Chroniques du club de présélection du prix Turgo
1er janvier- 31 décembre 2021
Les 17 membres[1] du club de présélection du prix Turgot du meilleur livre d’économie financière ont identifié 221 ouvrages francophones d’économie[2] publiés entre le 1er janvier et le 1er novembre 2021. Ils ont rédigé 70 chroniques (ci jointes) sur les livres les plus originaux et les mieux documentés. Ces chroniques ont été régulièrement publiées dans 10 revues et sites universitaires et professionnels[3].
Les parutions de l’année 2021 marquent un tournant – plus tendanciel qu’historique – dans la production éditoriale francophone consacrée à l’économie. Cette dernière s’est globalement intensifiée et a été dominée par des réflexions sur l’évolution des systèmes économiques – notamment du capitalisme mondial et du « modèle français » – avec un tiers des titres publiés. La transformation des modèles de management des entreprises et des administrations a mobilisé un quart des publications. Le développement durable et la responsabilité sociale et environnementale ont été traités dans un quart des ouvrages. Les autres livres ont principalement porté sur l’innovation technologique – notamment la gestion des données et l’intelligence artificielle – ainsi que sur la régulation monétaire et financière.
Dans chacun de ces domaines, les auteurs ont plutôt analysé les causes, les modalités et les effets de la crise pandémique, qu’avancé des propositions concrètes et innovantes en faveur de la relance de l’économie et du développement du bien commun. Certaines thématiques ont suscité de vifs débats entre leaders d’opinion et experts économiques : la soutenabilité des dettes publiques et privées, la relance de la consommation, la relocalisation de la production, la lutte contre le chômage, la responsabilité sociétale des entreprises…
En vous souhaitant de bonnes lectures.
[1] Anciens élèves de l’Institut de Haute Finance : jean-louis.chambon@wanadoo.fr ; alain.brunet@thalesgroup.com; christian.chouffier@gmail.com; philippe.alezard@hotmail.fr; halcaraz40@gmail.com; llemenn@orange.fr; gabet.michel@wanadoo.fr; llemenn@orange.fr; kathleen.wantz-orourke@sfr.fr; r.borsato@wanadoo.fr; patrick.magne@wanadoo.fr; dmolho@dmeperformance.com; dch@tresorisk.com; jeanjacques.pluchart@gmail.com, fgodet@aol.com; andrea.burgio@devinci.f; xavier.radenac@wanadoo.fr
[2] Hors traductions, rééditions, ouvrages de recherche, manuels universitaires et rapports scientifiques ou professionnels.
[3] Les chroniques publiées par le club Turgot de 2017 à 2020 sont consultables sur le site IHFI-TURGOT. Les chroniques antérieures sont réunies dans le livre de J-L. Chambon et J-J.Pluchart , La pensée économique française, Eds Vuibert, 2017.
Ce livre invite le lecteur à repenser l’histoire et les énigmes de la croissance à travers les prisme de la destruction créatrice et à remettre en cause n ombre d’idées reçues.
Pourquoi les révolutions technologiques et l’automatisation créent plus d’emplois qu’elles n’en détruisent. Pourquoi concurrence et politique industrielle ne sont pas antinomiques. Pourquoi l’impôt n’est pas le seul moyen de rendre la croissance plus juste. Pourquoi la croissance n’est pas correctement mesurée. Pourquoi la stagnation séculaire n’est pas une fatalité. Pourquoi l’industrialisation n’est pas une étape indispensable dans le processus de développement. Pourquoi la taxe carbone n’est pas l’unique levier d’une croissance plus verte. Pourquoi avec les politiques publiques appropriées, la destruction créatrice ne nuit pas à la santé et au bonheur. Pourquoi l’innovation a besoin du marché, de l’Etat, mais également d’une intervention active de la société civile.
Les auteurs ont utilisé comme matériau les cours de Ph Aghion dispensés pendant cinq ans au Collège de France pour répondre à une question centrale. Face à la montée des inégalités, à la précarisation du travail, à la détérioration de l’environnement, faut-il changer radicalement le système économique et abolir le capitalisme ? La thèse de ce livre est que plutôt que dépasser le capitalisme, il vaut mieux le réguler d’avantage et mieux. L’idée est d’utiliser les ressorts de ce pouvoir de création de croissance dans une direction que l’on souhaite, c’est-à-dire qui réponde aux questions mentionnées plus haut.
Cet ouvrage est une invitation au voyage à travers l’histoire économique au prisme de la destruction créatrice en vue d’extrapoler quelques enseignements pour les années à venir.
Le pouvoir de la destruction créatrice est à la fois une exploration des ressorts de la prospérité économique et un guide pour penser l’avenir du capitalisme. Or, ainsi que l’a mentionné JJ Pluchart, la force du capitalisme est de savoir se renouveler et se reproduire mais qu’ en même temps il génère du risque et des bouleversements qu’il faut savoir réguler et orienter.
Il est intéressant de noter que ce livre ainsi que ceux récents de JH Lorenzi et de P Artus, abordent tous l’idée d’un capitalisme actuellement à bout de souffle. Dans un cas, on montre qu’il est orientable par la régulation comme toujours historiquement, dans un autre cas, qu’à la régulation il faut ajouter une évolution des mécanismes distributifs et de répartition de la valeur, dans le dernier cas qu’il est urgent de corriger très vite les dysfonctionnements les plus criants.
Même analyse, recommandations proposées dans des horizons de temps différents. Au fond les résultats sont peut être complémentaires. La mise en œuvre de ces plans nécessitera beaucoup de doigté et de talent politiques !
« Ce livre est d’abord d‘utilité publique. En soulevant le voile de la complexité qui obscurcit trop souvent les questions monétaires, les auteurs permettent aux citoyens de se les approprier » (Benoit Coeure).
La monnaie traditionnelle est elle vouée à disparaître ? Cette question n’est pas absolument triviale tant les réflexions, les expérimentations sont nombreuses menées dans les cercles les plus autorisés comme les Banques centrales, universitaires et spécialistes en moyens de paiement. Et il est intéressant de voir que deux économistes de « tendance » parfois divergentes sur les questions monétaires mais proches intellectuellement ont pu trouver un terrain d’entente.
Dans une première partie, Michel Aglietta nous rappelle sa pensée identifiant la monnaie à bien autre chose qu’un voile sur l’économie. II y va du lien social, de la confiance en un pays, en ses institutions, en ses dirigeants et en ses citoyens. Aussi, la monnaie n’est pas un concept ni un instrument comme un autre. Ceci étant posé, Natacha VALLA, fort de son expérience de dirigeante de la BCE, nous présente les innovations en matière de paiements plus qu’en matière monétaire ; on ne trouvera donc pas d’explication sur l’assouplissement quantitatif !
Le terrain d’étude est celui de la diversification des moyens de paiement avec les applications en ligne, sur internet et sur le mobile, l’apparition de monnaies digitales, commerciales et de Banque centrale et leurs implications économiques, la différence entre monnaie digitale et monnaie électronique….
L’ouvrage abonde de leçons sur la « plomberie » des systèmes de paiement où se nouent l’interaction complexe entre la monnaie de la Banque centrale et la monnaie créée par les banques commerciales.
Les innovations présentées (paiements mobiles, crytpomonnaies, cryptomonnaies stables, etc.) donnent le tournis et les auteurs, dans leur effort de pédagogie ont à cœur de bien différencier, avec de nombreux exemples fort documentés, ce qui relève de l’innovation monétaire et de l’innovation technologique.
Les auteurs sont modérément optimistes sur ces offres et produits et le rédacteur de la préface insiste sur l’absolu nécessité de laisser organiser ce marché par les Banques centrales assurant seules la liquidité des moyens de paiement et la finalité des transactions.qui sont des conditions essentielles de la confiance dans la monnaie.
Ce livre veut démontrer que la monnaie est un bien public et que l’accès à la monnaie est une dimension fondamentale de la dignité humaine. A ce titre la monnaie joue un rôle important tant pour les équilibres géopolitiques que pour le verdissement de la finance et la transition écologique.
D.CHESNEAU
Absolu A., Les disparus du Joola, Editions JC Lattes, 250 pages
« A l’annonce du naufrage, les gens disaient : ce n’est pas possible, le Joola ne peut pas sombrer en pleine mer, nous avons tous déjà pris le Joola et il est toujours arrivé à destination, un ferry construit pas les Allemands ne coule pas à 30 kilomètres des côtes, les gens disaient, vous vous trompez… » Le Joola, un transbordeur, d’une capacité de transport de 544 personnes et 550 tonnes de charge, assure depuis le 14 décembre 1990 la liaison entre Ziguinchor en Casamance, au Sud du Sénégal et Dakar, la capitale. Dans la nuit du 26 au 27 septembre 2002, le Joola coule au large de la Gambie faisant officiellement 1863 victimes. Seules 64 personnes échapperont au naufrage qui laissera aussi 2000 orphelins. Dix-huit années après les faits, Adrien Absolu nous fait revivre ce tragique évènement et « essaie de nous raconter » une histoire vraie, semblable à la légende germanique du « joueur de flûte de Hamelin qui conduisit ses enfants à la rivière pour les y perdre». L’auteur s’appuie principalement sur ces nombreux voyages en Casamance à partir de 2013, sur des entretiens avec les rares rescapés, avec des proches des disparus au Sénégal ou en France dont celle de Dominique, 20 ans, du Morvan, sur un important travail d’investigation. Il décrit successivement la vie du Joola depuis sa naissance en 1990, la catastrophe du 26 septembre 2002, le temps des questions et de la mémoire. Cette histoire bouleversante est remarquablement développée et éclairée par la capacité de l’auteur à la resituer dans le cadre du Sénégal : ici particulièrement la Casamance, sa forte identité, son histoire, sa géographie et ses paysages, ses habitants, les diolas, sa vie économique, le grenier du Sénégal, sa culture, ses liens avec ses voisins, la Guinée et la Gambie sans oublier avec Dakar. Ce livre, au-delà du fil rouge de la tragédie, de sa compréhension, du travail riche de mémoire, intéressera ceux qui ont une sensibilité sur l’Afrique ou ceux qui souhaitent l’appréhender. Adrien Absolu, IEP Strasbourg, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne est écrivain, journaliste, reporter, chef de projet et chargé de mission agro à l’Agence Française de Développement (AFD). Son premier livre « Les Forêts du Crépuscule », publié en 2016, porte sur l’épidémie EBOLA en Guinée. Il relate la réalité de la situation en 2014 après sa découverte fin 2013. Il avait été sélectionné pour le prix Albert Londres du livre.
- LE MENN
Le capitalisme libéral, dont las nature a beaucoup évalué depuis un siècle et particulièrement depuis 1980-ainsi que l’a étudié Jean Jacques Pluchart dans un ouvrage récent- est en sursis. Il se révèle inefficace en créant de moins en moins de croissance.
Nous sommes ici dans l’air du temps de la stagnation séculaire. Les auteurs, néanmoins ne s’arrêtent pas là : le capitalisme ne stagnera pas, il mourra si des mesures macro et micro économiques structurelles ne sont pas prises.
Travail dévalué par le profit, privilège de l’actionnaire au détriment et en dépit des bonnes paroles des parties prenantes, etc….telles sont les causes principales des instabilités actuelles dont les conséquences peuvent être cruelles. Les derniers feux du capitalisme, selon les auteurs, sont entretenus par l’endettement, sous toutes ses formes, privé et public et la création monétaire. Bref, la sortie des politiques accommodantes pourrait être périlleuse faute de correction ferme qui passe par quatre groupes de mesures :
- Nouvelles gouvernance et philosophie d’économie politique
- Réduction des inégalités patrimoniales par distribution de capital (mais pas 100ù) de toutes les entreprises à leurs salariés
- Alignement de l’intérêt général et des intérêts particuliers
- Respect de règles strictes en matière de concurrence
Il semble aux auteurs qu’un nouvel esprit du capitalisme pourrait émerger en Europe avec un « ordolibéralisme », autre nom d’économie sociale de marché qui influence encore fortement les économies allemandes et scandinaves et pourrait inspirer la définition d’un nouvel esprit économique européen.
Croissance économique et réduction des déficits et des déséquilibres ne se comprendront qu’avec une association forte des parties prenantes publiques et privées. La flexi- sécurité n’est pas l’oméga de l’ordolibéralisme mais il doit en être une composante impérative.
Ces recommandations semblent datées car lues et appliquées voici quelques décennies, mais abandonnées depuis quelques temps.
« Dernière chance du capitalisme » ou transition obligée vers un autre monde ? Dominique CHESNEAU
La finance verte connait un essor considérable depuis la COP 21 et l’Accord de Paris. Elle est présente dans les débats européens actuels, elle fera partie des principaux thèmes de la prochaine élection présidentielle.
A entendre certains débateurs, nous en serions aux balbutiements, pour d’autres, la réflexion n’a pas commencé, pour les derniers enfin, l’ennemi reste la finance ! La réalité, à rebours de ces propos est foisonnante et parfois bien technique. Aussi est il fort utile de lire un ouvrage qui regroupe par thèmes détaillés les informations, initiatives, règlementations existantes et en cours d’examen avec leurs avantages et limites. L’ouvrage n’est pas nécessairement accessible à un béotien de la finance, mais il ne faut pas non plus être un grand prêtre pour comprendre.
On indiquera les titres de parties : « pourquoi et comment verdir la finance », « des millions aux trillards pour la transisiton écologique », « une mobilisation croissante du secteur financier », « l’Europe maintient son rang de pionnier », « la boite à outil de la finance verte », « Banque verte ou monnaie verte ? », « Crise sanitaire et crise climatique : quelles implications pour la finance verte et durable ». Les auteurs sont des régulateurs et économistes convaincus sans être idéologues, impliqués quotidiennement dans la mise en œuvre de ces programmes ce qui crédibilise leur discours. L’ambition de ce livre est de devenir un ouvrage de référence-et il l’est-pour ceux qui doivent intégrer professionnellement – les autres ne sont pas exclus ! »- les enjeux du développement durable en mettant en évidence, les questions méthodologiques, théoriques et les enjeux de données qui mobilisent aujourd’hui les chercheurs, les pouvoirs publics, les régulateurs, les superviseurs et les acteurs privés sous l’œil des ONG et de la société civile dans son ensemble.
Dominique CHESNEAU
L’évaluation des entreprises constitue une des problématiques majeures de l’économie « post-covid ». La chute de la rentabilité, l’envolée de l’endettement et la dématérialisation accélérée des processus des PME françaises, entraîneront les refinancements, les regroupements ou les faillites de nombreuses d’entre elles. Ces opérations donneront lieu à des évaluations de leurs actifs et passifs, qui s’avèreront d’autant plus fréquentes et difficiles que les PME non rentables (dites « zombies ») représentaient déjà plus de 15 % de l’ensemble des entreprises françaises avant la crise. Or, les méthodes conventionnelles sont de moins en moins adaptées à des entreprises confrontées à des environnements « volatiles, incertains, complexes et ambigus » (syndrome VUCA).
Les analystes s’efforcent d’engager des processus d’évaluation à la fois multi-méthodes, itératifs et dynamiques de valorisation. Ils font notamment appel à des notations (scorings) des compétences des entrepreneurs et des managers, des capacités dynamiques des équipes, de la soutenabilité des modèles d’affaires, de la conformité des procédures, de l’agilité des systèmes d’information et de l’acceptabilité des externalités sociales, sociétales et environnementales des activités productives. Afin de concilier ces paramètres, l’évaluation s’inscrit dans un processus d’apprentissage par des simulations, des combinaisons et des négociations collectives visant à transformer une valeur stratégique en prix négocié. Ce processus est parfois organisé suivant un graphe MPM (Méthode des Potentiels Méta) qui tend à réduire l’asymétrie d’information entre les parties prenantes actuelles et futures de l’entreprise évaluée. Parmi les nouvelles méthodes, celle de la Reference Value est basée sur le modèle DCF avec des cash flowsinflatés à un taux de croissance moyen du secteur, corrigé par un rating IR (qualité des actifs immatériels) et un rating SR (soutenabilité des avantages stratégiques). Le rating IR évalue 4 actifs pondérés (humain, savoir, marque, clients). Le taux d’actualisation retenu est établi à partir des ratings IR, FR (résultat financier), ER (contexte économique) et DR (transparence des données).
Les auteurs sont experts financiers, avocats d’affaires et formateurs.
J-J.PLUCHART
Le titre est clair, le contenu ne laisse aucune ambiguïté : il s’agit d’un essai qui entre en guerre totale contre ces évangélistes « verts » qui constituent autant de mouvements prétendant défendre une cause soucieuse du bien commun alors qu’ils ne font que répondre à une « soif bourgeoise de pureté [qui] n’est ni étonnante ni malveillante quand on réalise que la protection de l’environnement est un produit de luxe ».
L’auteur sait de quoi il retourne puisqu’il est originaire des Comores, une région où la mortalité est cinquante fois plus importante qu’en Europe occidentale. Il n’empêche, la fable rousseauiste du bon sauvage et le mythe du paradis perdu sont prégnants dans nos sociétés post-industrielles.
Les attaques des écologistes contre la modernité sont radicales, protéiformes mais ne peuvent masquer leurs passions anticapitalistes. Elles sont génératrices de débats anxiogènes destinés à discréditer toute tentative de rationaliser le débat : « Celui qui croit à une croissance économique infinie dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste. » Cette sorte de point de Godwin généralisé peut nous entrainer vers un autoritarisme politique fait de décroissance et de militarisation des sociétés. La convocation de l’individu pour une Convention dite citoyenne n’infléchit pas cette tendance : « l’accusation de surproduction est omniprésente tandis que sont ignorées les technologies indispensables contre le changement climatique. Le mot nucléaire n’apparaît qu’une fois dans un rapport de 460 pages ». En bref, que l’écologie serait vertueuse sans les antimodernes !
Ferghane Azihari, Journaliste et analyste en politiques publiques est chargé d’études pour l’Institut de recherches économiques et fiscales (Iref) et délégué général de l’Académie libre des sciences humaines (ALSH).
ALAIN BRUNET
Ferghane Azihari est le fils d’émigrés comoriens dont les parents « n’ont pas seulement fui la pauvreté matérielle.Ils ont aussi échappé à une pollution qui tue six à cinquante fois plus en Afrique subsaharienne qu’en Europe occidentale ». Dès l’introduction, le ton est donné de cette critique passionnante de l’écologie actuelle dans nos pays. Il démonte un à un les arguments déclinistes, malthusiens, et anticapitalistes de ces mouvements qui bien au chaud et à l’abri rêvent de redevenir des bons sauvages. Il démontre que loin de ravager la planète, le progrès technique auquel s’opposent les Greta Thunberg, Nicolas Hulot et consorts a permis d’améliorer grandement la condition humaine, y compris dans les pays les plus pauvres. Les chasseurs cueilleurs dans un monde rêvé ont en réalité plus détruit par leur surexploitation des ressources que l’agriculture a permis de réduire… Les progrès techniques et la révolution industrielle a permis petit à petit la réduction des pollutions dans les pays évolués ainsi que la réduction du temps de travail. La vraie solution est donc de croire en le progrès technique, associé à la propriété individuelle qui permet la protection des richesses par opposition à une propriété collective ou nul n’y a intérêt comme le montre l’état de la ZAD de Notre-Dame des Landes. L’écologie régressive est un luxe de pays riches, vat on imposer aux pays émergents au mieux de rester à leur niveau économique voir au pire de régresser ? L’auteur montre aussi que les écologistes profondes sont pour la plupart des anticapitalistes reconvertis après la perte de leur clientèle suite au progrès technique et social et que cela éclaire leur haine de la propriété et du progrès.
Un ouvrage à contre-courant et finalement bienfaisant à l’heure ou les prophètes de malheur on presque seuls droits à la parole.
Ferghane Azihari est analyste en politiques publiques, délégué géneral de l’académie libre des sciences humaines et membre de la Société d’économie politique.
CHRISTIAN CHOUFFIER
Michel Barnier relate les multiples péripéties des négociations entre les anglais et l’Union européenne à 27 pour organiser le Brexit puis les nouvelles relations entre le Royaume Uni et l’Union européenne. Chargé en 2016 de mener les pourparlers entre les multiples parties prenantes de cette rupture historique (chefs d’Etat, gouvernements, parlements, Commission européenne, lobbies, médias…), Michel Barnier et son équipe sont confrontés à l’incompréhension – et parfois même la sidération – des européens continentaux et des britanniques partisans du remain, après le référendum du 23 juin 2016. L’auteur s’interroge tout au log du livre sur les raisons qui ont motivé la volonté de la majorité des anglais à se séparer de l’Union et à promouvoir une illusoire Global britain. Michel Barnier doit résoudre une multitude de problèmes liés aux droits des expatriés anglais en Europe et des européens en Angleterre, au respect des engagements anglais antérieurs au référendum, à la frontière entre les deux Irlande (le backstop), aux zones de pêches, à l’imbroglio chypriote… Grâce à la détermination de son équipe, il parvient à surmonter les blocages de la négociation et à déjouer les tentatives de déstabilisation exercés par les négociateurs anglais successifs. Il effectue des navettes incessantes entre les représentants des institutions européennes et britanniques. Il doit faire preuve en permanence du talent du négociateur et du génie du stratège.
L’ouvrage se présente comme un témoignage restituant fidèlement les espoirs et les déceptions, les mouvements d’euphorie et de découragement des multiples acteurs d’un événement historique.
JJ PLUCHART
Les auteurs soulèvent la thèse selon laquelle le monde d’après-covid ne sera plus régi par un libéralisme néo-keynésien fondé sur une finance bancaire régulée, mais par un « libertarianisme autoritaire » dominé sur la« finance de l’ombre » (ou shadowbanking). Ils développent un raisonnement à la lois rigoureux et documenté, afin de démontrer que le Brexit a été moins provoqué par un rejet de « l’asphyxie bruxelloise » par le peuple anglais, que par l’activisme d’un mouvement pro-leave fomenté par les investisseurs de la finance de l’ombre (hedgefunds, capital-investisseurs, gestionnaires d’actifs, traders quantitatifs…), opposés à la « surrèglementation » européenne des marchés financiers.
Ces fonds ont soutenu de puissants think tanks, lobbies et influenceurs d’opinion (comme Atlas Network et Cambridge Analytica), Leur ambition serait de transformer le Royaume Uni en « place offshore globale » ou « Singapour-on-Tamise », ouverte sur le Commonwealth, les Etats Unis et l’Asie- Pacifique. Ils rejettent le keynésianisme et le consensus de Washington. Ils se réclament d’un « capitalisme tardif »théorisé en 2014 par Bellringer et Michie, qui ont radicalisé les pensées de Friedrich Hayek et de Milton Friedman. Ils prônent des gouvernances oligarchique de l’Etat et actionnariale de l’entreprise. Ils soutiennent une « privatisation de la nature », estimant qu’un marché socialement responsable est plus à même que l’Etat de protéger l’environnement. Les auteurs considèrent que cette nouvelle forme de capitalisme – observée dans un nombre croissant de pays sur tous les continents – ne peut longtemps s’imposer en raison de son caractère conflictuel et rétrograde.
Marlène Benquet et Théo Bourgeron (sociologues) sont enseignants-chercheurs dans les Universités de Nanterre et d’Edimbourg.
J-J.PLUCHART
Les carnets d’ambassade de Sylvie Bermann relatent la perception du Brexit par une des plus éminentes diplomates françaises, première femme en poste à Pékin, à Londres et à Moscou. Ses missions successives lui ont permis d’être à la fois une actrice et une observatrice privilégiée d’événements historiques : l’avènement de XI Jinping, le rapprochement sino-russe, le « pari du Global Britain au risque du Little England »… Elle raconte dans un style très « british », la « nuit sans sommeil » du referendum sur le Brexit (23-24 juin 2016). Elle décrit la stupeur des britanniques à la nouvelle totalement imprévue du vote de défiance contre l’Union européenne. Elle souligne les erreurs de David Cameron, les maladresses de Theresa May et les « mensonges » de Boris Johnson. Elle dénonce les réflexes xénophobes des anglo-saxons au lendemain du vote et le « chaos politique » qui a suivi, pendant trois ans et demi, afin de négocier la rupture avec le Vieux continent. Elle montre que le Brexit a divisé autant les anglais que l’affaires Dreyfus avait séparé les français. Elle doute des chances du Global Britain de relancer son économe. Elle avoue ne pas comprendre l’attraction des britanniques pour un si « splendide isolement ». Elle montre l’attachement des anglais à la famille royale, qui a pour contrepartie son exceptionnelle exposition médiatique. Forte de son expérience internationale, elle perçoit dans le Brexit le symptôme prémonitoire d’une profonde crise des démocraties représentatives. Elle se livre enfin à un magistral exercice d’anticipation des rapports entre les quatre principales puissances mondiales : les Etats-Unis, la Chine, la Russie et l’Union européenne.
Sylvie Bermann met son style à la fois vif et élégant au service de sa vaste culture et de son sens psychologique aigu.
J-J.PLUCHART
Sylvie BERMANN, présidente du conseil d’administration de l’Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale (IHEDN) a eu une carrière diplomatique particulièrement exceptionnelle : en poste à Hong Kong, pékin, Moscou puis à l’ONU et à Bruxelles elle a été ambassadeur de France en Chine, au Royaume-Uni et à Moscou. Ses missions lui ont permis de vivre au plus près l’évolution du monde et notamment du brexit.
Le récit « de l’intérieur » qu’elle en fait est impressionnant car elle s’est retrouvée être le témoin d’une révolution. Ce moment de l’histoire est historique. Les commentateurs britanniques assimilant cette rupture aux moments ou le destin du pays avait basculé dans le passé. Le pays est devenu celui d’un seul sujet : le Brexit. Le populisme a lâché ses démons : xénophobie, racisme, insultes… les résidents européens ne se sont plus sentis les bienvenus dans ce pays, où ils vivaient parfois depuis plus de vingt ans.
Alors, sachant que l’on ne pourrait avoir un meilleur traitement à l’extérieur de l’Union Européenne qu’à l’intérieur, quelles conséquences peuvent être envisagées maintenant que le Brexit est devenu un fait politique majeur tant pour le Royaume-Uni que pour l’Union Européenne ? What Next ? l’autrice nous livre ses réflexions :
Les britanniques vont rebondir car ils sont dynamiques, tout en ayant le talent de transformer des échecs en mythes. Ceux qui ont écouté les sirènes des tribuns du brexit ont accepté d’être plus pauvres, mais pour combien de temps ? car les divisions n’ont pas disparu.
En Ecosse la pression pour un nouveau referendum d’indépendance va devenir de plus en plus forte, le statut de l’Irlande du nord – avec la mise en place d’une frontière maritime avec la Grande Bretagne – va obliger à une plus grande coopération entre Belfast et Dublin.
De même, l’union européenne – dans cette négociation du Brexit- a réussi à préserver l’intégrité de son marché unique ainsi que les intérêts de ses citoyens. Le triangle Berlin-Londres-Paris est transformé en binôme Berlin-Paris et cela doit pouvoir permettre des avancées importantes pour l’Union Européenne et pour son rôle et sa place dans le triangle Etats-Unis-Chine-Union Européenne.
Michel GABET
Ce jeune auteur ,économiste d’à peine 30 ans , collaborateur du cabinet de recherches économiques, ASTERES ,dirigé par Nicolas Bouzou , a été remarqué à la fois par sa capacité de vulgarisation et son sens de la pédagogie aussi rare que précieux dans notre pays où la culture économique reste très loin de constituer un de nos points forts . Tel fut le cas avec « l’économie en clair » parue chez Ellipses puis « l’Entreprise » éditée chez l’Harmattan, et , fin 2020 par le tome 1 des « entrepreneurs de légende . Ce tome 2 constitue l’autre élément d’une trilogie qui a débuté avec « les Entrepreneurs de légende » et suivie « des Entrepreneurs atypiques » .Il prolonge ainsi par une focalisation sur l’histoire économique mondiale sa présentation des aventures entrepreneuriales tricolores.
Au fil des pages se dessine une large palette d’inventeurs et d’innovateurs dans des domaines très différents : les personnalités les plus emblématiques des grandes entreprises internationales qui souvent, partis de rien ont bâti des fortunes colossales et « .. bien plus encore ont contribué à façonner le monde dans lequel nous vivons.. »
Ce que montre l’auteur c’est l’extrême diversité des profils , des scientifiques de formation , mais aussi d’ autres sans bagages scolaires mais compensant leur handicap par ,du flair ,de l’audace et le sens des affaires..Idem pour leur origine sociale : leurs tempéraments, leurs trajectoires diffèrent et « ..pourtant à l’arrivée , c’est toujours la même réussite fulgurante .Ces magnifiques succès dont Wall street est bien souvent le témoin ne sauraient occulter les échecs de nombreux projets de candidats entrepreneurs dont certains finissent par la ténacité à rentrer dans la légende. Ainsi les parcours fascinants , le génie, de john Davison Rockefeller, Sam Walton ,Bill Gates ,Phil Kgnith, Aristote Onassis, RenZhengfei et bien d’ autres sont mis en lumière sous la plume incisive de ce jeune auteur. La morale de cette belle histoire que raconte avec brio Sylvain Bersinger ,est que, in fine , tout un chacun à sa chance ,pourvu qu’il s’en donne les moyens et qu’il en ait le courage.. pour risquer… l’échec autant que la réussite…n’en déplaise aux adeptes de l’égalitarisme !!! Comme le remarque Nicolas Bouzou : « .. Sylvain Bersinger comble ainsi un manque dans le monde de l’ édition en publiant ces biographies qui ont au moins deux mérites : « ..faire comprendre l’environnement institutionnel et culturel de ces grandes aventures , et les caractéristiques psychologiques des entrepreneurs… ». Un voyage très prenant au pays de l’entrepreneuriat .Précieux pour tous publics.
Sylvain Bersinger , consultant et ancien enseignant, est diplômé en économie- Lyon 2 et Paris- Dauphine et est l’auteur de 6 ouvrages.
Jean Louis CHAMBON
Dans leur ouvrage préfacé par le philosophe Comte–Sponville, les auteurs s’efforcent de réparer une injustice : pourquoi l’opinion publique loue- t- elle les personnels médicaux pour avoir préservé la santé des malades de la covid et ignore-t-elle les banquiers pour avoir veillé à la santé des entreprises ? Ils analysent en effet les comportements des banques au cours des crises traversées par l’économie mondiale depuis la grande dépression. Ils observent plus particulièrement les actions – positives et négatives – des établissements financiers, lors des crises des subprimes et de la covid. Ils rappellent qu’à partir du 2e trimestre 2020, les banques ont soutenu l’économie réelle par des reports d’échéances et divers crédits aux entreprises et aux particuliers. Bien qu’exposées à des nouveaux risques et à une réglementation de plus en plus invasive, elles ont montré leur résilience, démontré leur capacité d’adaptation, fait preuve de solidarité financière et consolidé leur rentabilité. Parmi les nouveaux comportements engendrés par la crise, les auteurs perçoivent une plus grande sensibilité des investisseurs et des consommateurs à la protection de la santé publique et de l’environnement. Ils montrent que les banques auront un rôle de plus en plus décisif dans le financement de l’économie verte et solidaire.
Les auteurs formulent en conclusion un ensemble de propositions, parmi lesquelles une déréglementation partielle et un allègement fiscal de l’économie réelle. Ils font preuve à la fois d’une solide culture économique et bancaire ainsi que d’un rare optimisme sur l’avenir de l’économie financière.
JJ PLUCHART
Le dernier livre de Pascal Blanqué (publié à la fois en français et en anglais) est introduit par une étude de cas retraçant sa perception de la crise pandémique au fil des dix premières semaines. Il analyse successivement l’évolution du référentiel du temps psychologique des observateurs de la crise, les recompositions de leurs schèmes de mémoire, les épisodes de leur mise en oubli et de leur retour de mémoire, la superposition du temps physique et du temps psychologique, l’incertitude attachée au temps psychologique et les cycles réel, financier et viral sous-jacents à la crise.
Cette étude de cas originale lui permet de construire un nouveau modèle théorique qui remet partiellement en question certains fondamentaux de la finance de marché, basés sur la mesure du risque spécifique attaché aux actions de chaque entreprise. Se référant notamment aux travaux de Tversky, il propose d’y adjoindre la mesure d’une « prise de risque globale » intégrant les dimensions du temps, de la mémoire et de l’oubli, mais aussi – et c’est une des originalités de son modèle – des « narratifs » (ou des discours) sur les représentations des crises, qui évoluent d’autant plus rapidement qu’ils sont influencés par le big data et l’Intelligence Artificielle (notamment le deep learning). Il traite le marché comme un Sujet collectif, dont les acteurs sont soumis à des biais perceptuels, émotionnels et cognitifs. Cette approche permet de mieux expliquer certaines fluctuations de cours considérées comme irrationnelles. Il se livre à une lecture psychologique des faits et phénomènes monétaires, et plus particulièrement, à une réinterprétation de la théorie quantitative de la monnaie. A l’instar de Lacan, il modélise ses observations à l’aide d’équations et de représentations graphiques particulièrement éclairantes.
Pascal Blanqué s’efforce ainsi d‘intégrer plusieurs disciplines scientifiques : la finance quantitative de marché, la finance comportementale et les sciences du langage (qui font notamment appel à la psychanalyse). Son vingtième ouvrage s’inscrit donc bien dans son grand projet de refondation de la finance moderne.
JJ PLUCHART
Le dernier livre de Pascal Boniface soulève des questionnements essentiels sur l’avenir de la géopolitique mondiale. Après avoir brièvement retracé l’histoire de l’informatique, de l’internet et de l’IA, l’auteur en présente les enjeux pour les équilibres économiques et sociaux entre Etats d’une part, et entre groupes sociaux d’autre part. Il constate que l’IA est devenue un levier de la suprématie mondiale, mais il déplore que la révolution numérique ait creusé les inégalités entre une élite représentant 0,1% de la population mondiale, et le reste de l’humanité asservi à des tâches subalternes ou condamné au chômage. Il observe que les fondateurs des GAFAM américaines et des BATX chinoises ont accumulé des fortunes sans précédent dans l’histoire, grâce à leurs talents mais aussi au dumping et aux paradis fiscaux, tolérés par les européens et protégés par les américains et les chinois. Il qualifie de « guerre froide technologique » la rivalité croissante entre les Etats Unis, la Chine et les Etats européens, ainsi que leurs rapports ambigus avec les géants de l’IA. Il analyse notamment la stratégie de la Chine, devenue « l’Arabie saoudite de la donnée » et consciente que « la numérisation lui offre la chance du millénaire ».
Pascal Boniface estime que le développement du transhumanisme – ou de « l’homme-machine » – doit avoir pour contrepartie plus de protection par l’Etat des victimes de la fracture numérique. Il prône une nouvelle gouvernance mondiale basée sur un meilleur équilibre des forces entre les Etats, les grandes entreprises et les contre-pouvoirs (ONG, syndicats, associations). Mais il craint un nouveau repli des fonctions régaliennes à la sécurité et à la solidarité, au profit de la sphère privée, désormais étendue aux monnaies, à la santé, à la protection de l’environnement, à l’espace, aux infrastructures…
L’ouvrage a le mérite de sensibiliser l’opinion à l’importance des risques politiques et sociaux associés au développement incontrôlé de l’IA.
JJ PLUCHART
« Il fut un temps où le vivant était la seule réalité !
Mais en attendant que vienne l’âge de la sagesse : par quel extraordinaire pensons-nous avoir le droit d’anéantir des espèces millénaires, alors même que la nôtre se cherche encore ? »
Nous voilà repartis bille en tête pour une énième relance et l’espoir d’un retour à la croissance nourrissant inlassablement cette illusion alors qu’il s’agit plutôt d’envisager un nouveau modèle de développement dont est porteur cet ouvrage.
Les auteurs montrent qu’il faut changer de perspective, renoncer à vendre du « pas cher et quasi jetable » pour passer à l’économie de la fonctionnalité, c’est-à-dire la vente d’un usage.
De ce point de vue, «ce que tu fais parle plus fort que ce que tu dis ! »
Pour Fabrice BONNIFET et Céline PUFF ARDICHVILI, il est avéré que la recherche du sens face à l’impasse prévisible nous impose une autre vision.
Cela suffit de notre engoncement dans l’anthropocène et la thermo-industrie à la conquête de l’inutile. Faire autrement, telle est la condition préalable. C’est affaire de méthode et pas de but sans méthode !
Il faut réintégrer l’entreprise dans la nature, redéfinir sa raison d’être, qu’elle soit incarnée avec des objectifs mesurables ambitieux. Ce n’est pas qu’un enjeu d’image. Tout en dépend !
Un décès sur cinq dans le monde est déjà dû à la pollution.
Nous n’avons pas le temps d’attendre la solution technologique miracle, car générer de l’abondance frugale en énergies et en ressources n’est pas une option mais une obligation mathématique et financière.
L’argent est certes la respiration de l’entreprise, mais il ne peut pas en être la vision ni la raison d’être crédible.
De plus, le futur n’est pas écrit et relève de l’audace des initiatives de l’ici et du maintenant.
C’est en cela que toujours vouloir sacrifier l’essentiel pour l’urgence, on en finit par oublier l’extrême urgence de l’essentiel !
Fabrice BONNIFET est une référence du développement durable en France, le directeur du développement durable de Bouygues agit avec passion au sein de son entreprise et auprès des communautés qui rassemblent ceux qui veulent vraiment agir.
En tant que président du collège des directeurs de développement durable (C3D), il entraine les entrepreneurs et les professionnels de la RSE vers la réinvention de leur entreprise.
Céline PUFF ARDICHVILI est communicante et entrepreneure. Influenceuse un poil indignée, après avoir repris ses études, pour intégrer dans son métier les enjeux du développement durable dont elle souhaitait comprendre les mécanismes, pour agir. Partenaire dirigeante au sein de l’agence Look Sharpe, elle s’emploie à donner de la visibilité aux acteurs du changement.
- GODET des MARAIS
Cet ouvrage, non technique, de lecture facile et a spectre large , traite des conséquences sociétales et de gouvernance des états résultant de la généralisation de l’intelligence artificielle. Ouvrage de vulgarisation pour un public large et pas nécessairement averti , il met clairement en évidence les risques liés à la disparition des emplois intermédiaires et donc des classes moyennes ainsi que la croissance exponentielle des inégalités qui en résulte. Un autre risque majeur mis en évidence par la croissance fulgurante des GAFAM a trait à la perte de leviers de décision des états au profit de monstres technologiques disposant de moyens techniques et financiers considérables. Plutôt pessimiste, l’ouvrage fait, tout de de même ressortir les bienfaits potentiels liés aux capacités d’innovation apportées par ces technologies. En synthèse, il s’agit d’un bon ouvrage de vulgarisation, dans le bon sens du terme qui intéressera le plus grand nombre.
D.MOLHO
D’après Bain & Company, le marché du luxe a atteint 1300 milliards d’euros au niveau mondial avec 390 millions de clients en 2019. Pendant la crise du COVID-19, le luxe a prouvé sa résilience et sa capacité d’adaptation : il ne connaît pas la crise !
L’auteur s’est entouré de nombreux experts pour analyser la résilience de ce secteur et proposer des axes de développement futurs. Un point d’attention tout particulier est fait sur le marché chinois, qui pourrait représenter plus de 50% du business du luxe en 2025. Comment se positionner pour capter ces nouveaux clients issus d’une société collectiviste ? Nous découvrons au fil des pages que le luxe chinois suit un chemin bien différent de celui du vieux continent. Il se veut vif, flamboyant fortement marqué par la peur du manque (FoMo).
L’univers du luxe devient ainsi compréhensible aux profanes et permet aux spécialistes du domaine de mieux appréhender les ambitions futures.
Eric Briones est le cofondateur de la Paris School of Luxury (Groupe MediaSchool, directeur de la rédaction du Journal du Luxe, curateur du Salon du Luxe Paris, créateur du blog Darkplanneur et du cabinet de planning stratégique Darkplanning.
Il a été directeur du département du planning stratégique de Publicis Et Nous pendant 14 ans. Il a conseillé les plus grandes marques de luxe (Hermès, LVMH, L’Oréal Luxe, Longchamp,Byredo…).Titulaire du MBA MCI-MBA spécialisé Marketing digital et Commerce sur Internet et diplômé de l’ISG section internationale.
FLORENCE ANGLES
Après avoir retracé les histoires des plus grandes marques du luxe (Dior, Chanel, Gucci…), les auteurs présentent « l’arbre de la résilience » de l’industrie du luxe, avec ses racines, son tronc et sa cime. Les premières puisent dans l’histoire, le capital culturel, la gouvernance de la maison de luxe. Le tronc intègre un leadership charismatique, une « radicalité créative », le respect du prix, une supply-chain agile, une personnalisation du produit, une gestion rigoureuse des données clients, un engagement sociétal et environnemental visible. La cime recouvre une vision à long terme, une diversification dans l’univers du luxe, une recherche de l’expérienciel, un ciblage de la génération Z (notamment Chine).
La résilience des grandes maisons impose la maîtrise de la prospection des marchés, de la veille stratégique, de l’art de constituer des équipes et de créer une vision mobilisatrice des « tribus » de consommateurs. Les auteurs présentent les facteurs-clés de succès de la « luxilience » (le luxe résilient), de la conquête de nouveaux territoires, notamment en Asie où la Chine assure 55% des ventes mondiales. Ils montrent notamment que la stratégie gagnante repose sur un « subtil mélange » entre la technologie, la créativité et la culture.
L’ouvrage réunit des analyses originales des pratiques des grandes maisons sur les principaux marchés mondiaux et met en lumière les opportunités offertes à l’industrie du luxe par la relance post-pandémique..
E.Brionnes est co-fondateur de la Paris School of Luxury et curateur du Salon parisien du Luxe.
Les co-auteurs sont directeurs artistiques, strategy planners, pulicitaires, communiquants, influenceurs…
J-J.PLUCHART
La révolution de l’IA révèle, selon Bronner (2020), « la nature humaine la plus profonde », qui s’est construite depuis la préhistoire. Il prétend que l’IA contribue à « libérer le cerveau humain disponible ». Ce temps est consacré soit à la création ou au partage de connaissances, soit à une navigation aléatoire sur internet, qui entraîne une « apocalypse cognitive ». Les biais de l’IA contribueraient au développement de la désinformation de l’a-information, à multiplier les clash, à propager les thèses complotistes et à produire de nouveaux fantasmes collectifs autour de l’homme-machine et de la transhumanisation. Ces biais favoriseraient les réactions paranoïaques et la satisfaction immédiate des besoins et des désirs. L’auteur invite les internautes à « domestiquer l’empire de ses intuitions erronées ». Adoptant une posture d‘anthropologue, il en conclut curieusement que l’homme du XXIe siècle retourne à l’âge préhistorique.
Gérald Bronner est professeur de sociologie à l’Université de Paris et auteur de nombreux ouvrages.
J-J.PLUCHART
Cet essai est d’abord le témoignage d’une vie de (haut) dirigeant de (grandes) entreprises . De cette carrière impressionnante , notamment au service d’entreprises familiales ,et des coulisses de nos grandes entreprises, Denys BRUNEL tire ,sans langue de bois , des enseignements qui vont bien au- delà des problématiques spécifiques à ce type d’entreprise ( notamment la gouvernance et plus encore la délicate et prégnante question de la succession ). Il s’agit de rien moins que de cet obsédant sujet de société, celui de l’égalité et de la justice sociale..
En effet comme le rappelle l’ auteur, « … les entreprises françaises demeurent régies par un pouvoir transmis de manière héréditaire et exclusive , en somme ,monarchique.. .» . Aussi s’interroge- t-il « …alors que l’héritage a été au cœur de la société aristocratique …comment est -il possible qu’en république, l’idéal démocratique accepte que le mérite cède le pas, pour de très hautes fonctions, à la naissance ou au mariage ?.. » Mais la France n’en est pas à une contradiction près , elle qui est pourtant connue pour son obsession de l’égalité ..un fantasme ..selon Pierre de Rosen, qui la conduit vers l’égalitarisme que dénonçait si parfaitement Raymond Aron : « l’égalitarisme cette doctrine qui s’efforce vainement de contraindre la nature biologique et sociale et qui ne parvient pas à l’égalité mais à la tyrannie»
Ce sont ces contradictions que pointe l’auteur aux qu’elles s’ajoutent notre politique de redistribution centrée ( par trop) sur les revenus, qui nous place en champion toutes catégories des prélèvements sociaux et du taux de dépenses publiques. Taxer exagérément les revenus handicape le travail, la réussite et ceux qui créent avec succès. L’acceptabilité à l’impôt devenue problématique, l’auteur considère que cette voie ne peut conduire qu’à l’échec. Aussi propose -t-il d’aller vers une solution de taxation forte des « gros héritages » et la détaxation simultanée de.. 95% des héritages…avec la baisse des impôts qui découragent la réussite. Cela permettrait une meilleure égalité des chances , en plus efficace ,mais aussi de régler les incertitudes croissantes qui pèsent sur l’ entreprise familiale , car ce modèle interroge sur sa cohérence avec une vision moderne de la société.
En synthèse l’ auteur considère que l’héritage dans notre pays est source de trois maux : il crée l’injustice ( même si l’opinion n en fait pas sa cible prioritaire) , il fait courir le risque d’ une gestion non optimale à la tête d’une grande entreprise familiale ,et on écarte de facto des responsabilités toute une partie de la population.
Si l’auteur rejette un retour de l’ISF ,, et les propositions de Thomas Piketty trop confiscatoires ( doux euphémisme) ,il préconise en revanche à « iso-prélèvements » de baisser l’impôt sur le revenu( difficile de faire la moue !!), de dégager des ressources de la taxation des gros héritages en faveur des jeunes . Dans ce même esprit , sont suggérées des pistes d’améliorations touchant à la réserve héréditaire , l’exonération large d’une augmentation des donations caritatives et aux petits enfants ainsi qu’un pécule de 60000 euros pour les jeunes à partir de 25 ans …
Demain sur ce chemin que préconise Denys Brunel ce serait la fin des héritiers mais l’émergence de l’héritage pour tous.… Plus de justice sociale, c’est certainement un enjeu et un défi pour le monde de demain. . Ces propositions très documentées, certes quelquefois disruptives ,issues d’une réflexion de fond, restent frappées du sceau de l’expérience et du bon sens et évitent( c’ est heureux) l’écueil du dogmatisme intellectuel et confiscatoire marxiste cher ,entre autres, à Thomas Piketty.
Denys Brunel ingénieur ( Centrale Paris ), Docteur es sciences maitre de conférences à Paris –Dauphine , ex -dirigeant de grands groupes ( Perrier, Cofinoga, Nouvelles Galeries etc.) et préside l’association SEST (santé au travail).
Jean Louis CHAMBON
La Valse européenne constitue le nouvel ouvrage de référence de l’histoire récente de l’Union européenne et de l’Eurozone. Le livre est construit suivant un rythme ternaire. Son titre évoque les trois temps de la valse, ceux des incertitudes face aux crises puis des réveils et des espoirs. Sa structure présente trois dimensions : historique, avec des analyses approfondies des crises des subprimes, du marché interbancaire, de la Grèce, puis de l’Italie et de l’Espagne, de l’euro, des immigrés, du Brexit, de la concurrence chinoise, de l’isolationnisme américain et de la pandémie ; théorique, avec des questionnements sur les modèles économiques et monétaires qui ont été successivement appliqués depuis le traité de Rome ; prospective, avec des hypothèses sur les dispositifs de relance de la dynamique européenne après la pandémie. Les auteurs relèvent trois paradoxes dans les approches de l’Union européenne : les européens critiquent l’euro mais ne peuvent s’en passer ; les réflexes nationaux s’effacent lorsque les crises deviennent critiques ; l’Union ne se construit que dans les crises, qui « ont ceci de salutaires qu’elles rappellent aux européens les avantages pratiques du marché unique, et plus largement, d’une culture de coopération politique sans équivalent sur la planète ».
La rétrospective historique met en lumière les difficultés rencontrées par les gouvernants européens et nationaux pour résoudre les crises qui se sont succédées à un rythme accéléré au sein de l’Union. Les difficultés résultent de la complexité des institutions instaurées par le traité de Maastricht et des divergences entre les politiques économiques des pays du nord et du sud. Les auteurs analysent les rôles respectifs exercés par les protagonistes des crises (chefs d’Etat, présidents de la Commission Européenne et de la BCE, directeur général du FMI.
Les réflexions théoriques sont éclairantes. La zone euro est une construction basée sur le modèle des « zones monétaires optimales », conçu par Robert Mundel au cours des années 1960, qui est bâti sur un « triangle d’incompatibilité ». En cas de choc asymétrique, touchant différemment les Etats-membres de l’eurozone, la BCE ne peut prendre des mesures adaptées à chaque pays. Le modèle favorise les échanges entre les économies nationales mais il ne peut assurer leur convergence. Il contribue à creuser les écarts entre les pays du nord et du sud. Les soutiens aux pays les plus vulnérables encouragent les passagers clandestins. Le cas de la crise grecque et des menaces du Grexit est emblématique. Il a révélé « les trous et fissures du tissus institutionnel européen ». La « mise sous tutelle de la Grèce » par la Commission et le FMI a été décidée après de longues controverses, car elle a été considérée comme la condition de survie de l’eurozone, mais elle n’a été qu’une expérience de « fédéralisme d’exception ».
Les auteurs examinent ensuite les risques respectifs du Brexit mais aussi, d’un Italexit, d’un Frexit et d’un Dexit. Le leave anglais est d’autant plus surprenant que « c’est au nom du libre-échange » et d’un global britain mythique que le Royaume Uni se sépare de ses principaux partenaires commerciaux. Le retrait de l’Italie est jugé improbable malgré ses faiblesses, car elle est too big to fail et too big to save. Les séparations de la France et de l’Allemagne sont impensables, car elles marqueraient la mort de l’Union européenne. Les auteurs analysent notamment le discours du président Macron à la Sorbonne et constatent que son message a été faiblement entendu par les partenaires de la France, mais que l’euroscepticisme semble reculer au sein des mouvements populistes, car les programmes basés sur l’abandon de l’euro conduiraient à des impasses économiques. Les auteurs estiment que « l’alliance franco-allemande est sur-jouée », car si les allemands sont attachés à la règle et à la responsabilité, les français en ont une perception relative, étant plus attachés à la solidarité.
Elie Cohen et Richard Robert constatent que les think tanks ont multiplié les propositions de réforme. La plupart conseillent d’achever l’union bancaire, de doter la Commission d’un budget d’investissement, de mutualiser certaines dettes publiques (à l’instar des coronabonds) et de renoncer au Pacte de stabilité. Stiglitz suggère de créer un « euro fort » dans les pays du nord et un « euro faible » dans ceux du sud. Le think tank Brughel propose de créer une Europe des clubs (Euro, Shengen, Sécurité-Défense…). Ils concluent en ouvrant une « dizaine de portes pour l’Europe », afin que L’Union ne devienne pas une « Europe allemande » mais plutôt une « fédération d’exception face aux crises ». Les gouvernants doivent désormais préférer une « meilleure intégration « à une « grande intégration ».
J-J.PLUCHART
Prendre comme exemple une danse pour expliquer le fonctionnement des institutions européennes, c’est tout à fait original. Nos deux auteurs ont franchi le pas.
C’est ainsi que l’image de la valse est utilisée pour figurer les trois temps de la prise de décision européenne : 1/départ en mode cacophonie et divergence, 2/prise de conscience de la gravité de la situation, 3/ébauche d’une solution constructive et raisonnée.
L’exercice « artistique « est d’autant plus compliqué par l’attitude des danseurs : chacun veut conserver une partie de ses prérogatives nationales, et ne veut donc pas qu’on lui marche sur les pieds. Sans compter sur la volonté de certains d’imposer le tempo avec des règles très strictes et sévères, comme ce fut le cas de l’Allemagne, lors de la création des « eurobonds ».
Une autre illustration est fournie par l’épisode récent du plan de relance, pour contrer les dégâts économiques produits par la pandémie. Une opposition, entre les pays du sud et ceux du nord de l’Europe, a d’abord conduit à des blocages qu’il a bien fallu lever face à la gravité de la situation. Voici les deux premiers temps de cette fameuse valse : il reste le dernier à exécuter, qui nécessite l’acceptation des diverses dispositions, par l’ensemble des pays de l’union. Ce dernier temps est en cours et souhaitons qu’il ne tarde pas trop à se concrétiser.
Comme l’a écrit Enrico Letta dans son livre « Faire l’Europe dans un monde de brutes »(Fayard), l’UE ne progresse qu’après avoir fait face à des crises successives.
Les deux auteurs, Elie Cohen et Richard Robert passent en revue les crises de L’UE de ces vingt dernières années : crise de l’euro, crise migratoire, crise du Brexit et, enfin, la Covid-19. Le livre peut être considéré comme une vraie bible retraçant ces événements marquants de la vie de l’UE. C’est une synthèse qui donne un bon éclairage des faits avec des commentaires argumentés et pertinents.
Il est évident que, compte tenu du contexte international, l’Europe a de plus en plus besoin de montrer son unité : que pèserait chaque pays, livré à lui-même, dans ces conditions ? Souvenons-nous de l’attitude agressive d’un Trump face à l’Europe.
Elie Cohen est directeur de recherche émérite au CNRS.Richard Robert est l’éditeur du think tank Telos et enseigne à l’IEP de Paris.
RENZO BORSATO
La stabilité du système financier international , comme l’intermédiation financière elle-même sont confrontées depuis 2008 à des tensions inédites : la répétition de crises majeures , les effets contradictoires des normes prudentielles qui laissent en pratique prospérer le « shadow banking » etc..
Pour maintenir la confiance face à ces transformations disruptives ,les régulateurs ont du innover, s’éloignant d’une intermédiation centrée sur les grands établissements dont le modèle de banque universelle parait révolu, en progressant vers des modèles plus décentralisés.
Mais comme le notent les auteurs de ce nouveau brillant collectif : « ..le scepticisme sur les capacités du système financier à se reformer sans crises majeures est très présent .. ». Il en résulte un double point de vue,:
– soit, il convient de changer tous les modèles de gestion ( politique monétaire, Banques Centrales, etc.. ), dans un contexte de fortes et croissantes interventions des Etats,
-soit , il faut s’en remettre à la capacité des innovations financières pour : «.. régénérer en quelque sorte le système .. de l’intérieur .. ».
les co-auteurs de ce numéro de la REF , s’attachent à analyser les situations des différents acteurs de l’intermédiation financière , face à ces deux points de vue.
Dans ce contexte, il apparait que le « shadow banking » est devenu une forme structurelle et très complémentaire de l’intermédiation financière de même que la gestion d’actifs qui bénéficie d’un afflux inédit de capitaux en liaison avec le niveau des taux. En Europe , précise Denis Beau ,sous- gouverneur de la Banque de France : «..-la préoccupation touche plus à la concentration accélérée du secteur bancaire , plutôt qu’à sa rentabilité, moins impactée qu’il n’était craint… ». Mais , « ..les grandes machines de collecte populaire de l’épargne .. » comme l’Assurance – vie sont grippées par la faiblesse des rendements et des taux négatifs . Si la dérive « vers l’inflation et la « répression financière » du système financier reste « inexorable » , comme le montrent Vivien Levy Garboua et Gérard Maarek , le modèle d’affaires de l’ensemble des intermédiaires financiers est mis au défi d’évoluer pour résister aux crises systèmiques à venir et s’adapter aux (grands ) besoins d’investissement des économies après la crise du Covid.
Ces visions transversales, très complémentaires et documentées qu’apportent la trentaine d’éminents contributeurs à cette parution seront très précieuses pour tous publics , experts, enseignants , et étudiants.
Jean – louis CHAMBON
Le Groënland , immense mais très peu peuplée région autonome danoise au cœur de la « région monde » ultra- stratégique de l’Arctique , suscite, pour ses réserves de « Terres rares » , des appétits croissants et une vive compétition entre les grandes puissances mondiales, jusqu‘à justifier « l’annonce choc » de Donald Trump de l‘éventualité de son acquisition par les USA. Les Terres Rares, légères ou lourdes, constituent un groupe de métaux comprenant 17 éléments dont 15 lanthanides allant du lanthane à l’yttrium. Elles restent modérément abondantes ,quasi monopolisées par la Chine, et incontournables dans de nombreuses productions sensibles (numérique, puces informatiques, etc,) . Elles sont associés à des éléments radioactifs comme l’uranium et le thorium ce qui rend leur exploitation sensible . Aussi, pour leur extraction et leur affinage ,ces terres rares entrainent l’apparition d’un dilemme environnemental majeur, il a été établi en effet que le Groëland était l’un des pays disposant des plus importante réserves au monde de ces « trésors » contemporains.
Aussi l’enjeu géopolitique que sous tend le potentiel en terres rares du Groënland aura fortement impacté ses choix politiques jusqu’à lui faire rêver de devenir comme son voisin Islandais un Etat autonome . Mais cette utopie se heurte à une réalité première ,son incapacité à pouvoir disposer durablement des attributs d’une pleine souveraineté ( monnaie , défense , budget). Avec un territoire quatre fois plus grand que celui de la France, quasi intégralement recouvert d’une calotte glaciaire et guère plus que 50000 habitants concentrés majoritairement dans leur capitale Nuuk , le potentiel de développement autonome reste très mince même si des ressources pétrolières difficiles à exploiter peuvent venir s’ajouter aux réserves des terres rares. Reste que ce pays de « l’or vert » n’est pas à vendre bien qu’il soit menacé par les ambitions chinoises qui souhaitent renforcer encore plus leur leadership sur les terres et ressources rares , et par les enjeux majeurs des intérêts vitaux de Défense pour les Etats Unis . Tout l’enjeu de ses tensions géopolitiques autour de ce « petit département danois » , prétendument autonome, tient à ce que les terres rares sont incontournables à la fois à l’ère numérique mais également et surtout dans un siècle où l’ économie faiblement émettrice en gaz à effet de serre s’affirme comme préalable à toute croissance ; Ce qui appelle ,de facto, une concurrence dans leurs recherches et leurs approvisionnements, de plus en plus forte. Tout l’enjeu donc pour les pays arctiques est de rester vigilants face au défi chinois dans une région qui reste l’ arrière- cour des Etats Unis et… de la Russie. C’est dire combien cette « région monde » représente des risques d’ extrêmes tensions géopolitiques pour l’ avenir . Comme l’avait noté Deng Xiaoping : «Le Moyen Orient a le pétrole, la Chine a les terres rares». Dans ce petit opuscule l’auteur démontre que l’ultra dépendance notamment sur les terres rares à la Chine n ‘est pas saine du fait de la nature du régime chinois et de ce qui en découle .Il souligne la nécessité et les moyens pour «entamer une cure de désintoxication à cette dépendance au plus tôt.. ». Enfin et surtout il fait découvrir la bataille en cours, souvent sous-marine , de plus en plus diplomatique, entre les grandes puissances , mais pas seulement ( La France tente aussi de tirer quelques marrons du feu..) pour faire bouger les lignes autour et sur le Groënland.
Damien Degeorges consultant international diplômé en études nordiques de l’ Université de Paris- Sorbonne et passionné par ses expéditions sur la calotte glaciaire.
J-L. CHAMBON
En août 2019, le Président américain Donald Trump déclare au Wall Street Journal que les Etats-Unis sont intéressés par le rachat du Groenland au Danemark. Pour surprenant qu’elle ait pu apparaitre, cette déclaration ne manque pas sens. L’ouvrage analyse l’enjeu des terres rares dans l’économie décarbonée au regard de l’intérêt que présentent les ressources du Groenland mais aussi son intérêt géostratégique et sa place dans la compétition entre la Chine et les Etats-Unis. Le Groenland ne compte que 56000 habitants sur un territoire de près de 2.2 millions de km² et dispose de ressources minières et pétrolières importantes. Une partie de sa population rêve de devenir un état indépendant à l’exemple de l’Islande, ce qui poserait en réalité de gros problèmes d’administration et de financement et pourrait amener le pays à se vendre à une puissance étrangère, la Chine, qui à déjà montré son intérêt en postulant à des droits d’exploitation minière. Cet intérêt marqué n’a pu que susciter la réaction des Etats-Unis d’une part pour limiter l’hégémonie de la Chine sur la production de terres rares mais aussi rappeler qu’ils sont dans leur « pré carré » dans le grand nord.
Un petit livre dense qui montre l’importance géostratégiques de petits territoires ou pays rarement à la une des informations mais qui pourraient devenir des enjeux convoités avec les risques que cela présente
Damien Degeorges.est consultant international, Docteur en sciences politiques et diplômé en études nordiques de l’université Paris-Sorbonne.
CHRISTIAN CHOUFFIER
Philippe Dessertine explore les voies de l’ère post-covid. Il relève que la mondialisation des échanges a brutalement pris la forme d’une maladie planétaire, qui a remis en question certains paradigmes économiques. Son analyse est organisée en quatre grandes parties, consacrées respectivement aux conséquences du dérèglement climatique, aux impacts de la rupture technologique, au défi du changement de puissance dominante et à la mobilisation des moyens financiers. Il considère notamment que « l’argent gratuit » créé depuis la crise de 2008 est une « malédiction» pour les économies développées, à l’instar de l’afflux d’or et d’argent du Nouveau Monde au tournant du 16e siècle, qui a entraîné le déclin de l’Espagne et du Portugal. « Les galions ont été convertis en véhicules financiers et les amiraux des flottes en banquiers centraux ». Il critique frontalement la politique monétaire non conventionnelle et les rachats de dettes publiques et privées par les banques centrales. Il déplore que les taux d’intérêt ne rémunèrent plus correctement le risque et que les fondements de la finance soient ainsi dévoyés. Il préconise une réforme des systèmes monétaires et financiers afin de relancer l’économie réelle. La monnaie créée doit s’investir dans des projets créateurs de richesse orientés vers un changement de modèle technologique, économique et social. Il observe que les épargnants sont désormais plus sensibles aux investissements à impact, « dotés d’indicateurs clairs et prouvés scientifiquement », mais il constate que l’encours de la finance verte est encore mille fois inférieur à celui de la finance conventionnelle.
L’exercice auquel se livre Philippe Dessertine est ambitieux car il embrasse les multiples dimensions du basculement entraîné par la crise pandémique , mais il est également périlleux car il s’efforce d’anticiper ses conséquences alors même que son issue est encore incertaine. L’ouvrage présente une vision dans l’ensemble optimiste de l’après-covid. Il est rédigé dans un style inventif, direct et vivant.
Philippe Dessertine est professeur d’Université (IAE de Paris), Directeur de l’IHFI et chroniqueur.
J-J.PLUCHART
Les relations entre grandes puissances géopolitiques mondiales ont toujours été
accompagnées de suspicions réciproques de machiavélisme , et d’arrière-pensée touchant
aux relations , diplomatico-stratégiques , économiques et humaines, qu’elles entretiennent
entre elles et tout autant avec le reste du monde .
Ces « grands fauves » selon l’expression de François Heisbourg , Etats unis , Russie et Chine,
sous différentes formes ,commerciale , industrielle ou financière , et plus gravement encore
aux plans idéologique et politique ont en commun d’avoir su faire passer les pays européens
en quelques décennies , de prédateur… en proie…
Si la Chine et l’Amérique, susceptibles de constituer un couple très complémentaire ,
certes , « contre nature », comme l’avait souligné le Cercle TURGOT , dans son essai
« la Chinamerique**», paraissaient en capacité d’entrer dans une logique d’alliance de
prédation planétaire partagée, aujourd ‘hui, cette perspective semble n’avoir plus grand
avenir.
l’Empire du Milieu a montré peu à peu son vrai visage et pris une longueur d’avance sur
tout ce qui pourrait menacer son régime liberticide . Par sa propagande , ses campagnes de
désinformation , ( l’épisode de la pandémie du Covid en est la parfaite illustration) , le PC
chinois et la « société secrète » qui préside aux destinées du pays , avec une main de fer
et à grands renforts de « systèmes de surveillance orwelliens » est installé comme le grand
expert mondial en « masque de la réalité. ». Devenue la seconde puissance économique et
militaire , en passe de supplanter le PIB des Usa fin 2030 , elle n’hésite plus à défier les Us
et leurs alliés dans son environnement régional , que ce soit dans le détroit de Taiwan ou
en mer de Chine méridionale .
Aussi Pierre Antoine Donnet qui connait , pratique et analyse la Chine depuis plus de
quarante ans, lance dans ce nouvel essai une véritable alerte contre cette « énorme
machine , le Parti communiste chinois » , de plus de 90 millions de membres , dirigée par
une élite de 600000 cadres dirigeants et non pas…par la société chinoise .
La Chine est devenue un « véritable défi pour la planète » , non seulement au plan
environnemental ( pollution à grande échelle des eaux, lenteur de la décarbonisation de la
fabrication d’électricité , déforestation des régions tropicales, pillage des réserves
halieutiques des océans..etc ) mais aussi et peut être surtout , contre les principes et
valeurs démocratiques du monde occidental. Si la chine populaire appartient bien à notre
monde, « ….elle ne s’y est pas complétement intégrée , prenant de plus en plus de libertés
avec les valeurs universelles auxquelles nous croyons, mais aussi avec les normes de l’OMC,
le droit de la mer, les règles de courtoisie diplomatiques …. »
Les ambitions internationales , territoriales et les stratégies de suprématie technologiques
de la Chine sont connues : elles visent à réorganiser l’économie mondiale en déplaçant son
centre , de l’Occident vers l’économie chinoise elle-même ( confère entre autres la
dimension stratégique des Nouvelles Routes de la soie de Xi Jinping).
Il est sans doute encore possible de marquer un temps d’ arrêt au combat que mène la
Chine , partout , contre nos valeurs et nos normes . Mais le temps presse et nous devrons
aussi être capables de nous épargner un nouveau Munich avec Pékin, en cédant aux
intimidations ,après le triste épisode de Hong Kong, sur la volonté de son diktat sur
Taiwan.
A bien des égards , l’Occident est engagé dans une partie de bras de fer durable avec
« Le régime totalitaire de marché » inventé par la Chine et qui évoque sur bien des points l’
épisode de triste mémoire ,de la guerre froide ..
Saurons -nous en tirer les leçons et mieux nous préparer ? étant convaincus que , en règle
générale, la confrontation l’emporte structurellement sur la coopération.
. Si la Chine n’est pas le seul prédateur mondial ,son hyper-capacité de nuisance réactivée
par sa croissance retrouvée et assez spectaculaire après la pandémie, en fait une menace
d’autant plus prégnante que la grande ( et seule ?) légitimité du Parti et du régime reste
le développement économique.
A moins que ,les Chinois , « les Terriens les plus surveillés du monde » , mais de plus en
plus éduqués, ne se satisfassent plus seulement de la base de l’échelle de Maslow et
revendiquent, avant toutes autres récompenses , la liberté , d’expression et d’opinion .
A quand la prochaine révolution ? des éléments de réponse dans cet essai , remarquablement documenté et qui ne laisse aucune place au doute sur l’inquiétante réalité des faits sous la signature d’un grand journaliste professionnel et auteur confirmé .
Pierre -Antoine Donnet , Lauréat en 2021 du Prix TURGOT -DFCG des Directeurs
financiers , est l’ancien rédacteur en chef central de L’AFP dont il a été le correspondant
à Pékin et à New York .
Jean -Louis CHAMBON
Aucune nation ne peut se passer de gaz naturel.
Sur ce besoin universel ou se rencontrent rareté et appétit de consommation insatiable , l’économie et l’écologie se rencontrent , se confrontent ,en portant en elles d’inéluctables contradictions entre visions de court et le long terme . il en résulte des tensions permanentes dont l’actualité se fait régulièrement l’écho. :
Les pays défavorisés du Levant veulent augmenter leurs maigres ressources en s’ appropriant entre autres le maximun de richesses gazières off-shore, ce qui entrainent, pour leur partage, des conflits entre Etats voisins : La Grèce et la Turquie sont en état de guerre larvée , Israël et le Liban n’ont plus de relations diplomatiques et Chypre s’est vue imposer un ETAT Chypriote indépendant.. L Egypte appuyée par l’ Arabie saoudite et les Emirats Arabes s’ oppose de toutes ses forces à l’ hégémonie turque qui profite de son coté du soutien financier du Quatar . L ‘épicentre de ce jeu géopolitique du partage de la mer et du gaz en méditerranée se situe bien évidemment en Turquie et dans les pensées du Président Recep Tayyip Erdogan, « véritable Talleyrand des affaires internationales », étendant sa toile sur tout l’Orient, jouant de façon assumée la Russie contre l’Amérique et réciproquement , avec le risque pour l’Europe d’apparaitre in fine comme le grand dupe de cette « guerre tiède »…..
Dans ce nouvel essai , très documenté, Jean-Pierre Estival , devenu spécialiste reconnu de ces aspects géopolitiques ,propose une analyse lumineuse de ces grandes manœuvres . l’auteur souligne particulièrement la volonté de la Turquie d’anéantir le projet de gazoduc Eastmed , envisageant même de proposer la paix à Israël en lui proposant une autre liaison ,plus rentable , en même temps qu’un pacte anti-Iran !!!
Erdogan ne craint pas non plus de se rapprocher de l’Arabie saoudite en l’ aidant au Yemen. Du coup la Syrie revendique aussi sa part du gâteau gazier dont on peut craindre l usage qu’elle en ferait . C’est tout dire de la détermination du Président turc et du peu de cas qu il fait de la puissance européenne, en lui opposant son autonomie stratégique. .
UE et l’OTAN ont donc capitulé face à « l’empire turc nouveau » .Dans ce contexte , la Russie risquant par ailleurs de devenir un acteur énergétique majeur au Levant , les tensions dont la Turquie est globalement à l’ origine, ne peuvent que s’amplifier et, la guerre , hier froide , devenue tiède, pourrait dégénérer à nouveau et embraser tout l’Orient.
Le grand mérite de Jean pierre Estival est de lever courageusement le voile sur ces manœuvres et ces conflits dits « gelés » pour lesquels hélas aucune solution ne parait se faire jour. , montrant que dans les faits se dessine un nouvel ordre mondial proche de l’ancien ordre colonial… sauf que les puissances coloniales ne sont plus les mêmes qu’avant .
Jean -Pierre ESTIVAL , politologue et économiste , docteur d’Etat , diplômé de plusieurs écoles européennes. Auteur de nombreux ouvrages , spécialiste des ex-pays PECO .Nominé pour le prix Turgot 2019.
Jean-Louis CHAMBON
L’auteur vient opportunément rappeler qu’à la sortie de la pandémie, la France affrontera un handicap majeur en raison de son incapacité, constatée depuis un siècle, à réduire son déficit des dépenses publiques. Ce constat est d’autant plus problématique que la plupart des pays européens sont parvenus – au moins jusqu’à la crise de 2008-2010 – à stabiliser ou à alléger leurs budgets. Selon l’auteur, cette situation est attribuable à la propension des gouvernements successifs à faire appel aux services publics pour régler des problèmes qui seraient mieux résolus par le secteur privé. Cette tendance serait notamment due à la formation technocratique des décideurs politiques et aux raisonnements essentiellement macroéconomiques de l’administration française. Le handicap français serait également engendré par les statuts inamovibles des fonctionnaires français qui peinent à s’adapter aux changements technologiques et sociétaux. Mais la principale source du dérapage budgétaire résiderait dans la gestion paritaire de la sécurité sociale dont le budget dépasse désormais le tiers du PIB français. Comparant la situation sociale de la France à celles des pays voisins, François Facchini rappelle l’urgence de limiter les redistributions de revenus, de favoriser le retour à l’emploi et de reporter l’âge du départ en retraite. Il conclut en rappelant que « si trop d’impôt tue l’impôt », trop de dépenses publiques tue la croissance économique et sociale, car l’excès de dépenses creuse le déficit et la dette, détourne l’épargne vers des investissements improductifs et favorise l’exode fiscal.
François Facchini est professeur d’économie à l’Université de Paris I .
J-J.PLUCHART
Le livre s’appuie sur une analyse historique des dépenses publiques en France et une comparaison avec les autres pays ainsi que sur la théorie des biens publics avant de fournir une explication de la hausse de ces dépenses en France mais aussi dans l’ensemble des pays développés. Il poursuit par une analyse fouillée du cas de la France avec en particulier le virage conceptuel du programme du CNR de 1944 et de la création du statut de lal fonction publique de 1946 qui affirme la primauté de l’Etat « paternaliste protecteur et régulateur des inégalités. Les conséquences en sont une mise sous tutelle de nombreux biens privés, une inflation des redistributions et un blocage des réformes par l’importance de la fonction publique qui devient un électorat nombreux et puissant (syndicalisation mais aussi entre-soi). L’Université et la recherche participent aussi à la création d’un consensus plus idéologique que scientifique. Il en conclut que la dépense publique en France a atteint la phase descendante de la loi des rendements décroissant et proposes plusieurs pistes de réformes : augmentation des dépenses régaliennes, reprivatisations des autres fonctions, y compris l’éducation, information sans biais, innovation. Ces réformes devraient être facilitées par la visibilité de ce qui se passe dans les autres pays qui est améliorée par les statistiques économiques mais aussi par les différents classements internationaux (PISA pour les universités)
Voici un ouvrage très technique et complet, s’appuyant sur les différentes pensées économiques et politiques historiques aussi bien que récentes
François Facchini est professeur agrégé des universités en sciences économiques à Panthéon-Sorbonne et responsable du programme politiques publiques du Centre d’Economie de la Sorbonne.
CHRISTIAN CHOUFFIER
Voici un ouvrage très lourd et consistant traitant de la gouvernance des systèmes de santé et de la complexe articulation entre une logique purement libérale traitant la santé comme une « commodity » soumise à la loi du marché et une logique purement sociale qui, poussée jusqu’aux extrêmes , ferait fi des contraintes de coût et de limites de ressources. En s’appuyant sur des exemples concrets de systèmes de soins en vigueur, les auteurs font ressortir les limites de logiques jusqu’auboutistes privilégiant la logique sociale ou la logique purement économique. A cet égard, la recherche d’un « optimum incontestable » entre le social et l’économique apparait illusoire. En fait le système, adapté à chaque contexte, relève, au départ, de la perception du bien commun, par définition, subjective. D’un contexte à l’autre, les arbitrages d’allocation des ressources varient en fonction des priorités sanitaires, de l’importance accordée aux intérêts des offreurs de soins, de la prise en compte d’externalités positives associées à l’offre de soins.
Rédigé par 2 professionnels, Directeur d’hôpital et haut fonctionnaire, cet ouvrage magistral sur un sujet majeur offre un intérêt considérable.
DENIS MOLHO
La loi Pacte a instauré en 2019 un nouveau statut d’ »entreprise à raison d’être », qui implique des changements de sa stratégie, son organisation et sa culture, afin de la rendre plus responsable et durable. Cette transformation exige de la part de ses dirigeants des « actes de souveraineté », des « intentions fondamentales », une « volonté de rupture », un nouveau « jugement moral »…, car la transformation doit correspondre à un désir de laisser une « empreinte durable sur le marché ». Afin que le nouveau statut soit reconnu et pérenne, il doit être le fruit d’une longue réflexion « par cercles concentriques », de la part des parties prenantes de l’entreprise.
Les auteurs rappellent les théories et les textes qui régissent les entreprises à raison d’être. Ils montrent que ce statut dépasse les notions d’entreprise conciliatrice (Sainsaulieu), contributive (Terra Nova), inclusive (Castel), résiliente (Hamel), politique (Demurger), à misson (Hatchel, Segrestin), vertueuse (selon le cercle profitabilité- responsabilité – résilience) ? référencée ESG, labellisée ISR… L’ouvrage est enrichi de nombreux exemples (SODEXO, Bouygues, Décathlon, Danone, MAIF…) et de conseils méthodologiques (« bonnes pratiques »)
Jean-Noel Felli est enseignant à l’ESSEC et fondateur d’un incubateur. Patrick Lenain est économiste à l’OCDE et professeur associé à l’université Paris Est.
JJ PLUCHART
Une marque est faite pour être vue, reconnue. Elle doit être en cohérence par rapport à la stratégie d’entreprise. On a une stratégie et l’on souhaite faire passer un message. Le succès d’une marque repose plus sur la capacité à partager, à faire adhérer au projet. Mais que se cache-t-il en dessous de la partie visible de l’iceberg ?
C’est ce que nous découvrons tout au long de ce livre en s’interrogeant sur la place des marques dans notre société. Comme nous, la marque est un être vivant : elle naît, elle vit et elle meurt. Ce cycle de vie est repris dans les trois chapitres de cet ouvrage au travers de nombreux exemples en passant de la naissance d’Apérol à la mort de OUIBUS devenu 4 ans plus tard BlaBlaBus. Un ouvrage captivant qui permet au lecteur de s’interroger sur le rôle des marques et de passer ainsi de l’autre côté du miroir.
FLORENCE ANGLÈS
Le dernier livre de Luc ferry vient opportunément répondre aux questions que se posent les français sur l’écologie politique, après la conquête de plusieurs grandes villes de France par la « vague verte ». Le philosophe dépasse le clivage traditionnel entre deeps (révolutionnaires) et shallows (réformistes), en distinguant sept courants au sein du mouvement écologiste. Le premier réunit les collapsologues ou effondristes, qui prédisent une fin du monde imminente. Le second – baptisé alarmiste révolutionnaire – prône une décroissance économique et un retour à la low tech. Le troisième est également alarmiste mais plutôt réformiste, en défendant un développement durable et responsable. Les trois autres courants sont plus ciblés. Ils recouvrent les décoloniaux qui abattent les statues des conquistadores, les écoféministes, qui luttent contre l’oppression des femmes et de la nature, et les veganes, qui militent notamment contre la souffrance animale. Luc Ferry affiche sa préférence pour un écomodernisme, basé sur l’économie circulaire et le recyclage. Il semble considérer que l’innovation technologique et l’économie de marché ne sont pas incompatibles avec la préservation du genre humain et de la planète. Mais il s’oppose à la « modernité productiviste et technicienne ». L’ouvrage a le mérite de démontrer que l’écologie comble le vide laissé par les effondrements du communisme et de la religion. Il soulève, dans un style clair, érudit et élégant, les questionnements à la fois idéologiques, technologiques et politiques, qui animent actuellement – dans une certaine confusion – les débats entre les partis politiques.
Luc Ferry est philosophe, ancien ministre et auteur à succès.
.J-J.PLUCHART
Dans cet ambitieux ouvrage, la reconstitution de l’histoire du capitalisme est en fait l’histoire d’un monde dont les auteurs situent le début à la fin du XVIIème siècle, tout au moins dans sa composante collective. Pour souligner l’ampleur des mutations qui se sont opérées depuis cette période, ils avancent que la chronologie du capitalisme est soumise à de grandes inflexions qui se sont déployées à l’échelle mondiale suivant trois âges : l’âge du commerce, qui s’étend jusqu’à la fin du XIXème siècle, l’âge de l’usine qui dure un siècle pour prendre fin autour des années 1990 avec l’entrée dans un « troisième âge » : celui de la finance. Si cette manière de condenser plusieurs siècles de capitalisme en trois périodes est assurément commode, les auteurs n’en tirent pas de conclusion en forme d’assertion comme « c’était mieux avant », encore moins sur la question de savoir si d’autres formes d’organisation sociale seraient préférables. Prudence toute scientifique qui s’appuie sur des travaux récents, comme de grands auteurs (Weber, Marx et Braudel).
Pour rassurer ceux qui pourraient craindre que l’enquête ait été menée sur des bases profanes, de multiples insertions relatives à la théorie économique jalonnent le texte pour que les apports de l’analyse financière soient biens intégrés à la description historique.
Ce que rencontrent les sociologues en général dans leurs investigations, et les sociologues des organisations en particulier, ce n’est pas l’organisation idéale, mais plus prosaïquement des hommes et des femmes qui construisent cette organisation. Un intérêt de cet ouvrage – très complet – est donc de nous livrer, sinon nous rappeler par de nombreux exemples qu’il fut un monde (pas si lointain) où les principes de rationalisation mettaient en œuvre une organisation scientifique du travail (OST), qu’une famille d’origine lyonnaise fut à l’origine de ce qui deviendra EDF. L’histoire se poursuit…
Les auteurs sont respectivement directrice de recherche en histoire au CNRS et directeur de recherche en sociologie au CNRS.
A.BRUNET
Au moment ou le GIEC publie son nouveau rapport, le livre écrit par Christian Gerondeau (X ponts et ancien délégué général à la sécurité routière) nous apporte un éclairage sur de nombreux points :
-l’Europe est la seule à s’inquiéter de ce sujet. L’accord de Paris- ou plutôt « le désaccord de paris » – entre les nations riches et les nations pauvres, autorise les pays en voie de développement à accroitre à leur guise leurs recours aux hydrocarbures et donc leurs rejets de CO2.l’europe inflige à son économie des dépenses gigantesques afin d’avoir une influence significative sur les émissions planétaires. A titre d’exemple la France représente 0,25 % des émissions mondiales et l’objectif fixé de réduction de 40% des émissions françaises est tout simplement mortifère pour l’économie française.
-sans Energie il ne peut y avoir d’activité économique , et nous avons deux organismes dépendant de l’ONU :
LE GIEC-, organisme intergouvernemental- dont les 1250 membres initiaux étaient désignés par les ONG et les ministres de l’écologie et dans lequel ne siégeait aucun climatologue qui affirme que les énergies renouvelables pourraient répondre en 2050 à 80% des besoins en Energie de la planète Et l’AIE (agence internationale de l’Energie) – ainsi que les pays qui se sont engagés dans cette voie – qui affirme que le maximum auquel pourrait répondre les énergies renouvelables est de l’ordre de quelques pour cent. Les énergies fossiles représenteront encore 75% des besoins énergétiques de la planète en 2040.
-le taux de CO2 a été par le passé 4 fois supérieur au taux actuel. Les grands changements du climat
n’ont jamais été précédés de variations du % de CO2 dans l’atmosphère et la hausse de température de 1 degré qui s’est produite depuis 150 ans s’est produite avant 1950.
De nombreux scientifiques-dont le titulaire de la chaire de climatologie du MIT- doutent de la responsabilité du CO2 dans l’élévation des temperatures.la communauté scientifique n’est pas unanime sur ce sujet et 1000 scientifiques ont signé une déclaration pour faire part de leurs doutes adressée au secrétaire général de l’ONU.
Le climat est la résultante de phénomènes extrêmement complexes et encore très mal connus, la vapeur d’eau étant le gaz à effet de serre le plus important.Suite à la catastrophe de Fukushima la chancelière Allemande- sous la pression de ses écologistes dirigés par un ancien jésuite qui en a fait sa religion- annonce la fermeture des centrales nucléaires allemandes qui fournissaient 24% de leur besoin en Energie (à ne pas confondre avec leur besoin en électricité qui en représente 24%).
Aujourd’hui l’Allemagne est devant une impasse énergétique puisque ce sont les centrales à gaz, à charbon et les centrales nucléaires qui prennent le relais des énergies renouvelables intermittentes avec un cout du double de celui payé en France. L’Allemagne veut entrainer la France dans la voie de la fermeture des centrales nucléaires afin de ne pas apparaitre seule sur ce sujet. L’hydrogène d’origine électrique couterait dix fois plus chère que celle provenant des hydrocarbures. L’Allemagne devra prendre une décision rapide concernant sa production d’Energie car elle est devant une impasse. On comprend mieux l’empressement dont ils font preuve vis-à-vis de la mise en service du gazoduc nord Stream 2 – présidé par l’ancien chancelier G Schröder- qui sera une solution, mais au prix de quelle niveau de dépendance vis-à-vis de la Russie.
Les dirigeants de tous les pays en développement ont unanimement fixé – comme priorité absolue- de résoudre leur problème d’Energie et de procurer de l’électricité à leurs populations. La chine qui a freiné considérablement l’implantation des éoliennes sur son sol national – du fait de l’impossibilité de son réseau d’accepter leur production intermittente – se réjouit de voir disparaitre ses concurrents et s’empresse de financer les constructions de centrales à gaz et au charbon dans les pays en développement à la place des banques occidentales qui s’y refusent. Pas plus que les autres pays développés, l’Europe qui est à l’origine de l’émission de 10% des émissions planétaires ne peut avoir la moindre influence sur le climat.
Le cout des décisions politiques prises est considérable pour nos concitoyens. L’auteur pose deux questions : L’accroissement de la présence du CO2 est-il un phénomène nouveau dans l’histoire de la planète ? Les variations de la température terrestre actuellement constatées sont-elles différentes de celles du passé ? Et nous devons nous poser la question de savoir si l’Europe n’est pas en train de se saborder ?
MICHEL GABET
Ce livre s’inscrit dans une suite d’ouvrages du même auteur, relative aux questions écologiques : – Ecologie, la grande arnaque, – CO2, un mythe planétaire, – United nations climate liars, – Le CO2 est bon pour la planète, – L’air est pur à Paris et personne ne le sait, – Oui, vous pouvez acheter un diesel !
Titres évocateurs qui nous éclairent sur les positions tranchées de l’auteur depuis plusieurs années et qui vont se confirmer dans le présent ouvrage. Toutefois, ce livre n’est pas un pamphlet polémiste puisque l’auteur s’efforce de présenter dans une première partie, des vérités chiffrées sous la forme de seize points dénonçant «les idées fausses qui ont cours». La deuxième partie décrit la manière dont ces «idées fausses» ont prospéré depuis les années 1970 dans les instances internationales et principalement au sein des Nations Unies, au travers d’une de ses composantes, le GIEC. Ce groupement où règnent sans partage des ONG écologistes, «travestit impunément la vérité en affirmant parler au nom de la science alors qu’il la trahit». Car tout est faux selon l’auteur. C’est ainsi que nous découvrons, au fil des seize points, un certain nombre de chiffres et statistiques qui viennent en totale contradiction avec les affirmations des tenants de l’écologie, ceux-ci affirmant sans nuances que «la planète court à la catastrophe du fait des émissions de CO2, consécutives aux actions humaines et qu’il doit donc être possible de supprimer ces émissions». Ces seize points, qui auraient pu à mon sens être plus documentés dans une annexe, montrent entre autres que : Il est impossible de réduire à zéro la production de CO2 en 2050, lorsqu’on mesure en 2020 cette production à hauteur de 35000 tonnes par an (pour une production en 1970 d’un peu plus de 10000 tonnes par an) et que la tendance est haussière pour les prochaines années, due en partie à la montée en puissance des économies des pays en développement pour lesquels cette évolution est la seule possibilité pour sortir de la pauvreté. La transition écologique qui suppose que l’on se passe des hydrocarbures dans un avenir prévisible est un mythe. Il suffit pour cela de retenir les chiffres de l’énergie consommée en Europe en 2019 se décomposant en production électrique à hauteur de 22 % (dont un quart provient de l’éolien et du solaire) et le reste soit 78 % représentant l’essence, le fuel, le gaz naturel, le charbon … L’accord de Paris donne des objectifs de réduction de la température terrestre mais sans quantifier les moyens pour y parvenir, le mot CO2 n’apparaissant pas à la demande des pays en développement ! Pour son troisième rapport en 2001, le GIEC a demandé à de nombreuses équipes de spécialistes à travers le monde de leur présenter leurs prévisions d’évolution du climat en 2100. Le GIEC, après avoir éliminé arbitrairement les prévisions inférieures à un 1,4 degré d’augmentation (y compris les évolutions négatives), a retenu 245 réponses qui étagent leurs prévisions entre 1,4 et 5,8 degrés d’augmentation. Le communiqué de presse du GIEC précisait en synthèse que «les scenarios retenus envisageaient des hausses pouvant aller jusqu’à 5,8 degrés» (sans que personne ne sache sur quel base repose cette affirmation). – D’autres exemples viennent mettre à mal les chiffres du GIEC ou de l’AIE (émanation de l’OCDE) : les prévisions présentées par l’AIE en matière d’émissions de CO2 pour 2040 sont de l’ordre de la moitié des chiffres remis à l’AIE par chaque pays pour cette même échéance ! Malgré certaines redondances qui alourdissent le texte, l’auteur veut démontrer clairement les manipulations opérées par ces organismes dans leurs présentations officielles et déplore une forme de malhonnêteté intellectuelle et scientifique. C’est d’autant plus choquant que le GIEC laisse croire que son organisation se compose de scientifiques et d’experts, alors qu’il s’organise autour de responsables politiques et administratifs, sans aucun climatologue en son sein. Il fait appel à des experts externes à travers le monde, rarement des climatologues et il semble choisir les conclusions des uns ou des autres pour établir les synthèses qu’il souhaite officialiser. Tout ceci est très troublant voire inquiétant face à la doxa écologiste qui ne rencontre que peu ou pas de contradictions. On peut s’étonner qu’un tel livre ne rencontre pas l’intérêt des médias, toujours avides de lancer un tel débat, le moment étant pourtant approprié. Ce livre est agréable à lire et suscite notre curiosité pour en savoir plus.
XAVIER RADENAC
L’ouvrage vise à démontrer que la « finance verte » ou « durable », n’aura pas d’impact si elle n’est pas mieux encadrée et si ses concepts et ses pratiques ne sont pas étendus à l’ensemble de l’économie. Les auteurs rappellent les initiatives prises par les pouvoirs publics et les acteurs financiers pour orienter les investissements vers la lutte contre le réchauffement climatique : la loi du 17 aout 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte ; le rapport officiel Lefournier-Canfin visant à mobiliser la finance au service du climat ; l’obligation depuis 2015 de reporting des risques financiers ; le lancement par le Conseil de Stabilité Financière , à la demande du G20, de la Task Force on Climate-related Financial Disclosures (TCFD) ; la mise en place d’un groupe d’experts sur la finance soutenable par la Commission européenne ; le lancement par Paris Europlace de l’initiative « Finance for to morrow»…
Les auteurs soutiennent que ces dispositifs ne suffiront pas à « sauver le climat » pour les raisons suivantes : les marchés de capitaux ne sont pas suffisamment efficients et n’allouent pas les capitaux de manière optimale ; les obligations vertes ne se distinguent pas en pratique des obligations ordinaires et les fonds ISR se distinguent de moins en moins des fonds classiques) tant que l’économie fossile et la spéculation seront rentables, il y aura toujours des acteurs financiers pour y investir ; l’essentiel de l’activité financière s’exerce sur le marché secondaire et ne finance donc pas l’économie réelle ; pour exister, la finance verte ne peut se concentrer uniquement sur les activités propres car la part verte de l’activité économique est trop réduite. Il est donc nécessaire que soit mise en œuvre une politique globale comprenant, dans tous les domaines, interdictions, normes et règlements, fiscalité et… un plan massif d’investissements publics et privés.
Julien Lefournier est banquier et économiste. Alain Grandjean est un pionnier du calcul des empreintes carbone et est président de la fondation Nicolas Hulot.
J-J.PLUCHART
Les auteurs s’attachent à montrer que rentabilité et responsabilité ne sont pas contradictoires. Ils s’interrogent sur les conditions à réunir pour être une entreprise à mission, à raison d’être, à impact… Ils indiquent comment diriger une entreprise en poursuivant quatre familles d’objectifs : l’épanouissement des acteurs internes, la satisfaction des clients, l’impact sur l’environnement et la performance de l’entreprise. Ils rappellent que cette dernière doit conjuguer performance financière et responsabilité sociale, sociétale et environnementale. Ses activités doivent dégager sur une longue période un solde positif entre les externalités négatives et positives. Une externalité augmente ou diminue à la fois le bien être individuel et le bien commun. Les externalités négatives recouvrent principalement des préjudices sociaux et des atteintes à l’environnement.
Les auteurs engagent également une réflexion originale sur la mesure quantitative et qualitative des résultats financiers et des externalités. Ils considèrent que la comptabilité extra-financière ne pourra être sérieusement définie qu’après une validation des méthodes de mesure des impacts des activités des entreprises.
L’originalité du livre réside dans sa méthodologie. Les auteurs ont interrogé 18 entrepreneurs de la high tech sur les leviers de rentabilité et de responsabilité de leurs d’entreprises. Dans le secteur financier, ils ont questionné les leaders d’Alter Equity et de Lita.co ; dans le domaine comptable, les experts des cabinets St Front et du modèle care.
Benjamen Zimmer est entrepreneur et diplômé de Centrale supelec. Claire-Agnes Gueutin est enseignante en management.
J-J.PLUCHART
Partout dans le monde , mais en Europe en particulier, le « Religieux » questionne plus que jamais la laïcité tandis que le radicalisme islamique entretient les peurs du « grand remplacement ». La présence à Bruxelles de représentations officielles de différentes églises auprès de l’ Union Européenne marque leurs places historiques souvent majeures. L’influence religieuse est un fait incontestable, mais c’est un sujet paradoxalement peu étudié, sans doute laissé pour compte des grandes affaires géostratégiques, économiques et monétaires qui préoccupent l’ Union.
Lle Baron Philippe Guillaume, issue d’une vielle lignée de diplomates belges, fort d’une expérience exceptionnelle dans plusieurs pays aux cultures différente , propose de combler ce vide et d’ étudier, dans ce nouvel essai, le fonctionnement de l’Union sous l’angle religieux. Dans un style alerte et stimulant, l’auteur apporte ses éclairages sur les tendances qui ont conduit à la fondation de l’Union européenne et notamment sur la place prépondérante prise par l’ église catholique, qui au travers du message de Noël 1944 de Pie XII, a impulsé la création des partis démocrates chrétiens. Le cadre religieux de l’Europe détermine notre façon de vivre et de réfléchir, ainsi que notre échelle de valeurs. Depuis le moyen -âge, l’église catholique est la principale religion de l’Europe et c’est toujours vrai aujourd’hui :
Sur les 730 millions d’européens, 53% se déclarent catholiques (et autres chrétiens), 12%, protestants, 8% orthodoxes, contre seulement 2% musulmans et 23% athées et agnostiques. Si des différences quelquefois majeures peuvent exister entre les Etats membres, comme les traces de la présence du Royaume Uni , elles ne font pas obstacle au maintien d’un dénominateur commun autour du respect de la dignité humaine, la solidarité , la science , le progrès , hérité de l’Humanisme , de la Renaissance et de la philosophie des « Lumières ». tandis que le maintien et la transmission d’une foi vivante revient aux instances religieuses, aux théologiens ou simplement aux adeptes.
Ainsi, c’est sous cette influence, et sur ces partis démocrates chrétiens aidés par les socialistes que s’ est « trouvée l’énergie de construire l’ Union Européenne, une organisation supranationale qui a engrangé 70 années de développement économique et de paix » . A travers l’histoire très documentée de l’Europe vue sous l’angle religieux , et au vu de la positions des églises sur nombre de points de doctrine, Philippe Guillaume nous rappelle que l’ Europe abrite «une civilisation héritière de Rome et d’ Athènes, résultant d’un métissage culturel unique au monde, une terre de défi , d’aventures et .. d’avant toutes ».
JL CHAMBON
L’auteur montre que depuis les années 1980, les classes moyennes disparaissent progressivement dans la plupart des pays occidentaux. De « nouveaux clivages sociaux, culturels et territoriaux » se substituent à l’ordre ancien, marqué par la coexistence de classes dominantes, intermédiaires et populaires. Les élites du « 1% supérieur » font désormais face à des mouvements populistes plus ou moins récupérés par les partis politiques extrémistes. Les premiers sortent des meilleures écoles et universités tandis que les seconds enchaînent les formations plus ou moins qualifiantes. Les premiers se réclament d’un certain multiculturalisme, tandis que les seconds se communautarisent. Les premiers résident au cœur des métropoles tandis que les seconds peuplent les banlieues. L’immobilier des grandes villes s’apprécie tandis que celui des périphéries se déprécie. Les revenus des premiers s’envolent tandis que les salaires des seconds stagnent ou régressent. Le territoire se « citadélise et s’ethnicise ». Les politiques de redistribution et de « mixisation sociale» ne parviennent pas à réduire la fracture sociale.
L’auteur constate que les discours politiques et les études économiques s’efforcent de masquer cette réalité en soulignant la vigueur de l‘innovation, la résilience de la croissance, le recul du chômage…, tout en occultant la dégradation des niveaux de vie, le creusement des dettes, la flexibilisation des emplois… Il retrace les étapes de la précarisation des classes moyennes et populaires : les ouvriers (frappés par la désindustrialisation), les employés (par la digitalisation), les cadres (par la mondialisation), les jeunes et bientôt, les retraités.
Christophe Guilly conclut en prédisant le passage irrémédiable de « la société et l’a-société ».
J-J.PLUCHART
Les deux auteurs signent un ouvrage remarquable sur les divers événements qui ont marqué la « guerre à la fois totale et globale » contre le terrorisme islamique depuis l’attaque par al-Qaïda des tours du World Trader Center en septembre 2001. Ils analysent les stratégies et les tactiques des multiples groupes terroristes internationaux et locaux (Talibans, Al-Qaïda, Daech, Kebab, Boko Haram, Aqmi…) et de leurs nombreux pays cibles (principalement Etats-Unis, Royaume Uni, France, Allemagne, Espagne, mais aussi, Etats de la « ligne de front » au Moyen orient, au Magheb et dans le sud-est asiatique). Ils montrent que les organisations terroristes font constamment preuve d’adaptation aux actions anti-terroristes de plus en plus sophistiquées engagées par les pays occidentaux. Ils révèlent les erreurs commises par certains gouvernements dans leur lutte contre les terroristes. Ils ne se limitent pas à une rétrospective d’événements plus ou moins connus, ils observent également les effets systématiques de certaines actions (diffusion des idées, diversification des pratiques, prolifération des armes…) et se livrent à une réflexion prospective sur les menaces futures que font encore peser les 230 000 jihadistes encore actifs dans cette « guerre sans fin ». Ils évaluent à 800 000 morts les seules pertes humaines dans les « conflits américains » et à 6 400 milliards dollars les dépenses directes et indirectes des Etats Unis dans cette « guerre de vingt ans ».
L’ouvrage constitue un témoignage à la fois pionnier et de référence. Il est exceptionnel par la hauteur de son ambition (il couvre toutes les zones de combat), l’ampleur de sa documentation (il puise à la fois dans les fonds universitaires et journalistiques), la justesse de ses analyses et la clarté de sa rédaction.
Les auteurs sont des chercheurs spécialistes des questions de défense et de terrorisme à l’Institut Français des Relations Internationales. Marc Hecker est directeur de la recherche et de la valorisation et rédacteur en chef de la revue Politique étrangère. Élie Tenenbaum est responsable du Laboratoire de recherche sur la défense.
J-J. PLUCHART
Les théories économiques, les analyses, les solutions sont multiples et variées. Ce livre présente de façon accessible à tous, la richesse et le pluralisme en économie.
Après une description de la naissance de la discipline économique et des fondements de l’économie orthodoxe et hétérodoxe, l’ouvrage est ordonné autour des quatre concepts centraux que sont : le marché, la propriété, la monnaie et la finance. Ces concepts se déclinent en valeur, défaillance du marché, secteur public, entreprise, communs, politique monétaire, mondialisation et globalisation économique et financière, Union européenne, etc.
La présentation des idées est étayée de faits historiques importants permettant la contextualisation et le recul nécessaire pour une réflexion actuelle.
Ce livre est servi par une très abondante bibliographie, une généalogie détaillée, la mention de nombreuses personnes qui ont compté dans l’histoire économique. Ainsi le lecteur peut mener des réflexions verticale et horizontale.
M.GABET
Ouvrage fluide, facile à lire et écrit dans un Français remarquable. L’ouvrage développe, clairement, les thèmes des limites de l’analyse économique classique pour expliquer les méfaits de l’analyse économique classique. Notamment, l’ouvrage explique l’inadaptation de la théorie de l’avantage comparatif de Ricardo, au contexte actuel. Selon cette théorie, au fil du temps , les pays devraient se spécialiser sur des productions de biens et services à valeur ajoutée croissante. La transition devrait se faire, en douceur, selon ces théories. Or cela n’est plus le cas depuis une trentaine d’années. Il y a plusieurs raisons à cela.
En premier lieu, l’innovation et le progrès technique se diffuse à grande vitesse et à grande échelle. Ceci génère une concurrence exacerbée qui ,faute de pouvoir s’exercer sur des barrières technologiques, s’exece sur les coûts. La guerre des coûts, de main d’œuvre, notamment, fait rage et pousse à la baisse des prix. Nous ne sommes, en conséquence, pas près de retrouver une inflation forte, sauf pour des matières premières stratégiques et en manque. L’équation « maintien du niveau de vie-plein emploi- bonheur au travail « est difficile à boucler, la réalité étant plus « précarité-pression sur la performance-délocalisation… »
Aux gouvernants d’agir en conséquence au travers de politiques volontaristes et collectives.
Au total, un ouvrage intéressant, un peu pessimiste, méritant une deuxième lecture
Denis MOLHO
Laurent Izard traite un sujet actuellement très débattu mais inépuisable, portant sur les conséquences de la mondialisation sur le travail en Europe et plus particulièrement en France. Il retrace la montée de la « souffrance au travail » dans ses multiples dimensions : maladies professionnelles, troubles psychologiques, harcèlement, épuisement, mal-être, suicides… Cette souffrance est engendrée par de multiples facteurs – déqualification et précarisation des emplois, peur du chômage, course à la productivité, stagnation des salaires…- qui sont eux-mêmes imputables aux délocalisations d’activités, à la globalisation des échanges, à l’automatisation de certaines tâches, à l’e-commerce… L’auteur rappelle les théories économiques et les politiques publiques destinées à lutter contre le chômage et à relocaliser certaines industries, et il constate qu’elles sont toutes restées sans effets. Il critique les statistiques officielles sur le chômage, souvent limitées à des décomptes des actifs privés d’emplois (catégorie A). Il montre qu’au-delà de ce noyau dur, se développe un « halo » de non-inscrits à Pôle emploi et d’emplois précaires, qui conduit à limiter à moins de 20 millions les actifs satisfaits de leur travail (soit moins d’un tiers de la population française). Il estime que l’extension du télétravail va détruire en partie « l’écosystème de proximité des bureaux », constitué de commerces et de prestataires de services.
L’auteur considère que le travail doit respecter les rythmes biologiques et la vie familiale, qu’il doit contribuer à la vie sociale et donner un sens à la vie professionnelle et personnelle. Pour y parvenir, il préconise de « réinventer la mondialisation », en restaurant une souveraineté nationale en partie perdue, car, dans de nombreux secteurs d’activité, les entreprises ou leurs ressources sont contrôlées par des intérêts étrangers et où les deux tiers de la dette publique ne sont pas souscrits par des épargnants français. Il propose de mettre en place de « nouvelles souverainetés » et un « protectionnisme ciblé », en étant conscient que leur application exigerait une révision des traités européens et certains sacrifices de la part des consommateurs.
Les analyses sont logiques, solidement documentées et illustrées d’exemples concrets, ce qui rend la démonstration de l’auteur à la fois éclairante et convaincante.
Laurent Izard est enseignant-chercheur à l’Université Paris I.
J -J.PLUCHART
Les algorithmes ont pris place dans le haut du palmarès des peurs montantes, générées par notre « nouvelle société numérique » dans laquelle nous sommes sans doute définitivement installés. La crainte d’une perte de contrôle généralisée de nos vies liée à l’intelligence artificielle s’appuie notamment sur une méconnaissance des algorithmes qui rythment nos actes et les séquences de vie dans leur quasi-totalité (mobilité, santé, travail ,etc. ) .
En outre, la difficulté de compréhension, et plus encore la maîtrise de leurs subtilités, ajoutent à la confusion qui touche à leur utilisation et au danger qu’ils sont supposés représenter. « Les algorithmes sont au cœur du processus de décision dits automatisés ,qui concluent parfois à notre place ou arbitrent sur notre futur.. ». Aussi la question de leur régulation est-elle posée.
Aurélie Jean s’interroge dans ce nouvel essai sur la nécessaire adaptation de la loi à ce nouveau contexte et au comment est elle , pensée, appliquée, voire utilisée au sein même du système judiciaire? Avec le talent et le sens de la pédagogie qu’elle a su démontrer dans la publication de ses précédents ouvrages et dans ses développement très documentés , l’auteure montre que « si les algorithmes ne peuvent pas faire la loi , et s’ils ne disposent d’aucune personnalité juridique , ils l’influencent et en orientent désormais la pratique… ».
iI reste que les algorithmes sont comme la langue des hommes : « mal employés, ils deviennent une menace pour les principe de transparence et d’ équité, mais, bien maîtrisés ,ils peuvent au contraire , guider ceux qui font la loi et l’exercent dans une approche d’ égalité de traitement … ».
Aurélie Jean plaide donc pour « des lois souples et anticipatrices qui ne sacrifient en rien le progrès et en les pensant dans la plus grande objectivité scientifique, sociale et économique ». Cet objectif ne saurait être atteint sans des accords entre pays similaires permettant d’espérer une régulation mondiale et surtout en souhaitant «que la transparence inhérente à l’ exercice de la justice puisse rejoindre le champ des algorithmes afin de «permettre à chacun, citoyen ou législateur, de garantir l’harmonie, la justice et l’essor intellectuel au sein de nos sociétés ».
Les réflexions d’Aurélie Jean ouvrent le chemin d’un possible qui allie rigueur de l’analyse scientifique avec une vision stratégique lumineuse . Un essai incontournable pour tout public, étudiants , chercheurs et praticiens … que nous sommes tous .plus ou moins et souvent à contre cœur .
Aurélie Jean se partage entre la France et les USA. Docteur en science numérique , entrepreneure, chroniqueuse et auteur à succès (de l’autre coté de la machine ? l’Observatoire) est l’une des grandes expertes reconnues par ses pairs de la science algorithmique .
JEAN LOUIS CHAMBON
Aurélie Jean s’interroge sur la régulation et la réglementation de l’Intelligence Artificielle. Elle constate dans les législations américaine (le California Consumer Privacy Act) et française (le Règlement Général sur la Protection des Données), des vides et des flous juridiques qui exposent les entreprises et les particuliers à des risques de discrimination, de captation de données ou de perte de contrôle. Elle montre que les logiques des nouvelles générations d’algorithmes sont de plus en plus difficilement explicables et interprétables par les juristes et que leur encadrement nécessite l’assistance de scientifiques. Elle rappelle que « l’IA est à la fois une discipline et un outil de modélisation scientifique regroupant diverses techniques de représentation… ». L’IA permet notamment d’identifier une entité à partir d’images, d’anticiper des évolutions de phénomènes ou de détecter des fraudes.
L’auteure retrace l’historique de l’IA et analyse les diverses logiques explicites et implicites suivies par leurs concepteurs. Elle montre que l’effet « boite noire » observable dans les algorithmes implicites exploitant des données non supervisées, est inévitable et que certaines metadata non structurées exigent des tests préalables à leur traitement. Elle montre que les biais algorithmiques résultent de décisions humaines et ont donc pour origines des biais cognitifs ou des déviances comportementales. La plupart des biais sont dus à des projections statistiques de séries historiques, à des traductions erronées ou à de mauvaises formulations de problèmes Elle analyse les modèles qui ont marqué l’histoire de ces biais (manipulation de sondages par Cambridge Analytica, sélection discriminatoire d’Apple card, profilage biaisé de Google, recrutements orientés d’Amazon…).
Elle s’attache à montrer plus particulièrement les dangers de la justice prédictive (ou « algorithmisée ») qui est essentiellement basée sur le traitement de la jurisprudence. Elle redoute que les progrès de l’IA et la multiplication de ses acteurs (dont les « niveaux de langage » sont disparates ) risquent d’amplifier « l’opacité algorithmique » si les politiques et les juristes n’anticipent pas certaines fonctionnalités de l’IA. C’est pourquoi elle plaide en faveur d’un développement de la « maturité algorithmique » de l’ensemble de la société.
JJ PLUCHART
Le modèle – ou l’utopie – de « l’entreprise libérée » est à la mode. Il recouvre « une forme organisationnelle dans laquelle les salariés ont une complète liberté et responsabilité pour faire les actions qu’eux-mêmes, et non leur supérieur, estiment les meilleures » (Getz, 2016). Les douze co-auteurs s’efforcent de montrer, par des réflexions théoriques, des retours d’expérience et huit études de cas réels, que ce modèle contribue à donner du sens à l’action des salariés des entreprises. Le modèle traditionnel du management, basé sur l’autorité et le contrôle, a atteint ses limites. Les acteurs des organisations recherchent désormais plus d’autonomie, de responsabilité et de confiance, afin de pouvoir innover et s’adapter à des situations de plus en plus complexes et imprévisibles.
Les auteurs de l’ouvrage ont notamment cherché à comprendre l’origine, les principes et les modalités de cette forme alternative et controversée d’organisation. Ils montrent que la libération de l’entreprise peut avoir des effets contradictoires, dans la mesure où certains acteurs sont encore demandeurs d’encadrement, et où d’autres s’engagent dans des procédures disruptives parfois risquées. De nombreuses questions restent sans réponses, notamment sur la gouvernance de telles entreprises, dont les actionnaires privilégient généralement la rentabilité financière à court terme de leurs investissements. Or, aucune étude n’a démontré jusqu’à présent qu’une entreprise libérée était plus rentable qu’une entreprise traditionnelle.
Les auteurs sont des enseignants-chercheurs de l’IAE de Paris, des consultants en GRH et des dirigeants d’’entreprises.
J-J.PLUCHART
Professeur à l’université de New York et conseillère des démocrates américains de 2014 à 2016, Stéphanie Kelton présente dans son livre la Théorie Monétaire Moderne (TMM) comme étant LA solution de l’après-covid. Selon la TMM, un Etat souverain émet « quoiqu’il en coûte » sa propre monnaie afin de couvrir ses dettes et de combler ses déficits budgétaires. Ce processus hérétique est rendu possible par les taux d’intérêt actuels proches de zéro et le faible risque que la création de monnaie engendre de l’inflation. Dans le cadre de l’Union européenne, un retour au Pacte de stabilité n’est donc pas justifié car il serait destructeur de valeur productive. Stéphanie Kelton considère que la dette publique ne présente qu’un caractère historique car elle recouvre des déficits passés. Elle soutient qu’il faut « rééquilibrer l’économie » plutôt que le budget et redistribuer la valeur créée par le déficit. Elle déconstruit ainsi plusieurs mythes économiques. Le budget et la dette de l’Etat ne sont pas gérables comme ceux d’un ménage. Le rôle prioritaire de l’Etat est de répondre aux exigences sociales et environnementales, plutôt que de respecter des équilibres comptables.
Cette thèse est vivement combattue par les économistes néo-classiques et la plupart des économistes non alignés, en raison des risques de surenchères sociales qu’elle fait courir aux pays occidentaux et de sanction par les marchés monétaires et financiers.
J-J.PLUCHART
Henri Lagarde analyse les modèles sociaux qualifiés de « vertueux », comme celui du Danemark. Selon lui, la réussite danoise est moins due à la flexi-sécurité du travail qu’à des charges sociales supportées par les employeurs égales à 0, contre plus de 35 % en France. Au-delà du modèle danois, l’auteur identifie une dizaine de « pays phénix », ayant en commun d’avoir mis en œuvre une « politique de l’offre » : la Nouvelle-Zélande, la Finlande, les Pays-Bas, l’Irlande, l’Australie, la Suède, l’Autriche, le Danemark et l’Allemagne. Les entrepreneurs, les citoyens, les salariés y apprécient dans l’ensemble leur modèle social, bien que leurs contextes culturels, sociaux et politiques soient variés. Leur force est d’avoir su réformer et forger un véritable consensus social. L’auteur démontre ainsi que les actions volontaristes l’emportent sur les demi- mesures et les atermoiements.
Henri Lagarde s’interroge ensuite sur l’applicabilité à la France de telles réformes. Il estime qu’une baisse significative des impôts sur la production et du taux de base de l’impôt sur les sociétés n’est pas hors de portée. L’IS ne pèse que 31 milliards et frappe les profits, tandis que les impôts de production en représentent plus du double et pèsent sur l’offre. L’ensemble du modèle demande une remise à plat, car il décourage l’emploi et les activités industrielles. L’auteur propose également de réduire la part employeur des charges sociales, qui décourage l’emploi, et de compenser cette réduction par un relèvement de la contribution publique financée par des taxes sur la consommation et les revenus. Mais il préconise surtout une diminution des dépenses publiques, ainsi qu’une simplification et un meilleur rendement des services de l’Etat et des collectivités locales.
Le « modèle » social de la France serait à l’origine de son déclin économique. Les modèles des « pays phénix » lui montrent clairement la voie des réformes.
Henri Lagarde a dirigé des groupes dans les secteurs de la micro-électroniques et de l’industrie alimentaire.
J-J.PLUCHART
Le dernier livre de Jacques de Larosière est une magistrale leçon administrée aux gouvernants français des quatre dernières décennies. Son message est d’autant plus dérangeant qu’il n’émane pas d’un leader politique ou d’un économiste hétérodoxe, mais d’un financier mondialement reconnu. Avec un grand sens pédagogique, l’ancien gouverneur de la Banque de France et président de la BERD montre que la France « décroche » dans pratiquement tous les domaines : la baisse de la croissance économique, la chute de la productivité industrielle, la destruction d’emplois productifs, le recul de l’enseignement, la fuite des cerveaux, le déséquilibre du commerce extérieur, la baisse du pouvoir d’achat des ménages, le creusement des déficits budgétaires, l’envolée des endettements public et privé… La perception du déclin français est amplifiée par des références systématiques à l’Allemagne, le « meilleur élève » de l’Union européenne. Par quelques chiffres puisés aux meilleures sources, il analyse l’enchainement des facteurs qui ont alimenté cette spirale : la désindustrialisation accélérée, l’alourdissement des dépenses publiques, la montée de la pression fiscale, un centralisme bureaucratique dupliquant un « millefeuille territorial », mais aussi, l’instauration des 35 heures et le maintien de la retraite à 62 ans. Il souligne que les politiques successives de redistribution n’ont pas comblé la fracture sociale ni dissipé le « mal être des français » – perceptible dans les grèves et le mouvement des gilets jaunes.
Jacques de Larosière redoute la perpétuation, après la pandémie, du « quoiqu’il en coûte » et de « l’illusion monétaire ». Il rappelle que notre économie était déjà fragilisée avant la crise et qu’une remontée de l’inflation et des taux d’intérêt exigerait la prise de mesures fiscales et sociales difficilement supportables. Il alerte sur les multiples dangers de l’annulation des dettes publiques détenues par la BCE. Il en appelle au bon sens des gouvernants et des partenaires sociaux pour revenir à l’orthodoxie budgétaire et à la restauration de la rentabilité des entreprises. Son message est d’autant plus troublant qu’il a conscience de son caractère désespéré, en raison du tropisme électoraliste de la classe politique et de l’attachement des français à un modèle social malheureusement inadapté au « monde d’après ».
J-J.PLUCHART
Dans cet essai, l’auteur s’interroge sur les différents facteurs qui ont fait glisser, inexorablement, la France dans tous les classements internationaux concernant la performance économique et l’éducation. Le diagnostique, qui porte sur les 45 dernières années, est sans appel.
La croissance a décroché par rapport à la moyenne des pays de l’OCDE. En 1975 la France figurait au 5e rang mondial pour son niveau de vie par habitant, elle est aujourd’hui 26e. L’addiction à la dépense publique, à la dette, détruit notre compétitivité. La balance commerciale est déficitaire depuis 15 ans, le taux d’emploi reste critique. L’éducation, véritable levier pour l’épanouissement et la prospérité, est défaillante, avec, notamment des résultats plus que médiocres dans le primaire. La pandémie a mis en exergue la situation préoccupante de notre système hospitalier ainsi que les poids exorbitant de la bureaucratie et du centralisme étatique. Avant la pandémie, la France détenait le record mondial de dépense publique à 53,8% du PIB.
Notre incapacité, non pas à diminuer, mais juste à stabiliser notre dette, fait revenir sur la table les vielles tentations d’annulation de tout ou partie de celle-ci. Jacques de Larosière met en garde contre ces lubies et rappelle que seule une réforme en profondeur de nos finances publiques permettra de résoudre l’inextricable équation dans laquelle nous sommes. La Suède, l’Allemagne, le Portugal ont montré la voie. Il présente dans ce livre une série de recommandations, réfléchies, pratiques, ayant déjà subies l’épreuve de l’expérimentation internationale et recommande en priorité d’éviter de s’installer dans la facilité et la fuite en avant de la dette.
Jacques de Larosière, fut Président du FMI de 1978 à 1987, puis gouverneur de la Banque de France de 1987 à 1992 et enfin Président de BERD de 1993 à 1998.
Philippe ALEZARD
La lecture du dernier livre de C. Lepage et Ch. Huglo s’impose en cette période électorale marquée par des partis politiques se présentant tous en protecteurs de l’environnement et de la santé des citoyens. Les deux avocats français qui ont le plus défendu ces causes au cours des 50 dernières années, livrent leurs riches expériences des causes environnementales et sanitaires en analysant 50 affaires célèbres engagées à partir des années 1970. Pour ces affaires françaises ou internationales, ils présentent successivement les faits et les procédures, dressent des bilans et tirent des enseignements des jugements qui ont été rendus. Ces derniers ont été classés par grands domaines et par ordre chronologique. Les premières causes (1975-1995) portent sur les rejets de boues rouges et jaunes, sur les implantations et les rejets de centrales nucléaires, sur les lignes à haute tension, sur les routes et les autoroutes, la promotion immobilière, les aéroports, les décharges et les déchets. Au cours des vingt années suivantes (1995-2015), les auteurs présentent leurs combats contre les marées noires, les OGM, la protection des sites classés et l’exercice du principe de précaution. Dans une troisième partie, ils anticipent les procès de demain, au nom de la justice climatique et de la justice sanitaire.
Cette vaste rétrospective permet de mesurer les progrès accomplis et le chemin encore à parcourir dans la protection des hommes et de la nature. Elle montre l’intensité des luttes de pouvoir entre le bien public et les intérêts particuliers, entre le droit commun et les droits spéciaux, notamment le droit nucléaire. Le lecteur est surpris par la multiplicité des entorses au droit commun, par l’ampleur des zones de non droit, par les lenteurs des procédures et par la diversité des affaires encore pendantes.
L’ouvrage est rigoureusement documenté et rédigé dans un style didactique (les termes juridiques et techniques étant systématiquement expliqués) et sur un ton dans l’ensemble non polémique.
J-J.PLUCHART
L’ouvrage est construit autour des procès menés par le cabinet juridique des auteurs depuis une quarantaine d’années et montre l’évolution du droit environnemental de l’origine à nos jours par l’utilisation du droit commun. « le droit est une force » est le leitmotiv des auteurs.
La plupart de ces procès se sont en effet appuyés sur ce droit commun et les décisions rendues ont été petit à petit repris dans des textes de loi locales ou européennes.
Cette évolution n’a pas été facile et le livre montre bien les obstacles auxquels s’est heurtée, et se heurte encore la mise en place de ces législations. Il est intéressant de voir que le premier obstacle, et non des moindres a été l’Etat qui considère d’ailleurs toujours pouvoir décider unilatéralement de travaux (centrales nucléaires, autoroutes, aéroports, lignes THT) en traitant les règlementations qu’il a lui-même édictées de manière plus que cavalières et en mettant l’économie bien au-dessus des considérations environnementales ou sanitaires. « Ils ne font pas ce qu’ils disent » et « l’Etat n’est pas un honnête homme » Cette situation n’a d’ailleurs pas changé avec les alternances politiques, la gauche ayant été parfois pire que la droite et le gouvernement actuel détricote doucement ce qui a été accompli ! Un autre outil utilisé par l’Etat a été la nomination aux Hautes Autorités et Conseils de personnes notoirement biaisées en faveur de l’Etat ou des lobbies
Le deuxième obstacle de manière plus étrange a été et reste le Conseil d’Etat qui a retoqué presque systématiquement les décisions des juges locaux, plus proche des populations avec parfois des justifications étonnantes comme le fait qu’attendre qu’une décision de justice soit exécutée pour les citoyens n’était pas un droit et a systématiquement soutenu la position des gouvernements. Ces décisions ont cependant conduit à saisir les autorités européennes et à créer une législation qui s’impose aux Etats.
Le troisième obstacle est bien évidemment le pouvoir des lobbies des multinationales géantes sur les élus et les autorités ainsi que sur les organisations scientifiques où ils peuvent placer des personnes qu’ils rémunèrent. Ces lobbies sont pourtant bien décriés par les politiques quels qu’ils soient.
Bien entendu cet ouvrage est lui aussi parfois partial en ce qu’il défend bien évidemment la lutte écologique de Corinne Lepage et Christian Huglo, mais peut-on leur en vouloir ?
Corinne Lepage est avocate et a été ministre de l’Environnement et députée européenne. Elle préside aujourd’hui plusieurs associations nationales et internationales. Christian Huglo est ancien chargé d’enseignement pour le droit de l’environnement. Il est avocat et a créé et codirige le jurisclasseur environnement.
CHRISTIAN CHOUFFIER
L’ouvrage restitue les réflexions d’Emile Jalley (normalien, philosophe, professeur émérite) à la lecture des dix mille pages publiées au cours des dernières années par quatre auteurs : Thomas Piketty (économiste), Emmanuel Todd (démographe), Vincent Jauvert (économiste) et François Morin (journaliste). Ces derniers viennent compléter une galerie de 29 économistes, sociologues et politologues, de tendance hétérodoxe, qui portent des jugements critiques sur le système néo-libéral et proposent des programmes alternatifs de gouvernance de la planète. Les réflexions d’Emile Jalley sont classées par thèmes (historique, philosophique, politique, données et méthodes) puis par concepts-clés (contradictions, conflits, déterminisme, régression…). La lecture des 2 volumes exige une attention soutenue en raison de l’abondance des références et du gongorisme du style. Le titre du livre anti-néolIbéralisme est plus un constat qu’une critique de la gouvernance actuelle de la France, car selon lui, « la France n’a jamais su être néo-libérale ».
L’auteur perçoit dans les deux derniers livres de Thomas Piketty (Le capital au XXIe siècle et Capital et idéologie) un « humanisme étendu à la vie économique et sociale » qui l’apparente moins à Marx, Engels et Badiou qu’à Kant, Rancière et Rawls. Il rejette tout déterminisme historique mais cherche à tirer des leçons de l’histoire. Sa pensée fonctionne par « cercles concentriques alternant visions historiques et critiques de la structure du capitalisme », suivant le modèle du « cercle des cercles » de Hegel.
Le dernier livre d’Emmanuel Todd (Les luttes de classe en France au XXIe siècle) observe le déclin de la France – et notamment de son industrie – depuis le traité de Maastricht et la création de l’euro. Il l’attribue à l’excroissance d’un Etat bureaucratique qui contribue à creuser les inégalités et à freiner les initiatives. Il relève l’impuissance des partis d’opposition à « produire des constructions idéologiques solides ». Il constate un appauvrissement général de la population française « à l’exception du o,o1% supérieur »).
Les deux derniers livres de Vincent Jauvert (Les Intouchables d’Etat. Bienvenue en macronie et Les élites et l’argent sous Macron) critiquent la corruption de la République à tous les niveaux et dénonce la mainmise sur l’Etat de la haute fonction publique dominée par l’ENA. Il constate l’incapacité des gouvernements à « réconcilier les élites et les masses ».
L’ouvrage de François Morin (Quand la gauche essayait encore) retrace les controverses entre les différents courants du parti socialiste au pouvoir en 1981, après les nationalisations des banques et de la grande industrie. Il s’interroge sur ce que serait devenue l’industrie française si elle était restée nationalisée.
Les propositions de réformes de toutes natures avancées par les auteurs cités sont foisonnantes et parfois contradictoires. Elles ne remettent pas fondamentalement en cause l’économie de marché et l’Union européenne.
J-J.PLUCHART
Est-il raisonnable de ne poser aucune limite au développement frénétique des échanges ? L’être humain n’est pas un seul marchand, encore moins un entrepreneur de sa vie; la compétition n’est donc pas son seul credo. Michel FOUCAULT propose de cheminer sur des voies de traverse ; l’étude de la guerre économique doit jouer un rôle dans « l’édification d’un nouveau régime politique, économique, institutionnel de production de la vérité dans lequel la concurrence barbare n’aurait pas sa place.
Ainsi est fixée l’ambition de l’auteur-actualiser la pensée de FOUCAULT- qui structure son propos autour de : la guerre économique, angle mort des sciences humaines ; compétition économique, continuité de la guerre par d’autres moyens ; néolibéralisme, une idéologie des conflits. Il est temps de penser comment la conflictualité marchande perturbe la bonne marche du monde et quelle est sa part dans l’émergence et l’entretien du terrorisme. « Il existe un lien entre mondialisation et terrorisme ». S’intéresser à la guerre économique, c’est révéler un phénomène caché, en comprendre les mécanismes et en diminuer la nocivité, travail indispensable si l’on veut éviter que les catastrophes ne se transforment en cataclysme.
Le lecteur abordera des thèmes tels que l’art de la guerre dans les échanges commerciaux, le pouvoir de la norme ; savoirs, vérités, croyances et violences ; néolibéralisme nécessairement conflictuel ; droit américain, arme de guerre économique et enfin –résumant l’ouvrage et la prise de conscience-une compétition sans droit.
Etudier la polémologie économique, c’est mieux appréhender et corriger les injustices qui déstabilisent les sociétés.
L’auteur mène le lecteur parmi les mécanismes de la guerre économique pour les comprendre et contribuer à éviter les catastrophes qui semblent s’annoncer alors que les peuples et leurs élites n’ont pas nécessairement la stratégie ni la doctrine de sécurité économique pour y faire face.
Déjà primé par le jury TURGOT, cet ouvrage n’est probablement pas éligible cette année, mais il n’en est pas moins fort utile à une réflexion citoyenne.
Dominique CHESNEAU
Twitter est un réseau social fréquenté par les journalistes, les politiques et les communicants. L’information s’y fabrique et s’y diffuse rapidement. Il est facile de se laisser griser par le sentiment de puissance que ce réseau confère : « Je tweete, donc je suis, donc j’existe, donc je pèse. » En plus d’une décennie, Twitter a privatisé l’espace public offrant un lieu de liberté totale de parole à tout un chacun. Certes, la parole circule librement mais aussi violemment. Elle devient vite hors de contrôle et se transforme en une arène virtuelle où chacun veut avoir le dernier mot. Comment concilier la liberté individuelle avec le respect de tous ? La modération pourrait-elle être une option ?
Dans ce livre instructif, l’auteur apporte son témoignage, en décrivant au fil des pages et également des années, comment il est passé du statut de promoteur à victime de Twitter. Il nous met en garde contre les dérives potentielles de ce bel oiseau bleu, qui en déployant ses ailes, se transforme en un monstre cruel capable de tuer la démocratie.
Samuel Laurent est journaliste au Monde.fr
Florence ANGLES
Le dernier livre de Nicolas Lecaussin vient gonfler le courant de plus en plus torrentiel du french bashing. Il part du constat – souvent observé mais jamais suivi d’effets – selon lequel la France continue à donner des leçons au reste du monde, tout en étant un contre-exemple en matière de dépenses publiques, de déficits, de dette, de chômage, de grèves … Bien qu’en situation de plus en plus inconfortable, les gouvernements de tous bords (qui changent à chaque élection) continuent de vanter le modèle social français. L’auteur attribue cette arrogance à la constitution française de la Ve République, qui a instauré un régime de plus en plus centralisé, et à la tradition colbertiste qui a contribué à bureaucratiser les circuits de décision. Mais l’intérêt de l’ouvrage réside moins dans ce portrait à charge – somme toute banal – que dans la féroce galerie de portraits de leaders politiques et syndicaux dressée par l’auteur. Il dénonce les contradictions observées dans leurs discours et leurs comportements, notamment depuis la crise pandémique. L’accumulation de doubles langages et de paradoxes explique la perte de confiance des français dans la classe politique. Ce livre ne serait qu’un chant désespéré de plus sur l’état de la France, si l’auteur n’était le président de l’Institut de Recherche sur les Administrations Publiques.
J-J. PLUCHART
Dans le nouveau système capitaliste, l’évolution des technologies , modifie tendanciellement la structure des emplois en raison d’une recherche continue d’efficacité. Il s’en suit qu’ émerge une forme de « société de la sélection » ou les moyens technologiques et les modes de raisonnement remettent en cause les fondements même du marché du travail et les principes d’une société démocratique qui tend alors vers un capitalisme totalitaire.
Car «.. la technologie pousse toujours vers plus de technologie.. » , la polarisation se renforce avec le temps et se traduit par « ..une forme d’arbitraire en restreignant les choix possibles et en rationalisant les procédés… »
L’ Ere du « capitalisme-système d’information » ( capitalisme disciplinaire) s’est ouverte avec l’ingénierie des nouvelles technologies , de leurs moteurs de recherches qui analysent sans relâche la performance des collaborateurs et de l ‘ensemble des acteurs économiques. Si les innovations modernes peuvent constituer de formidables opportunités créant de nouveaux métiers et en enrichissant bien d’ autres , cela va aussi avec la disparition de ceux qui sont emportés par le vent de l’Histoire… la « destruction créatrice » chère à Schumpeter est à l’œuvre plus que jamais. Certes ,le thème du chômage technologique reste très contre-versée car les thèses qui s ‘affrontent sur le sujet font dans le « blanc ou noir « , rarement dans la nuance : soit les technologies vont totalement se substituer au travail soit au contraire elles créeront des emplois directs et indirects … les liaisons entre capitalisme et technologie restent dangereuses et les fondements sur toutes ces craintes sont loin d être utopiques.. beaucoup peuvent d’ ailleurs en témoigner : des chauffeurs de taxis face à Uberpop ,au kiosques à journaux et autres journalistes face à Google au disquaires face à Apple Etc..
Mais le risque serait de refuser de s’adapter en s’exposant à être emporter par la vague montante des inégalités qui accompagne la transformation des métiers et entretient l’ instabilité dans nos démocraties .
Aussi pour l’ auteur la création d’un « Revenu Universel » dont l’ampleur et le périmètre restent à préciser, permettrait de répondre à cette exigence de demande d e sens et de visibilité sur les carrières qui touchent la quasi-totalité des classes sociales en particulier la classe moyenne . un chemin pour échapper à une crise de la surproduction en anticipant sur les tensions aux conséquences sociales ravageuses .
L’auteur dépasse largement son analyse très documentée parfois sans appel des risques de la confrontation des technologies avec l’emploi et le capitalisme pour proposer un large éventail de pistes ( 14 messages susceptibles de répondre à ces défis.) il reste que les développements sur « la » solution du revenu universel , « simple revenu d’ existence ou véritable complément de revenu » ,restent un peu dans les généralités du sujet . Ils mériteraient d’ être approfondis notamment en termes de conséquences sociétales et culturelles sur les générations montantes et anciennes .
Pour « aller vers les métiers de demain » en gagnant la bataille du pouvoir d’ achat , chère aux « gilets jaunes », il faudra d ‘abord gagner celle de l’ emploi ,face aux technologies et à leurs liaisons dangereuses. « .. Les sociétés occidentales vont tendre vers une structure sociale en forme de sablier , creuse au milieu , c’ est à dire au niveau des classes moyennes , épaisse en haut et en bas , c ‘est à dire au niveau des postes à très haute qualification et ceux à basse qualification ,, une catégorie socioprofessionnelle correspondant à un emploi lié à un niveau de revenu.. » Le capitalisme technologique cannibalise le capitalisme industriel et financier .Il entraine les métiers vers des mutations profondes , lourdes pour l’ emploi.
Pascal de Lima Professeur en économie-, Sciences Po et Essec , très présent médiatiquement et l’ auteur de plus de 200 tribunes économiques .
Jean Louis CHAMBON
L’ambition de ce livre est d’apporter des réponses aux questions qui hantent aujourd’hui les démocraties occidentales : faut-il augmenter les salaires ? Comment faire de l’innovation une source de nouveaux emplois ? Faut-il favoriser les investissements d’expansion et d’innovation et limiter les investissements de rationalisation ? Comment éviter que la jeunesse soit une génération sacrifiée ? Faut-il parier sur une qualification des emplois ? Enfin, ne faut-il pas investir d’avantage dans le social ?
Les trois révolutions des dernières décennies, celle de Friedman conjuguée à celle du vieillissement et à celle du numérique ont conduit à de graves déséquilibres. La relance post COVID doit surmonter une insuffisance d’offre et de demande, des disruptions dans les chaines de valeur et quelques inadéquations entre les qualifications disponibles et celles qui seront nécessaires et une abondance d’épargne devant rendre particulièrement vigilant le choix des investissements d’avenir.
Ce livre se fonde sur la réconciliation entre Keynes, l’homme de la demande, et Schumpeter, celui de l’innovation et de l’entrepreneur. Les auteurs suggèrent six nouvelles répartitions des revenus, du travail, des qualifications, des innovations au sein de la société et de ses différentes générations, que peut établir une croissance durable, inclusive et partagée par tous.
Les auteurs insistent, avec fortes démonstrations mathématiques sur la création d’un modèle de la croissance développée dans un article de la Revue française d’économie en janvier 2021, (volume XXXV, n°3) cf INFRA[i].
La réconciliation entre Schumpeter et Keynes n’est pas une forme de « en même temps » comme le laisserait accroire le sous titre du livre ; il s’agit plutôt de l’émergence d’une nouvelle théorie fondée sur un état des lieux et sur des perspectives environnementales et démographiques questionnant les modèles passés de développement et de croissance.
Les solutions avancées sont directives et requièrent un engagement de l’Etat. Il ne s’agit pas d’un retour à la planification des trente glorieuses mais d’un rôle stratégique. A titre d’exemples,(1) la puissance publique devrait favoriser les investissements de développement et être neutre sur les investissements de « rationalisation », (2) les revenus devraient être orientés vers les couches de la population susceptibles de consommer, selon la méthode de H FORD annoncée en 1912…
La « nouvelle » théorie présentée dans l’ouvrage relève d’avantage de la rupture que d’une continuation du « meilleur des mondes précédents. Reste à mettre tout cela en musique, et ce sera le rôle du personnel politique.
Cet ouvrage s’inscrit résolument dans les débats de la prochaine campagne présidentielle.
- CHESNEAU
[i] La répartition du revenu entre le capital et le travail est considérée comme un problème majeur depuis Ricardo (1817). Une valeur de 1/3 pour la part du profit dans le revenu est souvent rencontrée et constitue un fait stylisé pour de nombreux modèles de croissance ; cependant, des différences significatives sont historiquement observées, habituellement dans un intervalle de 20 à 40% (Piketty, 2014). Cet article propose une explication théorique basée sur un modèle de croissance endogène et keynésien ; le point de départ est une idée de Kaldor (1972), la croissance économique étant le résultat d’une réaction en chaîne entre les accroissements de l’offre et de la demande. Ces accroissements sont liés aux investissements décidés par les entrepreneurs et dépendent de la demande effective et de l’efficacité marginale du capital. Il est démontré que les états réguliers de ce processus ont trois principales propriétés inattendues. Premièrement, le taux de croissance de la production est une fonction linéaire du taux de croissance de l’emploi et du taux d’investissement net, les élasticités dépendant de la part du profit dans le revenu et de la productivité de l’investissement de capacité. Deuxièmement, le « nombre magique » de 1/3 est théoriquement justifiée quand la croissance du salaire est indépendante de la croissance de l’emploi. Troisièmement, une part du profit supérieure à 1/3 conduit à un ralentissement économique. Les enseignements théoriques sont cohérents avec les faits stylisés établis par des économistes et avec la réalité de l’économie américaine de 1961 à 2018. Ces résultats montrent l’intérêt de cette voie de recherche. Les principales implications macroéconomiques soulignent l’importance sur le long terme de la demande globale et le rôle clé joué dans le processus de croissance par la part du profit dans le revenu.
Dominique CHESNEAU
Si « une vie ne vaut rien , rien ne vaut une vie.. » aimait à rappeler André Malraux.
C’est sur cette conviction largement partagée que s’est construit ce lieu commun qui voudrait que : « la vie n’ait pas de prix.. » Mais cette considération hautement philosophique s’accompagne d’une opacité sémantique qui superpose dans les esprits , « la valeur » , morale , éthique , avec le « prix » » pécuniaire, monétaire- économique et social qui reflète en miroir l’ autre face de Janus de ce sujet.
De cette réalité peu discutable est naît un tabou , celui du lien entre l’argent et la vie , pourrait-on dire , entre matérialisme et spiritualité.. Il reste toutefois de plus en plus difficile à nos concitoyens même pour les plus réfractaires à l’économie de marché « attribuant un prix à tout » ,de concevoir que pour autant la vie n’ a pas .. un ..coût.. direct, caché ,inconscient… La terrible pandémie mondiale que nous venons de vivre est venue rappeler à nos concitoyens que le prix « monétaire » de la vie pouvait devenir exorbitant , confère l’état de notre endettement et de nos finances publiques .
Dans ce nouvel essai à portée fortement pédagogique , l’auteur plaide pour une plus grande clarté sur l’appréciation de la valeur de la vie et notamment en apportant de lumineux éclairages sur les raisons qui font que cette valeur diffère , d’une administration française à une autre , d’un pays dit développé à un pays appelé « pauvre » , comme entre classes sociales , d’âges ou de différence de sexe etc.. De nombreux exemples viennent montrer que tout décideur va devoir de plus en plus sortir de sa zone de confort moral et intellectuel , placé devant « … l’abîme de ses choix …» :
Il en va ainsi , par exemple, du développement des voitures autonomes : elles devront intégrer des logiciels et autres algorithmes qui détermineront « à priori » des directives éthiques qui induiront des choix soit ,en mode « égoïste » , ( visant à protéger le conducteur -passager ) , soit , altruiste » ( sauver le piéton) , soit, « utilitariste » tendant à réduire le nombre final de victimes avant toutes autre considérations..
Ainsi de plus les sources de conflits entre l’intérêt individuel et le bien commun surgiront sur le chemin du prix et du coût de la vie et de son évaluation matérielle. Au fil de chapitres particulièrement documenté , l’auteur montre en quoi les tribunaux et le droit français sont inadaptés à ces nouveaux enjeux , quelle incidence peut avoir le prix du soin sur les pratiques hospitalières et le terrible risque du « tri » conscient ou inconscient des patients Le temps est venu pour engager la France dans une gestion plus cohérente de l’ ensemble des risques connus (alimentaire, écologique , industriel ,nucléaire, routier sanitaire , technologique terroriste) , et autres…« inconnus ».
Nul doute que les économistes ont un rôle majeur à assumer dans ce défi pour conférer à chacune de nos vie une valeur et un prix en toute transparence et responsabilité. Jérôme MATHIS avance en éclaireur de grand talent sur ce chemin … c’est aussi l’ un de ses grands mérites
Jérôme MATHIS Professeur d’ économie et finances à l’université de Paris-Dauphine .Prix du meilleur jeune chercheur en Economie ?auteur de plusieurs ouvrages et anime le blog « la finance au cœur de nos vie ».
Jean-louis CHAMBON
La prise de conscience liée à la pandémie permettra – t –elle d’ éviter une nouvelle guerre des monnaies ? Après la pandémie, avec l’émergence d’une forme de délire porté notamment par les technologies autour des crypto-monnaies et l ‘explosion des dettes et des liquidités , vers quelle nouvelle guerre ou ( paix) des monnaies se dirige le monde ?
Force est de constater que sur « le front des monnaies » les trois grandes, le dollar , l’euro et le yuan , adossées aux grands continents sont comme le démontre l’ histoire ,étroitement mêlées. Leurs poids relatifs dans les échanges internationaux n’a que peu varié : la devise chinoise ne s’est toujours pas acquis un statut international et à même régressée en part de marché ( 5% environ) à hauteur de celle du Yen japonais et ,si ,l’ euro a su montrer sa capacité à challenger le dollar et a fait beaucoup progresser sa part de marché ( estimée à 25%°) , la suprématie d e la monnaie US reste entière , en conservant plus de 60% des échanges commerciaux et 80% de ceux des devises. Quant aux DTS , ce « panier de monnaies » qui était pressenti comme LA monnaie de réserve nouvelle du xxe siècle , leur part est restée relativement marginale .
Sur ce plan donc rien de bien nouveau, si ce n’est que ce risque de déflation qui prend de plus en plus d’ampleur , alors même que les Etats avancés sont engagés dans une politique de « quoiqu‘il en coûte généralisée » , de relance à des niveaux jamais connus , et de poursuite de mesures non- conventionnelles des Banques centrales , les règles , du système monétaire et financier permettant de faire fonctionner une économie ouverte , mondialisée devraient être pour le moins repenser.
L’auteur s’attache à définir , les défis qui devront être relevés pour trouver une nouvelle « pax » mondiale , à l’ instar de ce qui fut conçu aux siècles précédents avec les « pax britannica et americana. » Cette nouvelle édition ,revue et actualisée est augmentée de deux contributions exceptionnelles par leur densité et leur vision : – l’une décrivant le contour de la monnaie du xxi e siècle et du système monétaire international , tels que l’auteur les envisage. L’autre , qui prend la forme originale d’une fiction ,décrit minutieusement ce que pourrait être le monde en 2029 .. ( 100 ans après la grande récession de 1929)… Un exercice dans lequel Jacques Mistral parait exceller et prendre un grand plaisir , mais qui fait toucher du doigt les risques qui pourraient avoir poussé nos économie vers.. l’abîme ..si : « ..collectivement, nous nous montrons incapables d’imaginer et de mettre en place un système monétaire digne du xx1 e siècle comme Keynes avait tenté de le faire avec Bretton woods.. pour l’après guerre.. » .Avec le grand pouvoir de conviction qu’on lui connaÎt et des arguments qui ne peuvent laisser insensibles , l’ auteur plaide pour que les DTS puissent enfin répondre à cette ambition . Pourquoi pas ? …. les rêves finissent toujours par rejoindre la réalité. Une analyse remarquablement documentée et très actuelle, qui intègre les aspects historiques , économiques et géopolitiques du sujet. La forme peut paraître un peu concentrée dans ce format folio, cependant largement compensée par une grande élégance de style et une plume très alerte. Ce nouvel essai , d’un des plus grands experts et chercheurs contemporains de l’ économie internationale et de la conduite des politiques économiques , est , tout simplement immanquable .Il marquera durablement par son sens de la pédagogie , l’ étendue et la finesse des analyses , l ‘état de l’ art en la matière : précieux pour tous publics , étudiants , professionnels et chercheurs . -un extrait :« … la leçon économique de cette période ( 1930) c’est que , la déflation une fois amorcée , les autorités publiques perdent tout contrôle de l’ activité économique ; la politique monétaire est impuissante , puisque, on le sait : « … on ne pousse pas avec une ficelle..
L’auteur : économiste français , polytechnicien, agrégé de droit et de sciences économiques, enseignant à Sciences Po , à l’Ensae , puis à Harvard et aux universités du Michigan et à celle de Nankin . Chercheur à la Brooking Institution et à l’IFRI. Auteur prolifique maintes fois distingué , dont le Prix Turgot du meilleur livre d ‘économie financière en 2015 et comme lauréat de l’ Association Française de science économique.
Jean- louis CHAMBON
Ancien de Tetra Pak, Renault Trucks, Volvo et GL Events, Pascal Montagnon rejoint en 2014 le Groupe INSEEC (écoles privées de Management, Ingénierie, Communication et Sciences politiques) et il en prend la direction de la Chaire de recherche Digital et Intelligence Artificielle en 2016. Professeur en stratégie et management et conférencier dans le domaine de l’intelligence Artificielle et de la digitalisation des entreprises. Sur le même sujet il a déjà écrit 3 essais : Intelligence artificielle : demain est déjà là (2018) Éditions La Charte, Intelligence artificielle, l’être humain maître du jeu (2019) Éditions Edipro et Intelligence artificielle : Réflexions pour une éthique responsable (2020) Éditions Eska.
L’auteur part d’une croyance assumée au sujet des outils numériques comme « catalyseurs de croissance » et de performance. Plus particulièrement l’Intelligence Artificielle (I.A.), au cœur de ses œuvres, prend une place de solution à tous les problèmes, quelle que soit la taille de l’entreprise et la nature de son activité.
Si sa lecture des enjeux réglementaires, organisationnels, sociaux et géostratégiques est bien amenée et argumentée, le parti pris de l’inéluctabilité de la technologie comme seule planche de salut et panacée semble ne reposer que sur une position plutôt dogmatique et centrées sur les grilles de lecture occidentales.
L’auteur fait par ailleurs une panoramique plutôt large des dernières tendances, y compris en dehors de l’I.A. telle la blockchain et les questions de sécurité et protection des données et systèmes d’information, ou le calcul quantique, avec une volonté d’exhaustivité frôlant l’encyclopédisme.
ANDREA BURGIO
L’Abondance est restée longtemps comme rien d’autre que l’un des grands mythes de l ’Humanité. L Depuis la nuit des temps, la réalité quotidienne de la condition humaine était plutôt faite de Rareté et, l’exigence de la survie alimentait largement les préoccupations de tous les instants : L’abondance c’est l’assurance de ne pas connaitre la disette, la malnutrition, mais la logique de « la Corne d’ abondance » voudrait qu’elle soit satisfaite par une juste et maitrisée quantité de production.
Par son génie , les découvertes , les innovations et les progrès qu’il a su entreprendre , l’ être humain a su s’offrir une entrée dans ce pays de Cocagne : Il a appris « ..à mieux exploiter les terres, à repousser la faim et le froid , à accéder à l’ instruction et à inventer la Société de consommation et de loisirs .. »
.Comme l’avait pu imaginer dès 1930 le grand maître John Meynard Keynes : « le problème économique peut être résolu d’ ici cent ans , disait –il … ainsi l’homme pourra pour la première fois depuis sa création faire face à ce problème : comment occuper cette liberté arrachée aux contraintes économiques, comment occuper les loisirs que la science et les intérêts composés auront conquis pour lui.. de manière agréable sage et bonne ? .. mais nous ne pourrons voir venir l’ère de l’oisiveté et de l’abondance sans craintes .. car nous avons été entrainés pendant trop longtemps à faire ..effort et non à jouir … ».
Si la mondialisation-globalisation nous a permis d’oublier largement nos peurs primitives « .. disparaître , manquer , souffrir. » , elle en a fait naître de nouvelles en même temps qu’ apparaissaient de nouveaux défis en termes, d’égalité , de solidarité ,de protection de l’environnement et des ressources de la Planète… des problèmes de riches, en effet ,mais pas seulement ! Certes nous travaillons de moins en moins , nous vivons de plus en plus longtemps , ,les prix baissent, l’argent bon marché coule à flots ,les ressources minières contrairement à une idée reçue ne sont pas rares et l’accès aux biens élémentaires progresse ,bien qu’ encore trop lentement ,partout dans le monde … . L’humanité n’a jamais été aussi riche ,ce qui a autorisé cette réflexion du Président Obama : « ..si vous aviez à choisir n’importe quel moment dans l’ histoire pour naître , sans savoir vos conditions de naissance , vous choisiriez maintenant.. », mais l’ Abondance n’évite pas les crises.. et François- Xavier Oliveau en met trois principales en lumière :
– la crise de la Terre : « … Nous avons réussi ce paradoxe de rendre abondantes des ressources finies.. » .. mais les sols sont endommagés et pollués par la façon dont nous les exploitons et les océans abriteront bientôt (2050) plus de plastiques que de poissons… l ‘écosystème est en souffrance.
– la seconde crise est celle de l’ Argent : la monnaie coule à flots mais le monde est surendetté , et c’est la richesse des mieux nantis qui, à travers la ,valorisation des actifs progresse le plus ; tandis que les inégalités s’accroissent et qu’une partie de l’ humanité reste dans la précarité relative.
Troisième crise ,celle de l ‘Homme : De sa place dans la société par le travail , face au télétravail , à l’ intelligence artificielle, aux robots ; la peur de la fin du travail ,et/ou de la perte de sa « valeur » se substitue à nos peurs primitives : une crise à la fois économique et morale est devant nous.
L’auteur propose des éléments de réponse pour traiter ces trois crises majeures, simultanées, aux enjeux immenses ,qui font peser le risque de voir basculer une frange entière de la population dans le déclassement et la révolte ..confère les Gilets jaunes . Dans ces analyses très fines économiques , sociologiques et sociétales, parfaitement documentée , marquées de l’ empreinte de la pensée de « l’ ingénieur » ,l’auteur identifie les mécanismes de l’abondance et propose de nouveaux outils à mettre à l’œuvre pour l’apprivoiser : « la principale révolution est mentale.. elle consiste à regarder de façon radicalement différente les concepts ancrés dans nos inconscients liés aux temps de la rareté, avec le travail , l’inflation la déflation ,la croissance etc.. » . le fil d’Ariane de ses propositions s’appuie sur une logique constante : il faut distribuer l’ abondance : Un dividende monétaire ( donner de l’argent à tous ) , «.. une idée invraisemblable mais une histoire sérieuse.. » qui s’inscrit sur une ligne voisine de la théorie de la » monnaie hélicoptère « et par extension de celle du « revenu universel » : il s attache méticuleusement et de façon très convaincante à en lever les principales objections , financières et morales par ce raisonnement nouveau , celui de d e l’ abondance, qui succèderait radicalement à celui de la rareté. C’est une urgence, considère l’ auteur « ..car le situation politique et sociale dans les pays riches aura tout d’une poudrière .un tel creusement des inégalités( et la crise de la Covid l’ a accentuée)° ne peut qu’ alimenter tous les délires , toutes les tentations populistes. Les élites qui auront laissée progresser une situation injuste , faute d’avoir compris les règles de l’ abondance, seront rejetées.. ». la crise de l’ abondance exige d’en déduire des politiques radicalement nouvelles.
Dans ce nouvel et stimulant essai, François – Xavier Oliveau apporte de la rationalité , dans une approche rigoureuse « d’ingénieur » , sur un sujet qui le plus souvent prête le flan à toutes formes de dogmatismes , politiques , économiques ou moraux. Il rejette à la fois l’idée « .. d’une impossible croissance infinie » et d’une décroissante mortifère ,en esquissant les grandes lignes d’une troisième voie celle d’une gestion plus juste et plus intelligente de l’abondance. « la pression sur les prix liée à la crise de 2020 appelle à la mise en place des dispositifs d’injection monétaires . La première Banque Centrale qui osera le faire sera…rapidement copiée par les autres, sous un format ou sous un autre , l’injection monétaire directe s’étendra alors rapidement et deviendra la brique de base des politiques monétaires au XXIe siècle. »
Francois –Xavier Oliveau, diplômé de Centrale, de Sciences-Po et d’Harvard, Conseil en transition Ecologique ,et auteur lauréat du Grand Prix du Jury du Prix TURGOT pour son ouvrage « Microcapitalisme» paru en 2017 (PUF)
Jean Louis CHAMBON
« … Le capitalisme ? C’est comme le Temps. Si personne ne me le demande, je le sais. Si je veux l’expliquer à qui me le demande, je ne le sais plus. Mais on peut se risquer à l’associer au mot combat ! »
L’auteur de cet opus éclectique et serré replace l’économie dans sa nature de science sociale, et en convoque les acteurs majeurs et l’élitisme paradoxal qui l’anime aujourd’hui.
Il fouille véritablement en historien et mémorialiste le capitalisme dans sa si longue épopée.
Sa manière d’entrer dans le sujet avec ardeur et hauteur va au cœur de la question et des enjeux, pour la clore sur le dilemme qui donne à entrevoir la distance à franchir, non sans quelques crochets.
De fait, le capitalisme, sous sa forme libéralisée et financière, conduit à une instabilité croissante et des crises économiques à répétition, fort détachées de l’impératif de justice sociale et d’épuisement des ressources.
La réalité du capitalisme mondialisé est restée une machine à produire des inégalités mondiales.
Il est moins l’économie de marché que sa dénaturation, et sa plasticité se décline de manière stupéfiante, jusqu’à repenser un compromis social plus équitable pour s’opposer aux nouveaux gagnants de la mondialisation.
Étonnamment, l’arbitrage coûts-bénéfices à l’œuvre, ne répond-il pas avec le choix du confinement et la mise à l’arrêt de la production, à un renversement des hiérarchies sociales par une vision lucide sur la valeur d’une vie humaine, évaluée en France autour de trois millions d’euros en termes de richesse potentielle ?
Arnaud PAUTET, citant MILANOVIC, met en exergue l’existence d’un incroyable avantage qui se traduit par le fait que 60% du montant du revenu perçu par un individu dépend du pays dans lequel il vit ; 20% de son origine sociale et que seulement 20% tient au mérite. Dans cet univers capitaliste éclaté, et qui nous demande de ne pas laisser nos cerveaux au vestiaire, la fin des choses n’est pas encore venue !
Arnaud PAUTET est agrégé et docteur en histoire contemporaine. Il est professeur en classes préparatoires commerciales au lycée Sainte-Marie de Lyon où il enseigne l’histoire, l’économie et la géopolitique.
Avec la collaboration de Francis PLANCOULAINE, professeur agrégé de sciences sociales enseignant l’économie, la sociologie et l’histoire en classes préparatoires commerciales.
Freddi GODET des MARAIS
Entre bien d’ autres maux , La crise de la Covid 19 a montré l’ addiction de notre société ,et,. « ..notre appétit insatiable , notre soif inextinguible… » pour une consommation effrénée , en temps réel , accessible 24 heures sur 24 , 7 jours sur 7..
Mais ,avec le confinement à répétition nous avons redécouvert la notion de manque, de lenteur , la patience , la frugalité , le silence et le calme dans les villes .. fort de ce constat l’ auteur analyse cette « révolution » de notre modèle économique comme celle d’un passage d’ une économie de masse à une économie dictée par la demande .
Dans cette nouvelle ère , le consommateur devenu roi , impose aux entreprises de se réorganiser , de devenir plus agiles ,et ce très largement au détriment « des travailleurs » .Sous nos yeux nait et prospère une société de surabondance , ( déjà conceptualisée par François- Xavier OLIVEAU°) caractérisée par le gaspillage des ressources , la hausse des inégalités et une course folle vers le « toujours plus » .
Le dogme productiviste :- extraire, produire, consommer, jeter- fait courir des risques inédits pour la Planète. l’auteur examine dans ce brillant nouvel essai les voies et moyens susceptibles de modifier ces comportements impulsifs jusqu’ à espérer modifier la logique du système capitaliste pour le rendre plus inclusif et plus équitable..
Quelle place pour l’Etat dans ce nouveau défi ?, quel syst7me de protection sociale à repenser ?
Les réponses de Denis PENNEL s’inscrivent sur l’ axe de la refonte de notre contrat social et celui de la règle des « 3M » .
Recréer du lien, renouer le dialogue social, combattre la marchandisation du travail pour parvenir ((enfin !!) à un capitalisme plus humain. Les propositions et la vision de Denis Pennel sonnent justes : Jean Louis CHAMBON
L’auteur analyse les forces et les faiblesses de l’Europe post-industrielle confrontée aux ruptures technologiques du début du XXIe siècle. Il considère que la notion de société post-industrielle est trompeuse et il lui préfère celle de « société post-digitale » basée sur de nouveaux équipements industriels, capacités de production et infrastructures. Selon lui, le monde occidental connaît la fin d’un cycle dominé par les technologies de l‘information pour entrer dans celui d’une renaissance industrielle placée sous le signe de l’urgence écologique, de l’accélération de l’innovation technologique et de la fusion de l’espace cyber-physique. Il perçoit dans la décennie 2020-2030, les signes d’un renouveau comparable à celui de la décennie 1920-1930. Il ressent un « vent d’optimisme » après la période récente de tensions et d’espoirs déçus. Les « entreprises digitale native » seront désormais fondées sur les usines 4.0, l’impression 3D, l’Internet des Objets, les modèles phygitaux, la réalité augmentée, les énergies renouvelables, la blockchain, l’Intelligence artificielle… Cette industrie « nouvelle génération » devrait constituer un projet fédérateur pour l’Europe, qui pourrait ainsi connaître une véritable renaissance. Il préconise de renoncer à l’industrie « technocentrée » et de construire une économie basée sur le développement humain. Il est cependant nécessaire que les européens – et notamment les français – effectuent un « reboot « de leurs modes de pensée. Il ne voit pas l’intérêt de relocaliser des industries matures ou obsolètes, et conseille plutôt d’investir dans des industries innovantes, comme les biotechnologies, la mobilité décarbonée, les bâtiments intelligents, les villes de demain… Il invite donc les décideurs publics et privés à reconstruire des chaînes de valeur plus régionales que globales.
Nicolas Pétrovic (ESCP, INSEAD) est président de Siemens France et Belgique.
J-J. PLUCHART
« …Attention au déséquilibre engendré entre le réel et le Toc, si létal pour l’économie»
Les auteurs de cet ouvrage dense nous enjoignent d’appliquer une vrai coupure et une méthode face aux bouleversements et incessantes remises en questions de cette oppressante pandémie coronavirus qui n’a pas infecté que la sphère de la santé.
Ils en appellent au compromis sur la base d’une exigence de justice sociale, de la classe ouvrière aux couches dirigeantes, comme une condition de la cohésion française.
Ils la nomment « entreprise cohésive », et lui vouent une ambition de transformation radicale de la société toute entière, déclinant le cahier de doléances en deux impératifs politiques et quatre exigences sérieusement argumentées.
A cet égard, l’horizon souhaitable n’est assurément pas la fin du salariat fantasmé par certains, mais plutôt une implication plus grande des salariés, singulièrement des nouvelles générations, dans leur entreprise à travers l’actionnariat et la gouvernance associée.
En fait, il s’agit avec pragmatisme de partager la richesse là où elle est créée plutôt que la redistribution a postériori, en élargissant la propriété privée ! Voilà l’idée neuve.
L’enjeu vise à éviter à plus large échelle le basculement de centaines de millions de personnes dans une pauvreté radicale
Pour Christian Pierret et Philippe Latorre, La voie qui s’offre à notre pays est politique.
La logique de confrontation doit laisser place à une politique de co-construction sur le mode social-démocrate, car ce qui est en cause c’est l’adaptation des entreprises à une économie post-covid et plus favorable au progrès de la parité.
Etant englué jusqu’à l’étouffement dans des conjonctures excentriques, cet ouvrage est stimulant, énergique et retient l’attention !
Il propose une issue lucide et plus heureuse à l’impasse.
Christian Pierret est avocat et administrateur de jeunes entreprises innovantes. Il a été haut fonctionnaire, député, rapporteur général du budget à l’assemblée nationale, maire, et ministre en charge de l’industrie de 1997à 2002.
Philippe Latorre, cofondateur d’un fonds dédié aux PME françaises, a une longue expérience des fonds d’investissement. Il apporte son expertise à un cabinet d’avocats et exerce une activité de conseil auprès des salariés.
Freddi GODET des MARAIS
On connaît bien ces deux auteurs, plutôt classés à gauche, qui avaient publié en 2017, « Réinventer la Social-Démocratie. Tous deux avocats, ils connaissent très bien la finance, le premier comme ancien député, rapporteur général du budget, le second ayant une grande expérience des fonds d’investissement.
Leur livre a été écrit suite à deux évènements ayant eu des conséquences sociales considérables, d’abord le mouvement national des gilets jaunes, puis la pandémie du coronavirus, qui a touché le Monde entier.
Si le fil conducteur de cet ouvrage est l’entreprise comme moyen pour favoriser la transformation de la société, en opposition à la toute puissance de l’Etat qui a montré ses limites dans la crise nationale, mais venu au secours de beaucoup pendant la pandémie, la structuration de cet ouvrage, très riche, ne parvient pas à captiver le lecteur, par cette succession incessante de paragraphes juxtaposés, donnant un peu le tournis, et rabâchant beaucoup de choses déjà écrites.
S’il est intéressant de rappeler que le capitalisme est le seul système ayant démontré sa capacité à créer de la valeur économique, ils en rappellent aussi les externalités négatives, qu’il a créées sans savoir les juguler, et donc appellent le capitalisme à se régénérer, en enfonçant un coin important : au moment, où la montée des populismes inquiète, l’entreprise pourrait être le seul lieu de démocratie sociale, à condition qu’elle se modernise grandement. Il y a beaucoup de redites, et quelques naïvetés, avant d’arriver au chapitre le plus intéressant, qui parle de l’entreprise cohésive, l’idée étant de changer le partage de la valeur.
Rien de révolutionnaire, car déjà largement éprouvé, dans les pays de l’Europe du Nord, mais qui pour des raisons historiques et culturelles, n’arrivent pas à se mettre en place en France.
De quoi parle-t-on ? De deux grandes idées dont on parle depuis 50 ans, l’intéressement et la participation, bien sûr, mais aussi l’association des salariés au processus de décision dans les Conseils d’administration, et l’actionnariat des salariés. Si cela existe, très timidement dans les grands groupes, dont quelques sociétés du CAC40, on n’en trouve que très peu d’exemples dans les PME ou les ETI, qui sont pourtant la force vive de l’industrie. Si la communication sur le partage est bien rôdée, la réalité est tout autre.
C’est un sujet éminemment politique, car il s’agit d’arriver à ce que le partage de la valeur créée se situe au plus prêt de sa création, l’entreprise, et non par l’Etat, via des taxes et impôts de toute nature, qui rendent le système difficilement lisible et très cher. Toute la révolution copernicienne proposée est basée sur la confiance, et le meilleur atout est le dialogue social dont on connaît les limites en France. Comment peut-il en être autrement, quand on compare France et Allemagne. Dès 1947, le Mitbestimmung (loi de codétermination), prévoyait une stricte parité entre les représentants des salariés et des actionnaires au sein des Conseils de surveillance pour les entreprises de plus de 1000 salariés. En France la loi Pacte vient de faire passer de 1 à 2, le nombre d’administrateurs salariés pour les entreprises de plus de 1000 salariés ! Evidemment, ces chiffres ont une traduction, en termes de formation à l’économie et de bonne gouvernance. Le chemin est long, la pente raide, mais indispensable à parcourir et gravir dans une économie mondialisée.
Patrick MAGNE
Batoul Hassoun est la Directrice Générale d’Ogilvy Consulting, l’activité de conseil en stratégie et innovation née au sein du groupe Ogilvy, premier réseau créatif mondial.
Nathalie Rastoin est aujourd’hui Senior Advisor au sein de WPP et a été la présidente d’Ogilvy.
La révolution numérique et plus récemment le COVID-19 nous obligent à nous transformer. L’entreprise, elle aussi, doit se réinventer sans cesse. Toutefois, elle rencontre bien souvent un obstacle sur son chemin, à l’origine de l’échec de 70% des plans de transformation.
Comme le disait Mohamed Ali : « Ce n’est pas la montagne à gravir qui va t’empêcher d’avancer, c’est le caillou dans la chaussure ». Si l’obstacle, le caillou dans la chaussure, était en fait le facteur humain, considéré bien souvent comme un frein au changement.Les auteurs prennent une autre perspective : et, si en fait, l’humain rend possible la transformation. L’entreprise ne saurait donc ignorer le facteur humain. Au travers des pages, nous parcourons ainsi un chemin en trois étapes (individuelle, collective et sociétale) soulignant à chaque fois le rôle majeur de l’émotionnel. Humain, trop humain peut-être, mais suffisamment pour amorcer le changement.
Un livre instructif, truffé d’exemples concrets, qui apporte une nouvelle vision de la stratégie d’entreprise.
F.ANGLES
Cette nouvelle parution collective rassemble les plumes les plus éminentes et expertes de ces domaines , douloureusement impactés par la pandémie portée par la Covid -19 . Iil est vrai que cette crise inédite méritait au plan de l ‘analyse comme de celui de l’action pour la sortie de crise, une synergie sans doute inégalée par temps de paix : « un choc imprévisible et majeur avec des effets lourds pour tous les pays européens et , face à ce choc une réponse rapide et convergente des autorités publiques est à l’oeuvre », précise d’emblée le gouverneur FrancoisVilleroy de Galhau. Mais le premier prix à payer ( probablement pas le dernier ) est celui d’une hausse significative de l ‘endettement public dont il faudra, lorsque la France aura retrouvé le niveau d’ activité d’avant crise, retrouver une indispensable trajectoire de désendettement.
Grace à une mobilisation historique « du policymix » de l’Europe, le soutien de la BCE comme l’avancée majeure du plan de relance européen, les effets négatifs sur la croissance ont été amortis, et constituent l’ ébauche d’une réelle politique budgétaire commune. Le secteur financier a bien résisté, mais il doit « être plus rentable et durable » : renforcer la solidité des entreprises pour assurer la solidité du système bancaire confronté aux défis de la rentabilité , de la solvabilité et de la régulation ( Bâle III) comme de la digitalisation. Mais l’autre grand enjeu restera celui de la place majeure que devra prendre le système financier dans la lutte contre le réchauffement climatique. Comme le démontrent les éminents contributeurs des cinq chapitres de cette parution en tous points exceptionnelle et très documentée, l’avenir de la sortie de crise s’inscrit « sur une ligne de crête étroite , entre confiance et vigilance », pour sécuriser les institutions financières en leur permettant de rester résolument dans leur mission au service de l’intérêt général.
Plus que jamais, l’intermédiation financière adossée à ce gisement des 90 milliards d’épargne supplémentaire amassée au cours de la crise et d’un autre coté, les dizaine de milliards e besoins additionnels en fonds propres des entreprises , devra faire preuve d’imagination et d’innovation. : « La barre reste haute » pour ,à la fois , servir la reconstruction ,réorienter l’épargne ,sans pour autant exposer les épargnants à des risques qu’ ils comprennent peu et qu’ ils ne souhaitent pas ,sauf rares exceptions, en tout cas assumer. Comme le démontrent Olivier Pastré et Christian de Boissieu ,les risques de cette nouvelle crise , compliqués par une dynamique différenciée entre secteurs, va très au elà d’un nouveau débat sur la régulation des banques comme en 2008 , l’opinion commence à comprendre qu’elles sont non pas le « problème mais la solution ». Ces nouveaux risques touchent au climat , aux délocalisations comme à la globalisation. Les effets géopolitiques seront majeurs ( Usa – Chine – Europe -ASIE) avec la tentation récurrente de chercher un bouc émissaire.
Le monde de l’ après Covid pourrait être celui de la multiplication des conflits , entre Etats et Gafam par exemple, mais aussi sociaux ou professionnels pouvant conduire vers un capitalisme plus dur , touchant au partage des revenus , à la concurrence fiscale, aux délocalisations vers les pays à faibles coûts salariaux comme sur le sujet de la transition énergétique . Au total souligne le Président du Cercle des Economistes , Jean Hervé Lorenzi «la croissance potentielle, le recul de l’investissement des entreprises et la perte de capital humain seront largement menacé ». Aussi rien n’est plus important pour relever tous ces défis que chaque acteur joue pleinement son rôle et e plus efficacement possible et que le système financier , au sens large , redevienne résilient et réactif .
Des regards croisés qui éclairent lumineusement » l’ après crise Covid ».
Jean- Louis CHAMBON
« Mort au néo-libéralisme, vive le libéralisme ! », ce pourrait être le second titre de ce livre.
« Ayant traversé d’autres crises », l’auteur s’inquiète des possibilités à aborder celle-ci alors que les dirigeants n’ont pas encore admis les causes réelles et profondes des précédentes. « Toute erreur sur l’ampleur et l’orientation d’un phénomène économique constituant une faute grave de jugement, R.Rosello fonde son raisonnement sur un nombre limité de faits, de chiffres, de données et de dates « pour éviter la confusion, prendre du recul et envisager l’avenir . Les théories en vogue ne sont plus adaptées ni pour analyser les problèmes qui se posent ni pour les résoudre. Les algorithmes gagnent chaque mois en fiabilité mais elles ne sont qu’une partie de la solution. Pour autant qu’ils se fondent sur l’idée d’un retour à la croissance souhaitable ». Selon, lui, l’auteur se garde bien de faire une analyse idéologique mais de terrain. Pas certain toutefois, à la lecture de l’introduction qui se termine par : « la croissance est devenue une foi intégriste refusant les faits avérés de la métamorphose ». Vous avez dit : foi contre foi ?
La forme du livre sort du cadre habituel. La pensée n’est pas présentée en parties et chapitres rigoureusement ordonnés au service du cheminement de la pensée mais selon l’énoncé de 26 notions allant de « Briser les tabous du monde » à « quelques suggestions pratiques » en passant par « démasquer la fausse croissance » et « ya t il une racine à la déliquescence actuelle ? ». Le credo repose sur les deux conditions suivantes : « l’ objectif de l’intervention publique est de soutenir l’activité sans être obsédé par la croissance, et qu’elle soit temporaire et ne devienne pas une perfusion permanente ».
D.CHESNEAU
« L’ancien monde », aux pieds d’argile craque et les de désenchantements prospèrent . Aussi, « ..laissons aux sceptiques et aux cyniques dont l’horizon se limite aux réalités évidentes cet « ancien monde » et, pour le « nouveau monde » , recherchons ces hommes capables d imaginer ce qui n’a jamais existé. Face aux dégâts collatéraux de la croissance, aux réseaux numériques de plus en plus intelligents et aux mailles de plus en plus fines , quel nouveau monde est -il possible d’inventer ?
« Un monde pour tous et tous pour un autre monde… »… autour d’un principe de subsidiarité où l’Etat serait le chef d’orchestre du développement multi-acteurs . Telle est la conviction de l’auteur qu’il sait faire partager avec brio. IL expose les graves atteintes, peut être irrémédiables, au capital naturel dont nous avons hérité ( pollutions , diminution de la biodiversité , gaz à effet de serre , réchauffement climatique , etc) , mais aussi les inégalités sociales ,mises d’autant plus en évidence avec la crise du Covid . il s’interroge en outre sur la finalité humaine et sociale de cette croissance qui, après s’ être appuyée sur la production s’est pérennisée par une consommation exacerbée, devenue religion . elle est accompagnée de surcroît d’une surveillance de masse de plus en plus visible via l’ intelligence artificielle, les réseaux sociaux , les Gafa etc…
Enfin, les logiciels complexes qui sont à l’ œuvre ,posent la question de leur vulnérabilité ( pannes géantes , cyber -attaques etc) avec en perspective des données démographiques qui selon l’ ONU vont faire progresser la population mondiale vers les 10 milliards de terriens à l’ horizon de ce siècle. Ce nouveau brillant essai d’un auteur reconnu unanimement par ses pairs en tant que grand expert du numérique et de la planification, propose une synthèse des situations et des orientations actuelles en présentant les actions engagées aux plans, regional, national ou international , pour : « .. répondre aux défis d’aujourd’hui et de demain ».
Mais le grand mérite de jean- Michel Treille reste de savoir dépasser le simple constat de l’existant( qui généralement se présente comme le mur infranchissable de nombre d’observateurs) , pour proposer des pistes « ..pour définir et piloter sur objectifs des organisations subsidiaires appliquant des politiques « multi-acteurs , en pleine responsabilité.. cet ouvrage est particulièrement bien documenté et porteur de réflexions de long terme d’ une pertinence. Sans doute aurait- t-il pu comprendre un chapitre sur la résistance de la société française au changement , son addiction à la dépense publique et sur l’ archipélisation » qui parait être à l’œuvre . Ce qui pourrait constituer une excellente suggestion pour son prochain ouvrage ! Comme le suggérait KANT , interpellé par La révolution Française de 1789 , jean Michel Treille éclaire de ses réflexions les trois questions fondamentales qui se posent fa à chaque « grand basculement » de l’ histoire du monde :
« .. que puis-je savoir ?, que dois-je faire ? que m’ est- il permis d’espérer ?
Ses réponses constituent l’une des grande richesses de ce nouvel essai : « … Nous n’avons certainement pas suffisamment anticipé le grand chambardement , la redistribution des cartes induits par les développements de la société de l’information et pas compris , qu’ il était essentiel pour construire un Autre MONDE d’imaginer , de planifier notre futur et de piloter sur objectifs tous les acteurs concernés… » .
Cette recherche du nouveau monde qu’ envisage si élégamment Jean Michel TREILLE n’ est en rien celle du « temps perdu » immortalisée par Marcel Proust , car l’ avenir qu’ il nous propose reste entre nos mains ….si nous le voulons vraiment .
L’auteur : entrepreneur , enseignant responsable notamment de séminaires à l’école de guerre économique ( EGE° ancien membre du Commissariat général du Plan ),secrétaire général de la COPEP ( commission permanente de l’Electronique du plan), il participa à la préparation du VI e Plan et des politiques à l’ origine de la société du Numérique. Auteur de nombreux ouvrages ; lauréat du Prix turgot en 2013 pour les « clès de l’ avenir » et notamment « la révolution numérique « chez Ovadia en 2016.
Jean louis CHAMBON
Le livre de mémoires du juge d’instruction le plus célèbre de France mérite une lecture attentive, car il relate notamment son expérience en matières d’affaires financières. Il analyse les montages juridiques, fiscaux et financiers, le plus souvent complexes et internationaux, qui ont été mis en place au cours des quarante dernières années dans le cadre des affaires politico-financières Urba, Mairie de Paris, France-Afrique d’Elf, des frégates de Taiwan, Clearstream… Il recense les paradis fiscaux européens (Suisse, Lichtenstein, Luxembourg, Monaco, iles anglo-normandes, Chypre, pays baltes, Gibraltar) et il constate que malgré l’appel de Genève en vue de leur éradication, qu’il a lancé en 1996 avec six autres juges européens, peu de progrès significatifs ont été réalisés. Il montre les rôles exercés par certaines banques dans les circuits de fuite de capitaux, de fraude fiscale et de blanchiment d’argent sale. L’auteur dénonce également les pressions dont il a été constamment l’objet de la part des milieux politiques et d’affaires. Il regrette certains battages médiatiques et manœuvres de collègues. Il prône une réforme de la justice française destinée à mieux assurer l’indépendance du parquet et à éviter le corporatisme. Ces mémoires d’un juriste sont donc aussi une magistrale leçon de finance… de l’ombre, et une balzacienne peinture des mœurs de la société contemporaine.
J-J.PLUCHART
Le dernier livre de Mario Vargas Llosa nous livre un authentique et vibrant hommage au libéralisme économique et social. Prix Nobel de littérature et candidat malheureux à la présidence du Pérou, il retrace son itinéraire politique depuis les années 1950, qui l’ont progressivement conduit du marxisme orthodoxe au libéralisme de l’Ecole autrichienne. Son long parcours intellectuel est jalonné de rencontres mémorables avec plusieurs maîtres penseurs de l’économie libérale. Il résume magistralement leurs pensées en les illustrant d’anecdotes éclairantes. Il met notamment en lumière le caractère actuel des leçons administrées par ses illustres inspirateurs. Face à la montée des populismes et des extrémismes, il craint que les citoyens écoutent à nouveau « l’appel de la tribu » et renouent avec les instincts grégaires et les quêtes d’utopies des peuples primitifs ou des européens des années 1930. Apparemment disparates, les sept œuvres analysées par Vargas Llosa présentent toutefois une étonnante unité.
Adam Smith, professeur à Glasgow, est le père fondateur du libéralisme, mais il est surtout un philosophe moral du Siècle des Lumières, auteur notamment d’une « théorie des sentiments moraux ». Vargas Llosa décrit avec vivacité la surprise des marchands et des paysans anglais qui découvrirent, lors de la parution du livre « la richesse des nations », que leur travail contribuait au bien commun grâce à la « main invisible du marché ».
Ortéga y Gasset est également salué par Vargas Llosa pour ses prises de positions démocratiques face à la montée des fascismes, des extrémismes et des nationalismes. Face aux désordres des marchés, il fut un des premiers à craindre la révolte des masses populaires contre les élites politiques et industrielles au sein de la société occidentale.
Friedrich Hayek, élève de Menger et professeur de Karl Popper, fondateur de la Société du Mont Pèlerin, est le principal inspirateur des politiques libérales conduites au cours des années 1970 par Thatcher et Reagan. Face à la montée des inégalités sociales, il a rejeté la planification car elle ralentit les échanges et l’innovation. Opposé à l’Etat-providence keynésien, il défend l’ordre spontané du marché, face à un « constructivisme régulateur ».
Karl Popper, professeur de logique à la London School of Economics, est célèbre pour avoir été l ’auteur du concept de « réfutabilité » des théories scientifiques, mais il a également été un des critiques les plus virulents de « l’historicité », qui confère un sens à l’histoire économique et un déterminisme à ses événements. Vargas Llosa relate avec émotion la violente controverse sur ce thème entre Popper et Wittgenstein le 25 octobre 1946.
Isaiah Berlin, professeur de sciences politiques à Oxford, défend un esprit de tolérance et une éthique pluraliste face aux « vérités contradictoires » contemporaines en matière économique et sociale. Il dénonce les multiples formes de dictature et d’ingérence exercées par les Etats au nom de la sécurité et de la liberté des peuples.
Raymond Aron est qualifié par Vargas Llosa « d’incorrigible libéral » et de « meilleur disciple de Montesquieu et de Tocqueville ». Il a été un défenseur infatigable de la démocratie face à la dictature, de la tolérance face au dogmatisme, mais il s’est exprimé à une époque où « il fallait mieux avoir tort avec Sartre que raison avec Aron ». Il a déconstruit la pensée existentialiste dans son livre sur « l’opium des intellectuels » et donné « 18 leçons (magistrales) sur l’économie industrielle », qui sont toujours d’actualité.
Jean-François Revel est considéré par Vargas Llosa, comme étant le digne héritier des penseurs précédents. Il ne lui trouve pas actuellement de successeur. Revel est salué pour son magister moral et sa dénonciation de « la trahison des clercs », ainsi que de la « connaissance inutile » de la nouvelle philosophie.
Il revient donc à Mario Vargas Llosa, qui est un des meilleurs auteurs de la littérature mondiale, d’avoir donné une grande leçon d’économie libérale aux milieux politiques et économiques actuellement confrontés à la sortie de la crise pandémique.
J-J.PLUCHART
Pierre Veltz s’interroge sur la mutation actuelle de la « société hyper-industrielle », engendrée à la fois par la responsabilisation sociale et environnementale des entreprises et par la crise pandémique. Il se demande si cette évolution ne conduit pas à une impasse, dans la mesure où certains fondamentaux de « l’économie verte » ne sont pas clairement définis. Il constate que les moteurs et les indicateurs de l’activité productive sont toujours la création de valeur financière pour les actionnaires. Les leviers de la santé, de l’éducation, de la culture et du bien-être ne sont pas valorisés, sinon seulement comme des charges ou des facteurs indirects de productivité.
L’auteur plaide en faveur de l’émergence de nouveaux « cadres structurés » – d’une nouvelle « grammaire productive » – fondée sur des valeurs à la fois financières et extra-financières. Il prône une recherche de cohérence entre les économies micro (l’entreprise) et macro (la société). Il déplore que les seuls indicateurs officiels mesurant les impacts de la pandémie, soient la chute du PIB (qui cumule des valeurs ajoutées comptables), les faillites d’entreprises et les pertes d’emplois. Il appelle donc à une refondation du paradigme socio-économique qui régit la société humaine.
Pierre Veltz (X-Mines) est ingénieur et sociologue. Il préside l’établissement public Paris Saclay. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont La société hyper-industrielle, Le nouveau capitalisme productif , Eds du Seuil, 2017.
J-J.PLUCHART
Ouvrage absolument remarquable, clair, concis, pédagogique et d’une lecture aisée. Il remet en cause, en profondeur tous les paradigmes de la pensée économique conventionnelle ainsi que les remèdes inadaptés que proposent les gouvernements. Les remèdes proposés pour sortir de la crise tant environnementale que sanitaire, migratoire ou financière reposent sur une vision classique, productiviste. La mesure globalisante du PNB ou, plus encore, du PNB Par tête, ne prend pas en compte des leviers fondamentaux, tels que La valeur d’usage des biens, les capacités de réutilisation et de recyclage des biens et services usagés. Combien de services ou biens peu utilisés mériteraient un usage Collectif. Pourquoi ne pas mesurer le coût de la rupture de la chaîne de valeur dans des domaines aussi fondamentaux que la santé. Il faut donc recentrer nos politiques économique, sociale et environnementale sur une vision plus humaniste des besoins de l’homme plus que sur un PNB globalisant. L’auteur propose des pistes concrètes telles que la relocalisation de maillons stratégiques de la chaîne de valeur, par exemple dans le domaine de la santé.
D.MOLHO
« La vérité n’est pas absolue, c’est une méthode. Elle relève d’une construction sociale.
Mais l’appauvrissement du langage ne simplifie pas les choses. Elle n’est pas une opinion fermée et ne peut exister sans espace public, d’où émerge la solution crédible. »
C’est maintenant ou jamais qu’il faut sonner le tocsin pour éviter le cauchemar. Pas une année en positif depuis 45 ans !
La procrastination des réformes conduit à la mise à l’arrêt de notre économie et nous cloue en récession.
Trop de crédits, trop de dettes, un milliard par jour, et 200 milliards rien que pour la crise sanitaire.
Notre déficit commercial est passé de 2,2 milliards en 2001 à 68 milliards en 2021. Notre industrie est à la traîne.
Cet ouvrage exigeant est un assaut ! Il est, pour le dire vite, d’une réflexion coruscante.
Le propos est charpenté, jonché de comparaisons et d’éléments très éclairants, riche de données et d’arguments exigeants sur ce qui nous plombe.
La clé pour sortir de cette situation, passe par une politique qui encouragerait à la fois l’investissement des ménages et celui des entreprises.
Mais, au-delà de nos finances publiques, l’opus se clôt par une interrogation d’importance, celle de notre souveraineté.
Si nous voulons rester éloignés des plates-bandes du FMI, il va falloir appliquer ce qui marche ailleurs.
Nous ne pouvons rester le « free rider » des bons gestionnaires de l’Europe du nord !
Cet essai propose un plan en trois phases de notre désendettement et du cantonnement de la dette Covid.
Si on a confiance dans la raison et le débat libre et raisonné, on peut progresser. Un peuple qui ne peut plus rien croire ne peut se faire une opinion.
La pseudologie n’est pas sans limite ; c’est une affaire de véracité !
Agnès Verdier-Molinié est directrice de la Fondation IFRAP, think-tank indépendant qui évalue les politiques publiques. Les travaux de la Fondation se retrouvent désormais au cœur du débat public.
Elle a publié plusieurs best-sellers dont 60 milliards d’économies ! et On va dans le mur…
F.GODET DESMARAIS
A l’instar de ses précédents ouvrages, l’auteure s’interroge sur la capacité de l’économie française à faire face à la fois au désendettement public, au rééquilibrage budgétaire, à la restauration du commerce extérieur, à la réindustrialisation du pays…, alors que ce dernier est déjà un « enfer fiscal », est engagé dans la lutte contre le réchauffement climatique et est de plus en plus menacé par l’inflation et la hausse des taux d’intérêt. Ces questions sont d’autant plus dérangeantes qu’elles sont posées par un nombre croissant de leaders politiques et d’experts économiques. Se référant au rapport Arthuis, l’auteure mesure avec précision la portée des menaces pesant sur l’économie française qu’elle compare à celles des autres pays européens. Elle s’inquiète notamment de la part croissante de la Chine dans l’approvisionnement de la France mais aussi dans le financement de sa dette. Elle propose un ensemble de solutions – dans l’ensemble classiques – passant par une réforme des institutions, une décentralisation de l’Etat, un cantonnement (mais pas une annulation) de la dette publique, un report à 65 ans de l’âge de la retraite.
Le dernier livre d’Agnès Verdier-Moliniḗ a le mérite de bien traduire le désarroi de la plupart des français et de leurs voisins, mais aussi d’un gouvernement confronté à une échéance électorale capitale. Elle a conscience qu’un redressement n’est possible que si deux conditions sont réunies : une prise de conscience collective de la gravité de la situation et une nouvelle volonté politique.
J-J. PLUCHART
La France, l’Europe, le monde ont connu un ébranlement, un choc, une crise imprévisible et sans précédent. Cette pandémie est venue s’inscrire dans un monde déjà très chaotique. Crise des subprimes, crise de l’Euro, crise des dettes souveraines, attentats, Brexit, élection de Donald Trump. Cet amoncellement d’incertitudes a miné la confiance dans l’économie.
Les gouvernements, les banques centrales se sont mobilisés de façon exceptionnelle. Mais le temps de la reconstruction arrive et avec elle la restauration de la confiance sera primordiale. Car les interrogations sont légitimes. Si la banque centrale peut créer, aussi facilement en quelques heures, des montagnes d’argent, pourquoi ne l’a t-elle pas fait avant et pourquoi rembourser ?
Pour le gouverneur de la Banque de France cela passera par plus d’Europe, par l’unité et la souveraineté de l’Euro. Sans rêver d’Europe fédérale, l’auteur milite pour une coordination des politiques économiques, un budget commun, un ministre des finances européen, une stratégie européenne d’investissement. Mais cette Europe unie, ne se fera qu’à travers des modèles sociaux qui ne sont pas antagonistes et cela nécessitera d’amplifier les réformes structurelles en France.
Dans ce livre, François Villeroy de Galhau, démontre comment l’économie peut être au service des hommes afin de « réinventer » notre modèle, pour une croissance plus juste, plus durable pour lutter contre le fléau des inégalités avec l’éducation comme fondement.
François Villeroy de Galhau est gouverneur de la Banque de France
Philippe ALEZARD