes) ont favorisé l’expansion du
capitalisme financier et la hiérarchisation des enseignants-chercheurs.
Mais ces approches purement quantitatives des phénomènes économiques et sociaux, n’ont
pas permis de prévenir et de mesurer les effets des crises de 2008 (subprimes) , 2010 (Grèce),
2020 (endettement dû à la pandémie) et 2021 (énergie). Cette « incertitude radicale »
attachée à ces « cygnes noirs » (Taleb) s’est étendue aux « cygnes verts » (Zizek) pesant sur
le réchauffement climatique. C’est pourquoi Robert Boyer propose une réflexivité des
chercheurs sur leurs pratiques, un « aggiornamento » des théories purement quantitatives et
une transversalisation de la recherche en économie.
Robert Boyer est un économiste français, ex. directeur d’études à l’École des Hautes Etudes en
Sciences Sociales, Auteur de nombreux ouvrages et articles scientifiques, il a été l’un des
principaux théoriciens de l’école de la régulation
L’ouvrage de Jean-Marie Cour ne peut laisser indifférent, car il remet en cause certains
fondamentaux de l’économie du développement appliqués depuis l’après-guerre mondiale,
et notamment, la thèse de René Dumont attribuant à l’aide occidentale le rôle d’assurer en
priorité l’autosuffisance des pays en voie de développement. L’auteur rappelle que la
population mondiale devrait quadrupler et la population urbaine décupler entre 1950 et 2050.
Il s’interroge sur la façon d’assurer la subsistance de 80 millions nouveaux habitants chaque
année sur la planète.
Jean-Marie Cour critique la théorie économique « orthodoxe » qu’il juge désincarnée (réduite
à des modèles), « démostatique » (fondée sur des statistiques), « u-topique » (trop générale)
et « u-chronique » (indifférente à l’histoire). Il lui oppose « l’économie populaire », qui tient
compte des rythmes de peuplement ou de dépeuplement des différentes régions du monde,
ainsi que de la demande de biens et services essentiels. Il soutient que dans les Pays en Voie
de Peuplement (PVP) – qu’il estime au nombre de 90 sur plus de 200 dans le monde – s’opère
une urbanisation galopante (principalement sous forme de « bidonvilles ») et une influence
croissante de l’économie de marché. Après avoir observé que les économies des pays les plus
urbanisés étaient les plus résilientes, il soutient que les aides publiques, notamment de la
Banque Mondiale, doivent être consacrées en priorité à l’aménagement du territoire et au
développement des infrastructures (services publics, voies de circulation, réseaux de
communication…), afin d’attirer les investisseurs locaux et étrangers, ainsi que d’accroitre le
bien-être des populations natives et migrantes. Cette stratégie implique de refonder
l’économie classique du développement et de redéfinir les rôles des organismes
internationaux et nationaux d’aide aux PVP.
L’essai de Jean-Marie Cour (X-Ponts) est richement documenté, au point d’être parfois
foisonnant. Il témoigne de son expérience d’aménageur du territoire.
Dans son dernier livre, Jean-Marc Daniel (prix Turgot 2012) plaide en faveur d’un passage du
keynésianisme au « quesnaysianisme ». L’auteur s’efforce de réhabiliter la théorie
physiocratique inspirée par Cantillon et développée au 18e
siècle par Quesnay, Dupont de
Nemours et Turgot. Il en rappelle les principes scientifiques fondés sur le travail, qui doit
« respecter l’ordre naturel sans impliquer un culte de la nature ni une révérence artificielle
à son égard ». Il qualifie la forme actuelle de ce culte de « pagano-gauchisme ». L’ordre naturel
repose sur le travail de la terre, mais aussi sur le droit à la propriété, la concurrence entre les
producteurs, la libre circulation des richesses (le « laisser faire, laisser passer ») et la neutralité
de la monnaie. Les physiocrates soutiennent que « la force de l’agriculture, c’est qu’elle
convertit le soleil en produits de consommation courante ».
J-M. Daniel analyse le rôle exercé par Turgot en qualité de contrôleur général des finances de
Louis XVI et d’inspirateur d’Adam Smith, puis il retrace les débats qui ont opposé les
économistes les plus illustres sur les principes physiocratiques. Le livre montre que ces
derniers conservent aujourd’hui toute leur validité et constitue une clé aux problèmes
soulevés par le réchauffement climatique et la pollution de la nature. Comme les physiocrates,
il affiche sa préférence pour les « passifs-matérialistes », défenseurs de l’économie de
marché, contre les « actifs-idéalistes », partisans d’une décroissance malthusienne ou d’un
Etat keynésien portant atteinte à la concurrence et à la propriété. L’auteur rappelle les
propositions en faveur d’une écologie libérale formulées par Christian Gollier (prix Turgot
2019) et appelle à un « renouveau physiocratique ».
J-M.Daniel, professeur émérite à l’ESCP BS, témoigne à nouveau dans ce livre de sa vaste
culture historique et contemporaine, ainsi que de sa maitrise d’un style à la fois vivant et
pédagogique.
L’auteur s’efforce de trouver une « 3e voie » entre le friedmanisme de l’Ecole autrichienne
et le keynésianisme de l’Ecole de Cambridge, entre l’Etat régulateur et l’Etat-providence. Il
trouve, sans surprise, le « libéralisme humaniste », c’est-à-dire l’ordo-libéralisme qui
« réconcilie, liberté, efficacité, éthique et dignité », et concilie croissance économique et
respect de la nature. Il attend l’avènement d’un « Etat impartial » qui « accompagne, régule
et incite » et qui dispose des « moyens institutionnels et éthiques d’une société libre ».
Cependant, l’ordolibéralisme de l’Ecole de Fribourg date de l’Allemagne des années 1930 ; il
prône une concurrence entre des PME locales et non entre des grands groupes actifs sur le
marché mondial. En renforçant les fonctions régaliennes de l’Etat-régulateur, le libéralisme
humaniste et écologique ne risque-t-il pas de limiter la concurrence, de peser sur la
compétitivité des entreprises, de fiscaliser les échanges et de décourager la consommation ?
La lecture du livre a le mérite de nous convaincre que nous sommes déjà bien engagés dans
la « 3 e voie ».
Alexis Kartins-Marchay est professeur à l’ESCP BS et associé du cabinet de conseil Eight advisory
L’auteur plaide en faveur d’une « révision radicale » du modèle économique actuel perçu
comme une discipline intellectuelle régie par la recherche d’efficacité et un système rigide
d’organisation de la société. Il estime déraisonnable de « dissocier l’humanité de la nature »
et « l’économie de la biosphère ». Il préconise un meilleur « croisement de l ‘économique, du
social et de la nature ». Afin de jeter les bases d’une « transition juste », il rappelle d’abord
le cadre de la biosphère, le mode de fonctionnement de l’économie actuelle et les principes
de la théorie de la justice. Il prône ensuite une approche fondée sur le développement
inclusif, l’économie verte et la social-écologie. Il trace la « frontière éthique » répondant aux
principes d’une « justice environnementale » héritée d’approches chrétienne, marxiste,
philosophique et juridique. Il propose un ensemble de six politiques de « transition juste »
couvrant « une transition vers la préservation du monde vivant, une transition vers une
économie sobre et essentielle, une transition vers la fin des énergies fossiles et un climat
stable, une transition vers la coopération et le bien -être, une transition vers « la pleine santé »
et une transition vers « des villes vivables » . Sur chacun de ces plans, l’auteur propose des
mesures concrètes à prendre par les niveaux international, national et local.
L’ouvrage se présente comme un manuel solidement structuré et documenté, dont les thèses
sont dans l’ensemble convaincantes mais inégalement applicables.
Eloi Laurent est un enseignant chercheur à l’OFCE/sciences po Paris et à Ponts Paris tech
Dans son dernier livre, le professeur Alain-Charles Martinet, qui est une des grandes figures
du management stratégique des entreprises depuis quarante ans, ne dresse pas qu’un état de
l’art sur sa discipline ou qu’un diagnostic des pratiques managériales, il livre surtout sa
réflexion, à la fois profonde et érudite, sur les mutations des institutions, des organisations et
de la société (principalement françaises). Il s’efforce désespérément de trouver un sens à
l’évolution de la pensée stratégique depuis un demi-siècle. Il constate que la financiarisation
et la « marchéisation » des activités des entreprises – mais aussi de l’Etat, des collectivités
territoriales et des associations – ont conduit rapidement à l’effacement de la réflexion
stratégique et du capitalisme managérial, au profit de l’économie numérique et d’un
« capitalisme liquide ». Depuis les années 1980 – et malgré les crises financière de 2008 et
pandémique de 2020 – , l’homo strategicus et l’Etat providence issu de la théorie
keynésienne, n’ont pu éviter le retour de l’homo oeconomicus en quête d’utilité immédiate
et inspiré par la doctrine libérale d’Hayek et de Friedman. Cette dernière, conjuguée à
l’heuristique de la « destruction créatrice » de Schumpeter, conduit à exposer l’entreprise,
l’Etat et la société civile, à de plus en plus de risques environnementaux et sociaux. Ces risques
revêtent des formes de délitement social, de désaffection du politique et de comportements
opportunistes de la part de nombreux acteurs sociaux. Les avancées des théories et des
pratiques en faveur du développement durable et de la responsabilité sociale de l’entreprise,
sont encore insuffisantes pour restaurer un management plus éthique et plus humain, face
à une gestion encore systématisée, financiarisée et spéculative. L’auteur rappelle
opportunément que cette propension strictement quantitativiste a également gagné le
monde des chercheurs en économie et en management, depuis la réunion de l’Académie du
Management à Pittsburgh en 1978.
En bon disciple de François Perroux, Alain-Charles Martinet esquisse une nouvelle figure de
l’homo oeconomicus, avance des concepts-repères et propose une épistémologie
pragmatique adaptée à une nouvelle réflexion stratégique. Cette figure doit privilégier le long
terme, développer ses capacités à maîtriser la complexité des structures et des situations,
ainsi que renforcer son aptitude à rééquilibrer les relations entre l’entreprise, l’Etat et la
planète.
L’ouvrage atteste de la pertinence des nombreux travaux de recherche d’Alain-Charles
Martinet et de ceux de ses meilleurs élèves. Il témoigne également de la vaste culture de son
auteur et de la virtuosité de son style.
Professeur émérite à l’Université Jean- Moulin de Lyon, Alain Charles Martinet a été Professeur
invité aux universités de Genève et Lugano. Il a été cofondateur et directeur de l’UMR Euristik
(CNRS-Lyon 3). Il a présidé l’Association Internationale de Management Stratégique et la
Société Française de Management.
Le nouvel essai de Christian Saint-Etienne est consacré au nouvel ordre qui s’installe sur fond
de conflit sino-américain pour la domination mondiale. L’Europe et la France « pataugent »,
tandis que l’Allemagne tente de confirmer sa position dominante en Europe et que la Russie
vient de choisir de rompre avec tous ses engagements et son statut de membre du conseil de
Sécurité des Nations Unies, en déclarant une guerre- dont elle n’ assume pas le nom – à un
Etat souverain. Les principaux conflits économiques et stratégiques sont désormais «ordonnés
par la rivalité entre la Chine et les Etats-Unis ». Ces deux « puissances déterminées » qui
s’imposent dans la «révolution iconomique », relèguent de facto en deuxième division, des
acteurs déclinants comme l’Union Européenne , l’Inde, la Russie et la France .
L’auteur s’interroge sur le point de savoir si ce nouveau, combat frontal, commercial
numérique , voire idéologique entre le démocrate Biden et le « nouvel empereur XI , est
inévitable ? La nouvelle « marche en avant » de la Chine moderne et la prise de conscience
des limites du rêve Américain, permettront – elles d’avancer vers un ordre mondial pacifié ?
L’auteur veut y croire tout en étant particulièrement lucide sur la voie de passage étroite entre
le « piège de Thucydide »-: « une puissance dominante entre en guerre contre une puissance
émergente, par peur de sa montée en puissance » – et celui de « Kindleberger » – « la
puissance dominante n’a plus les moyens économiques et financiers de stabiliser l’économie
mondiale , tandis que celle, montante , ne veut pas exercer le leadership ». Il reste que « dans
le cadre de ce duopole conflictuel sino-américain, tous les conflits de la planète sont
instrumentalisés pour faire avancer les intérêts de l’un ou l’autre des deux géants » .
Mais cette analyse géostratégique mondiale porte aussi sur la position de la France dans le
monde : « encore 4éme puissance mondiale en 1999, l’effondrement relatif du pays s’est
accéléré., 7
éme en 2023 et en chute vers la 10 e ou 12 e place, « gavée de déficits , une insécurité
dans les grandes villes parmi les derniers rangs internationaux et une Ville Lumière qui s‘
acharne à devenir la Ville Poubelle… » .
Le basculement du leadership européen de la France à l’Allemagne s’est traduit par
l’affaiblissement de la France. Dans ce nouvel ordre mondial, la France joue son existence de
puissance stratégique significative. En « libéral modéré », l ‘auteur reste convaincu que le défi
peut être relevé. Mais « Il ne faut pas tout attendre d’un homme ou d’une femme
providentiel(le). C’est tout le mérite de cet ouvrage stimulant de montrer qu’une voie existe
et qu’un programme peut être mis en œuvre pour rebondir, si les français en comprennent
l’urgence et le veulent vraiment, avec trois priorités : réindustrialiser, reconstruire l’ école et
réarmer. Cet essai, d’une rare densité apporte des éléments de réponses argumentées aux
grandes questions géostratégiques actuelles.
Christian Saint-Etienne, titulaire de la chaire d’économie industrielle au Conservatoire des Arts et
Métiers, a travaillé au FMI et à l’OCDE. Il est l ‘auteur de nombreux essais dont « l’incohérence
française » et «état d’urgence ».
Y-aura-t-il du travail pour tout le monde dans les prochaines années ? L’auteur relate les
craintes perpétuelles qui hantent l’esprit humain, dès lors qu’une avancée technologique
apparaît. On évoque souvent la réaction du mouvement des luddites anglais au 19ème siècle,
qui brisèrent les machines à tisser : elles venaient retirer leur travail aux salariés du secteur
du tissage. Pourtant, les avancées technologiques ont toujours créé des activités innovantes
nécessitant des compétences nouvelles. Les postes de travail supprimés ont été remplacés
par d’autres. L’auteur consacre une large part de son livre à étudier les conséquences de
l’irruption de l’intelligence artificielle (IA) dans le monde du travail. Faut-il en avoir peur ou
considérer que la société saura s’adapter dans ce nouveau contexte ? D’où la crainte de voir
l’IA, et ses applications, engloutir de nombreux emplois et conduire à un « chômage
technologique ».
Pour en revenir à l’actualité, on pourrait retranscrire la réflexion suivante du journaliste
Alexandre Piquard (Le Monde du 17/02/2023) : « En poussant plus, on pourrait même prédire
que le buzz renouvelé autour de ChatGPT et l’intelligence artificielle retombera». Voilà qui
permet de prendre un peu de recul sur l’IA.
S’il y a moins de travail, les Etats devront mettre en place un « revenu de base inconditionnel »
(RBI). Nous allons nous trouver alors dans un autre monde. Difficile d’imaginer des femmes et
des hommes réduits à l’inactivité, soutenus par cette allocation de redistribution de la
richesse. Comme l’écrit l’auteur « comment donner un sens à sa vie quand une source majeure
de sens disparaît ? ». A lire cette partie du livre, on a du mal à se projeter dans cette situation.
On peut également objecter les réflexions suivantes : actuellement, malgré les avancées
technologiques, beaucoup de pays développés voient le chômage diminuer. De plus, les
entreprises ont du mal à recruter du personnel, ce qui semble paradoxal par rapport aux
thèses développées par l’auteur.
Daniel Susskind, ancien conseiller au cabinet du Premier ministre britannique, enseigne à
l’université d’Oxford